Helitracking, l'app dédiée aux secours héliportés, cherche à passer à l'échelle
Depuis Arès, la société AD Waibe édite une application qui modernise et fiabilise la communication lors des missions de secours héliportées. Élaborée au plus près du terrain, Helitracking équipe depuis peu les hélicoptères Dragon de la sécurité civile, et intéresse un nombre grandissant d’acteurs. De quoi donner des ailes à ses fondateurs, rencontrés à l’occasion du Tech’Day de Bordeaux Technowest.
Chute en montagne, nageur emporté par une baïne… la réussite des missions aériennes de recherche et sauvetage tient souvent à la parfaite coordination des différents acteurs impliqués : pilote de l’hélicoptère, plongeur-sauveteur, commandement des opérations de secours. « Et quand un hélico vole à basse altitude, la radio ne passe pas, ce qui signifie que le pilote ne peut plus dialoguer avec le centre qui l’opère, à moins de remonter pour aller chercher le signal », introduit David Arneau, responsable du design center chez Thalès à Mérignac, et fondateur de l’agence Web Ad Waibe, via laquelle il a entrepris d’apporter une réponse à cette problématique de terrain, en association avec un plongeur-sauveteur en poste à l’escadron Pyrénées, basé à Cazaux. « Nous avons identifié le sujet vers 2016. A l’époque, les pilotes utilisaient WhatsApp pour compenser, mais il reste des zones blanches, et ça suppose d’avoir le numéro de téléphone de tout le monde ».
Helitracking prend la forme d’une application mobile, « à mi-chemin entre Waze et WhatsApp » (voir vidéo en haut de page), qu’AD Waibe installe au besoin sur une tablette fournie par le toulousain CLS et équipée d’un modem satellite Iridium, de façon à s’affranchir des problématiques de couverture radio. L’interface se veut la plus opérationnelle possible : elle suggère automatiquement les messages les plus fréquents, et comprend un volet de navigation qui permet au pilote de visualiser sa position et surtout signaler d’éventuels éléments de contexte.
Côté centre de secours ou de commandement, l’application se décline sous la forme d’un portail Web, qui centralise les communications, conserve l’historique, et permet de visualiser en temps réel la position des différents appareils de la flotte. « Nous déployons également une communication point à point entre l’hélico et les équipes au sol, de façon à ce que le lien ne soit jamais perdu », rajoute David Arneau, qui a nourri ses développements de retours terrain de façon à s’assurer de gommer tous les « irritants » susceptibles d’enrayer le bon déroulé d’une mission.
Accompagner le passage à l’échelle
Après quelques années de développement, Helitracking a fait sa preuve de marché : l’application équipe désormais les 30 hélicoptères Dragon de la sécurité civile, en métropole et en outre-mer, ce qui pousse désormais ses concepteurs à envisager de nouveaux développements commerciaux, d’abord dans le secours, mais aussi dans d’autres secteurs, civils ou militaires, impliquant le dialogue permanent entre une équipe distante et un centre d’opérations.
D’où leur présence, le 7 juillet dernier, sur l’événement Tech’Day de Bordeaux Technowest. « Nous faisons déjà partie d’Aerospace Valley, mais nous sommes confrontés à des problématiques d’international ou de capacité à contractualiser avec un état, pour lesquelles nous allons avoir besoin d’aide, ce qui nous fait réfléchir à l’intérêt de rejoindre un parcours d’accompagnement, expose David Arneau. Il y a également un vrai sujet R&D, puisque nous devons anticiper l’obsolescence des solutions que nous utilisons aujourd’hui ». La société, qui réalise environ 200.000 euros de chiffre d’affaires, dispose toutefois de quelques soutiens dans son passage à l’échelle. « CLS nous met par exemple en contact avec des prospects. Thalès nous accompagne également, à la fois en tant que revendeur et que partenaire, mais nous avons besoin de boucler un gros contrat pour passer à l’échelle », confie le fondateur.