La fabrique oloronaise de bérets Laulhère se diversifie

Un œil au sud, sur les sommets pyrénéens, l’autre au nord, sur le faubourg de Montmartre à Paris. Voilà comment on pourrait traduire le mouvement qu’opère la maison Laulhère. Des bonnets et des casquettes Gavroche. La proposition laissera perplexe en Béarn, où le béret (que l’on dit à tort basque) couvre de très nombreuses têtes. Il en couvre d'ailleurs bien d'autres puisque l'entreprise produit pour différents corps d'armée, français et étrangers, et pour des maisons de couture, haute ou en prêt-à-porter.

Quelle mouche a bien pu piquer Rosabelle Forzy, qui a repris l’entreprise en 2014 pour aller sur ces marchés ? Cette diversification peut paraître surprenante. Rosabelle Forzy s’en explique. « Nous fabriquons des bérets depuis de nombreuses années et avons développé un savoir-faire et des compétences quasiment uniques en France. Apposer ces connaissances sur de nouveaux produits est à la fois un projet grisant mais aussi un beau challenge ! Même si nous avons toutes les techniques nécessaires, nous sortons de notre zone de confort et bien sûr, nous espérons que les clients seront au rendez-vous. »

Deux années de recherche et développement

Qui pense que la R&D est réservée à la tech se trompe lourdement. Pour ces deux nouveaux produits, casquettes gavroches et bonnets d'hiver, la maison Laulhère a testé une cinquantaine de modèles et une trentaine de matières avec ses fournisseurs. La fabrique Laulhère, c'est en fait quatre usines en une : un atelier de tricot, un de confection, un de teinture et un d'ennoblissement, qui permet de donner au produit sa tenue. La réputation de la marque imposait un positionnement qualitatif et des matières nobles. Le projet a été engagé il y a deux ans. « Les équipes ont été formées afin d’intégrer un processus d’innovation perpétuelle qui permet de tester chacun des produits sur le long terme. De nouveaux moules 3D ont été créés pour permettre d’atteindre des prix raisonnables et de concurrencer les techniques de « coupé cousu » des pays à bas coûts et à faible protection sociale. »

La stratégie de Laulhère est claire. Sur un marché dominé par des produits venant de loin, cassant les prix et de fait, très peu qualitatifs, la société entend proposer une alternative à des prix raisonnés dont toutes les étapes de fabrication sont françaises. 30.000 euros d'investissement par produit ont été engagés, en recherche développement, fabrication de moules, tests de tenue et de durabilité en laboratoire.

Ethique, durabilité, qualité et accessibilité

Maîtriser en France toutes les étapes de fabrication, de la confection à la teinture. C'est la marque de fabrique de la maison qui cherche, avec ces deux nouveaux produits, à adresser une nouvelle clientèle. 

« Nous sommes conscients que même si le béret est un produit emblématique, une partie des consommateurs qui cherchent des couvre-chefs bien produits et de bonne qualité ne se retrouvent pas dans le béret. C’est dans ce cadre que nous avons décidé d’orienter notre production afin de répondre à une demande existante de personnes qui souhaitent porter des produits fabriqués et teintés en France avec des matières nobles et durables. ».

Diversification prudente, avec pour l'heure, une gamme de couleurs limitée qui, en fonction de la réaction des consommateurs, va s'élargir avec l'atelier de teinture intégré dans la fabrique d'Oloron. L'élargissement progressif de la gamme de produits textiles marqués Laulhère devrait se poursuivre avec la sortie de deux nouveaux produits chaque année. C'est ce qui explique l'embauche de deux nouveaux collaborateurs dédiés à l'innovation des futures collections qui pourraient être suivie d'autres recrutements. Outre sa boutique en ligne, l'entreprise s'est dotée d'une boutique dans la rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris permettant d'adapter sa production oloronaise aux attentes d'une clientèle qui n'est pas que parisienne. 

Maison Laulhère
Création : 1840
Siège : Oloron Sainte-Marie
CA 2022 : 4,8 M€
Effectif : 58 collaborateurs