L'International Portugal Business Club veut fédérer la communauté d'affaires portugaise en Béarn - Premium

À quand remonte la création du club ?Charles Lourenço : Le club a été créé en juillet 2014 suite à un constat : il y a à Pau une importante présence de la communauté portugaise et luso-descendante, mais il n’y avait pas d’association d’affaires pour les réunir. Sylvie Gaspar : On parle de 30.000 personnes à Pau et dans l’agglomération. Dans les années 1960, il y avait un fort phénomène d’émigration du Portugal vers la France, l’Angleterre, l’Allemagne… partout où il y avait du travail. Souvent, ils venaient clandestinement, et quand quelqu’un trouvait un filon, il faisait passer à sa suite les gens de son village, de sa région. C’est comme ça que la communauté luso-descendante de Pau vient principalement de la région de Viseu. C. L. : En France, c’était la période du plein-emploi. Les gens qui venaient avaient déjà un employeur qui les attendait. Le bâtiment embauchait beaucoup, et les femmes travaillaient comme femmes de ménage ou cuisinières. Mais souvent, dès qu’ils ont pu, qu’ils ont maîtrisé la langue, ils se remettaient à leur compte et retrouvaient leur métier pré-émigration. S. G. : Ou pas ! Certains voulaient aussi changer leur condition sociale. Jusqu’en 1974 le Portugal était une dictature et la société y était très verrouillée. Emigrer était aussi une forme d’ascenseur social.C'est aujourd'hui la seconde génération qui compose la communauté d'affaires portugaise ?S. G. : Oui. Avant le covid, en 2010-2015, il y a eu une résurgence de la migration et on a vu arriver quelques néo-émigrés. Le Portugal était soumis à un plan de redressement imposé par la BCE, des baisses de salaires… on leur a demandé un gros sacrifice et ça a fait partir beaucoup de gens de 30-40 ans. Aujourd’hui, beaucoup de ces gens-là sont repartis au Portugal. C’est devenu plus difficile de s’adapter, et le coût de la vie n’est pas le même non plus. Un Portugais qui venait dans les années 1960-1970 s’enrichissait. Aujourd’hui, ça n’en vaut pas la peine. Et c’est aussi, peut-être, une génération qui entreprend moins que la précédente.« Des chefs d'entreprise, des entrepreneurs ou des cadres »Plusieurs décennies plus tard, y a-t-il toujours des secteurs d’activité dans lesquels on retrouve plus particulièrement cette communauté ? C. L. : Encore aujourd’hui, les gens pensent que les Portugais sont des carreleurs, des maçons et des femmes de ménage. Mais aujourd’hui, si vous regardez la composition de notre club, nous avons une quarantaine de membres, avec beaucoup d’avocats, de banquiers, de gens qui travaillent dans l’informatique, des assureurs, des notaires… Ce sont souvent des chefs d’entreprise, des entrepreneurs et auto-entrepreneurs, ou des cadres et des professions libérales. L'idée, c’était aussi de fédérer ces différents domaines.Établissez-vous des liens avec le monde des affaires au Portugal ? S. G. : Au début on se réunissait à la CCI de Pau, c’était une volonté de la CCI de nous connaître et d’avoir une représentation de l’environnement économique des Portugais. Ils voulaient avoir des profils différents pour accompagner les entreprises sur notre territoire. Dès qu’il y avait une demande, on avait eu le cas avec une entreprise brésilienne, en deux jours on avait pu présenter la ville, traduire les échanges, lui faire rencontrer un assureur, un banquier… Notre force, c’est de pouvoir mobiliser rapidement quelques membres du club pour pouvoir accompagner la CCI. C. L. : On a aussi des liens avec le consul général honoraire du Portugal ici… On peut activer notre réseau en fonction des besoins.Existe-t-il des liens économiques entre le Béarn et le Portugal ? S. G. : La banque Caixa Geral de Depósitos possède une antenne consacrée au négoce international, qui permet d'accompagner les démarches avec le siège à Lisbonne. Il m’est arrivé, avant covid, de constituer plusieurs dossiers pour les Français qui voulaient s’installer au Portugal ou y acheter des biens. On a aussi des gens qui vont chercher des fournisseurs au Portugal, pour y acheter du liège par exemple. C. L. : Après le covid, nous avons perdu le vol Tarbes-Lisbonne. C’est dommage, nous voulions créer des liens avec les clubs d’affaires français au Portugal. Il nous manque un lien, un vol, qu’il parte de Tarbes ou de Pau, ça faciliterait les échanges et le business. C’est dommage d’être obligés de monter à Bordeaux ou à Toulouse.

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