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Pourquoi les agriculteurs « se sont trompés de cible » selon le maire de Bassens

Écosystème
mardi 26 novembre 2024

Le maire de Bassens annonce déjà que la facture des « saccages » sera élevée. Crédit : Alexandre Rubio LinkedIn

Les agriculteurs de la Coordination rurale, pour bloquer les installations du port de Bordeaux, ont « saccagé » l'espace public. Le maire de Bassens a partagé son désarroi et précisé les conséquences mais n'a pas déposé plainte. Pour le moment.

En fin de semaine dernière, le syndicat agricole Coordination Rurale a manifesté sa colère en voulant bloquer le port de Bordeaux, symbole, pour eux, de l'importation de céréales. Les agriculteurs lot-et-garonnais et girondins sont restés 36 heures, du mercredi 20 au vendredi 22 novembre. Ils ont « saccagé » l'espace public. Le maire, Alexandre Rubio, n'a « pas encore » déposé plainte. « J'y suis pour ma part favorable. J'en ai parlé au préfet. On prendra une décision dans les jours qui viennent. »

Le terminal céréalier du port bordelais se situe sur la commune de Bassens. C'est donc là que l'espace public a subi des dégâts. Le revêtement d’une partie de la chaussée pourrait avoir été abîmé. Dans un post sur LinkedIn, le maire de la ville, Alexandre Rubio, dresse le bilan des dommages. « Dépôts sauvages, tas de terre, pneus brûlés, dépôts de bois, blocs béton arrachés, signalisations détériorées, feux à proximité de sites sensibles, espaces publics vandalisés, merlons de protection contre inondations endommagés », liste-t-il. « La tâche qu'il nous reste à accomplir pour nettoyer et réparer est énorme, malgré l'incroyable mobilisation de nos agents publics », précise-t-il.

Le coût de la colère

« Nous communiquerons ensuite le coût de ces 36 heures pour que chacun prenne bien conscience des conséquences », promet Alexandre Rubio. Le coût de la colère promet de se chiffrer à plusieurs centaines de milliers d'euros. Au printemps dernier, la facture nécessaire à remettre en état le miroir d'eau à Bordeaux, abîmé par du lisier déversé, s'élevait à environ 400.000 euros. La mairie de Bordeaux avait dépose plainte contre X. Vinci Autoroutes, gestionnaire de l’A62 qui avait été bloquée par des manifestants entre Agen et Montauban, avait, elle aussi, annoncé déposer plainte. En revanche, la préfecture de Lot-et-Garonne (fief de la Coordination Rurale), qui avait été ciblée par la Coordination rurale fin janvier, avait annoncé, mi-février, ne pas porter plainte.

Le maire de Bassens, pour le moment, se montre pédagogue sans cacher son désarroi. Mais il brandit les chiffres.

Un port (aussi) exportateur

Alexandre Rubio est également président du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB). Avec l'Union maritime du port de Bordeaux, les industriels qui utilisent le foncier de la zone industrialo-portuaire, il explique les raisons de sa colère. « Ce n'est pas en dégradant notre commune, en nous mettant en danger parfois comme ils l'ont fait, qu'ils auront défendu justement la cause qui est la leur et que nous continuons cependant de partager, écrit-il. C'est difficile à comprendre aussi. Il y a là une forme d'injustice irresponsable, une forme de manque de respect d'un territoire qui leur est manifestement étranger. » Il assure que les agriculteurs de la CR « se sont trompés de cible ».

Il évoque l'injustice car le port de Bordeaux exporte les céréales des agriculteurs de son hinterland. Et il n'importe que des céréales qui servent à la fabrication d'huiles. « Les seules importations réalisées à Bordeaux concernent les graines oléagineuses solides utilisées pour la trituration, et uniquement en complément de la production locale » rappelle le GPMB. Le maïs, le blé, l'orge et le sorgho produits dans la région sont exportés par bateau via les quais de Bassens. Chaque année, environ 500.000 tonnes de céréales produites dans le Sud-Ouest sont exportées par voie maritime depuis le port de Bordeaux. La filière céréalière est la deuxième du trafic portuaire bordelais : 14% de son trafic global annuel. Les céréales de la région sont exportées majoritairement au Maghreb, en Europe du Sud et au Royaume-Uni. « Ces nouveaux marchés, alliés à la qualité des céréales produites sont la garantie, pour les opérateurs multi-céréaliers, de développer des échanges et des trafics stratégiques pour l’avenir » argue le GPMB.

En 2023, le volume d'exportation des céréales par les navires partant de Bordeaux s'est tassé, à la suite de faibles récoltes. Notamment en maïs. En 2023, le trafic de céréales s'élevait à 300.000 tonnes alors que le rythme de croisière se situe aux environs de 600.000 tonnes.

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