Aqui O Thermes sur la piste du thermalisme de demain - Premium

« On est sur la mise en place du plan thermal de la filière Nouvelle-Aquitaine qui court jusqu’en 2028 et l’axe qui est peut-être le plus important, c’est tout ce qui concerne l’innovation », pose d’emblée Laurence Delpy, directrice générale d’Aqui O Thermes, le cluster thermal régional. « On se projette vers l’avenir, avec l’idée d’inventer le thermalisme de demain », poursuit-elle. « Aujourd’hui, on peut presque dire que le covid est loin. On voit que de nombreuses stations thermales ont retrouvé leur niveau de 2019, donc on est moins dans la comparaison avec cette période. C’est septembre-octobre la haute saison, donc on attend le gros afflux des curistes, tout est fait pour les accueillir convenablement dans les établissements et, pour l’heure, j’ai de bons retours des établissements thermaux. »Suivre les cures du soir« Ce qu’on est en train de faire au sein de la filière, c’est essayer de travailler les nouveaux programmes », introduit-elle. Certaines choses sont ainsi déjà mises en place, comme les cures du soir, qui sont majoritairement fréquentées par les actifs. « Sur ce volet-là, on essaye de travailler sur un programme thermal avec les hôpitaux de Dax, de Mont-de-Marsan, de Royan, de Saujon, sur un programme spécifique pour les soignants, qui pourrait être adapté aux actifs. » L’idée ? L’inscrire sur 14 jours - d’ailleurs non consécutifs - au lieu de 18 jours. « Ce qui permettrait à des actifs de pouvoir bénéficier des cures thermales, avec l’idée d’améliorer la qualité de vie et, pour les entreprises, d’avoir moins d’absentéisme. »« On est dans un modèle qui mérite d’être revu », abonde Karine Dubourg, directrice de l’Institut du thermalisme. « Trois semaines de cure, est-ce que ça correspond effectivement à la vie des Français, aujourd’hui ? », semblant elle-même répondre en s’interrogeant. « Ça s’adresse plutôt à des gens qui n’ont pas d’activité professionnelle. La moyenne d’âge du curiste, c’est 65 ans. Pourquoi ne pas faire bénéficier de cela à des actifs ? Je suis persuadée que le thermalisme de demain passera par une adaptation de la durée de la cure. » Avant cela, « il faudra faire des études cliniques », rappelle-t-elle, car « toutes les études portent sur les cures de trois semaines. Le président de l’Institut du thermalisme, le professeur Roques, pense qu’une cure peut être efficace à partir de 12 jours consécutifs. Mais il faut le démontrer ». C’est l’objet d’un programme scientifique - le seul en France sur le sujet - mené avec l’Université de Bordeaux et le Laboratoire de bio-pharmaco-épidémiologie, dont découle un protocole justement en phase de test in vivo dans plusieurs établissements thermaux de la région. « Si on le démontre, on aura “des billes” auprès de la Sécu, des élus, collectivités et donneurs d’ordres, pour faire évoluer le modèle. »Vers le thermalisme et au-delàLes stations thermales, en recevant des curistes, pourraient aussi permettre de détecter chez eux, d’autres pathologies ou faiblesses, en ayant accès à d’autres acteurs médicaux. « On va au-delà du thermalisme, en travaillant avec l’École des Mines de Saint-Etienne, avec Tecnalia à Saint-Sébastien et d’autres. » Un premier pas pour faire des stations et établissements thermaux « des living labs, lieux de test et d’innovation, mais aussi quelque chose entre l’hôpital et le SSR [ndlr, les soins de suites et de récupération] ». « Il y a quand même au niveau national une centaine d’établissements qui pourraient se substituer à certaines structures. On ne s’en sert pas assez », milite ainsi Karine Dubourg. Aqui O Thermes veut également combiner le savoir « ancestral » qu’est la médecine thermale, avec celui beaucoup plus moderne qu’offre l’intelligence artificielle. Ainsi du programme de prévention des chutes Prévichute. Ou de celui mené par le consortium Aquapred, qui vise à préserver la ressource (contrôle et prévention des contaminants de l’eau thermale), reposant sur une IA actuellement testée dans les Landes.Dernier axe, actuellement au stade du projet, « presque de l’idée, mais qui est un peu amorcée », autour de la rupture de la solitude. « C’est, je pense une autre vocation du thermalisme. Pour certains curistes, c’est un lieu de sociabilité. Toute communication qu’on va avoir avec d’autres va améliorer la qualité de vie, voire avoir un effet préventif. » À ce titre, un projet a été enclenché avec le Gérontopôle de Nouvelle-Aquitaine, destiné aux seniors isolés, pour leur créer un programme spécifique alliant soins et bien-être thermaux mais aussi activités socialisantes. Une première expérimentation doit avoir lieu au printemps prochain et pour laquelle l’identification est en cours pour le ou les établissements concernés.Une expertise et une capacité d’expérimentation qui donnent à la filière régionale un statut « de référence ». Et suscite, à ce titre, l’intérêt de délégations et partenaires étrangers, comme cette délégation chinoise, en visite début juillet. « On a aidé à concevoir les programmes de formation pour les agents d’un futur établissement dans la province du Yunnan. Mais aussi les programmes pour les médecins, associant médecine thermale et médecine chinoise. Et l’année prochaine, plusieurs personnes suivront le diplôme interuniversitaire de médecine thermale », poursuit-elle. En outre, des programmes de recherche sont envisagés avec ces partenaires chinois, pour « démontrer le service rendu par la cure thermale. Ils vont s’inspirer de nos modèles. Et avec des moyens qu’on n’a pas, nous, en France », s’émerveille-t-elle.

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