Recrutement : Comment Lacq Plus veut attirer des candidats vers la chimie - Premium

Quel est l'état actuel des besoins en recrutement sur le bassin de Lacq ?Guillaume Laussel : Globalement, le bassin a vécu l’âge d’or du gaz jusqu'au début des années 2010. Il y a ensuite eu une période de désindustrialisation avec l’arrêt de l’activité de Total. Aujourd’hui, on est dans une période de redéveloppement industriel du bassin. Des projets comme M2I, Toray, Alpha Chitin, Elyse Energy, Caremag… et même la plateforme logistique de Lidl, même s’il ne s’agit pas d’un projet industriel, ont de gros besoins de recrutement. Il y a l’ensemble de la structure à mettre en place, qu’elle soit technique, tertiaire, logistique… on aura besoin de comptables comme de conducteurs de lignes, de caristes, d’opérateurs de maintenance… Si on rajoute à ça une pyramide des âges dans les entreprises qui fait qu’il va bientôt y avoir beaucoup de monde à remplacer, et un taux de chômage très bas, tout concourt à faire du salariat industriel un vrai enjeu sur le bassin.La fin de l'âge d'or du gaz a été synonyme de plusieurs milliers d'emplois perdus. N'est-ce pas un vivier de candidats potentiels aujourd'hui ?Nathalie Stalin-Jaballah : Une partie de ces personnes était en bout de carrière, on ne les a pas revues sur le bassin. Une autre a réussi à intégrer d’autres entreprises, il y a eu des reconversions.Partenariat formation avec France TravailDe quels instruments disposez-vous ?G. L. : Lacq Plus n’est pas décisionnaire, nous accompagnons de façon globale. Notre constat était que certains métiers sont en tension : tuyauterie, électricité… On a mis en place pour la troisième année avec Pôle Emploi, puis France Travail, l’identification des besoins au niveau des adhérents, la mise en place de cursus de formation. Nous travaillons avec France Travail pour identifier, dans les populations cherchant un emploi, celles qui peuvent intégrer ces cursus, avec l’objectif que chaque personne en formation ait ensuite un CDI ou un CDD d’au moins un an dans une entreprise du bassin de Lacq. Nous avons un gros millier d’emplois à pourvoir. La modeste contribution que l’on a pu apporter au niveau de Lacq Plus, c’est 50 emplois créés ces trois dernières années, avec des personnes qui n’étaient pas issues du milieu industriel. C’était une réponse pour certains sujets. Maintenant, vu les besoins, on ne saura pas les couvrir seuls.Comment faire pour passer la vitesse supérieure ? G. L. : C’est l’objet de notre convention avec France Travail - aller chercher les candidats plus loin.N. S-J. : Nous travaillons aussi à une vidéo sur l’attractivité du bassin, pour pouvoir aller toucher des régions plus lointaines. G. L. : Malheureusement, les métiers de l’industrie n’ont pas bonne presse. Aujourd’hui, l’industrie se transforme, la pénibilité, les conditions de travail ont évolué, les salaires sont plutôt corrects. On a besoin de travailler pour que l’image de l’industrie s’améliore. N. S-J. : Nous avons des partenariats avec l’éducation nationale - on va dans les lycées, collèges, on est partenaires du CLEE [ndlr, Comité Local École Entreprise] de la Zap [ndlr, Zone d’Animation Pédagogique] des Gaves. G. L. : Tout le monde est demandeur de ces échanges. Nos partenaires sont intéressés pour sensibiliser les enseignants. On organise depuis presque dix ans un Lacq Tour : dans le cadre de la semaine de l’industrie, on fait visiter les usines à des professeurs, des conseillers d’orientation, des conseillers France Travail… Il y a dix ans, on avait créé à Lacq Plus un « Guide des métiers » qui recense les 64 métiers du bassin de Lacq. Sa dernière version date de 2016, on a le projet de le mettre à jour, il faut remettre à jour les cursus, les rémunérations… on veut aussi le numériser, y ajouter des vidéos.N. S-J. : Le Guide des métiers est dans chaque lycée du département. Malheureusement, on se rend compte que dès que l’on dépasse Lescar, le bassin de Lacq n'est pas particulièrement connu, il y a un véritable travail d’information à faire. G. L. : On intervient aussi avec le carrefour des métiers, le forum de l’emploi, la nuit de l’orientation… l’objectif est de toucher les jeunes, mais aussi leurs parents, qui sont sinon prescripteurs, du moins accompagnateurs des choix d'orientation. On se rattache aussi à toutes les initiatives qui sont menées, que ce soit par la CCLO, France Travail, Territoire d’industrie… on est le lien entre les porteurs d’initiatives et les acteurs du bassin.À lire également - Quels sont les besoins en main-d'œuvre, en Nouvelle-Aquitaine ? L’offre de formation est-elle suffisante pour répondre aux besoins ? N. S-J. : La situation est très bonne, il y a toutes les formations nécessaires et elles ont la capacité de répondre à tous les besoins. Nous avons le lycée de Mourenx, différents organismes de reconversion professionnelle, le lycée Saint-Cricq de Pau, l’UPPA… Le territoire est très dynamique sur la formation. G. L. : Il y a aussi le projet de campus des métiers, porté par la cité scolaire de Mourenx, qui va s’orienter vers les métiers de la chimie verte. Le décarboné, la chimie verte… ce sont des défis qui peuvent intéresser les jeunes.« Si on arrive à ramener des gens en Béarn, ce sera de toute façon bénéfique pour tout le monde. »L’industrie chimique n’est pas la seule filière à être très en demande de candidats, c’est aussi le cas de la filière aéronautique et de la métallurgie. Y-a-t-il concurrence pour attirer les talents ?N. S-J. : Nous sommes en lien, plutôt qu’en concurrence. L’UIMM fait partie de la commission emploi-formation. Comme France Chimie et l’UIMM, on propose une diversité de postes. On est en partenariat sur certaines actions, et nous voulons jouer collectif. G. L. : Si on arrive à ramener des gens en Béarn, ce sera de toute façon bénéfique pour tout le monde. On n’est en concurrence avec personne. N. S-J. : Et parmi nos 110 adhérents on n’a pas que des gens de la chimie, on a aussi tous les métiers industriels è tuyauterie, usinage… avec des métiers qui sont sensiblement les mêmes.Vous parlez de « ramener des gens en Béarn », est-ce aussi une piste pour résoudre les problèmes de recrutement ? G. L. : Nous avons déjà un certain nombre de premiers contacts, notamment avec l’association « Du Béarn aux Grandes Ecoles », qui nous permet d’avoir un lien avec les Béarnais formés dans les grandes écoles et pourquoi pas les faire revenir dans le Béarn. Mais nous-mêmes, nous sommes plus limités pour aller toucher des régions dans lesquelles le chômage est plus élevé. C’est pour cela qu’il faudra d’autres leviers.N. S-J. : C’est un domaine où l’on ne pourra pas tout porter, les gens qui viennent doivent pouvoir se loger, trouver des écoles pour leurs enfants… tout ça ne relève pas de nos compétences.La perspective d’un emploi stable, en CDI, d’un salaire correct, est un élément d’attractivité très puissant pour les métiers de l’industrie… G. L. : Toutes les personnes que l’on prend en formation ont été au préalable identifiées par une entreprise du bassin qui s’engage à les embaucher ensuite. Sur les 50 personnes qui ont suivi notre programme, il n’y en a que deux qui ont quitté leurs entreprises. N. S-J. : La chimie est très attractive en matière de salaire. Toutes ces initiatives vont-elles permettre d’anticiper les futurs besoins en main-d’œuvre du bassin de Lacq, ou bien ont-elles plutôt vocation à accompagner les besoins actuels ? G. L. : Jusqu’à maintenant, ça a permis à l’ensemble des acteurs du bassin de pouvoir travailler. Non sans difficulté, car il y a des métiers en tension mais ça n’a pas nui à l’activité. Mais les enjeux qui arrivent là, pourraient avoir un tout autre impact.

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