Tyllt veut inventer la caution 2.0, pour l’économie d’usage - Premium

Il y a ceux qui, constatant un manque ou une carence, s’étonnent, éventuellement pestent ou râlent et passent à autre chose, trouvant comment s’accommoder. D’autres pressentent qu’il y a peut-être là une activité à créer, voire un business à envisager. Quand il s’agit d’une personne habitée par l’esprit d’entreprendre, presque à l’affût de la bonne occasion, il y a de quoi faire tilt. Ou Tyllt… Un nom « qui n’a en fait aucune signification », s’amuse Frédéric Cirier, fondateur de cette société bordelaise. « Au début, j’avais déposé “Deposit Manager” mais ça n’était pas totalement adapté à l’ensemble de l’activité. Et il fallait que ça soit prononçable dans toutes les langues, en une syllabe, que le nom de domaine soit disponible en .com .io et .fr », raconte le dirigeant. Qui a eu l’intuition de son entreprise fin 2019, peu de temps après avoir quitté son précédent job, en étant confronté plusieurs fois en 24 heures aux sujets de la caution et de la consigne. « Ça fait 30 ans que je dépose des cautions, qu’on me les restitue dans 100% des cas et c’est toujours aussi fastidieux », se dit-il. L’idée d’un compte ou d'un passe caution émerge. Elle a été incubée à Kedge, qui lançait à ce moment-là un appel à projets pour son incubateur.L’idée est de dématérialiser, simplifier et rendre aussi transparent que possible l’acte de cautionnement, qu’il s’agisse du loueur ou du locataire. Premier axe : se débarrasser de la contrainte du chèque de caution, ce moyen de paiement et ses limites matérielles (se déplacer ou l’envoyer) s’effaçant de plus en plus. La classique empreinte bancaire n’apportant pas non plus de réponse satisfaisante - validité limitée entre cinq et sept jours, vient impacter le plafond de dépense mensuelle du locataire - Tyllt s’appuie « sur les mécanismes de Visa et Mastercard », à savoir le 3D Secure. « On a fait appel à W-HA, une filiale du groupe Orange et son service API-money, qui nous permet d’opérer, de gérer des portefeuilles électroniques », éclaire-t-il. L’argent n’est pas débité, Tyllt sécurisant la possibilité de prélever la caution si elle doit effectivement être mobilisée à l’issue de l’acte de location.S’insérer dans l’économie d’usage« On passe de plus en plus d’une économie de la possession à une économie d’usage [modèle économique qui privilégie l'usage de biens en location par rapport à leur possession, ndlr] », cadre Frédéric Cirier. Tyltt entend adresser toutes les opérations ponctuelles : locations saisonnières, campings, mobilité (vélo, voiture…), matériel de loisir, outillage, même vêtements… L’ensemble des échanges se déroule de façon dématérialisée. Aussi bien pour le loueur, qui peut ainsi gérer les cautions successives sur chaque bien qu’il propose, gérer des tableaux de bord… que pour le locataire, qui peut utiliser son compte personnel à chaque fois qu’il effectue une location ponctuelle. Pour chacun, la possibilité de suivre l’avancement de la transaction, jusqu’à sa conclusion. Dans les faits, les clients sont les loueurs, les utilisateurs étant ces derniers et les locataires. « Le gros du chiffre d’affaires, aujourd’hui, c’est la location saisonnière. Mais il y a des secteurs que je n’imaginais pas, comme la location de voitures. On bien des centres de formation, pour cautionner les éventuels “no show” ou encore les pharmaciens pour du prêt de matériel. » Le potentiel est ainsi extrêmement vaste.Le modèle économique, qui a un peu évolué depuis le lancement, est désormais figé depuis deux ans, « calé sur le modèle des fintechs : un pourcentage du montant de la caution, plus un montant forfaire par transaction », explique le dirigeant. Concrètement : 0,25% 25 centimes d’euros, au moment du dépôt de la caution. Et si un encaissement doit être fait sur cette caution ? 1,95% 1,95 euro de la somme effectivement mobilisée. « Le dépôt de garantie, pour nous, c’est le point de départ. Après, l’idée est de s’étendre autour de ça, pour attaquer l’ensemble des transactions d’économie d’usage. Donc la gestion du risque d’usage, mais aussi peut-être la partie paiement, peut-être les couvertures assurancielles. On explore un peu, on veut développer les services autour de la caution », se projette Frédéric Cirier. Et de se projeter sur l’idée qu’au fil du temps, chaque profil d’utilisateur pourrait être l’occasion de « valoriser les bons comportements, un peu comme l’idée des bonus/malus des assurances. On veut capitaliser sur les comportements et faire que ceux qui se comportent bien dans l’usage ne soient pas pénalisés par ceux qui dégradent ».Employant deux personnes, Tyllt cherche à grandir et veut recruter, aussi bien sur des profils web que pour le développement commercial. Même si l’activité « s’autofinance à peu près », le fondateur dirigeant ne se verse pas encore de salaire et les moyens pour investir manquent. Le capital devrait être ouvert, une opération aux alentours de 100.000 euros, estime-t-il : « la moitié est déjà sécurisée ». Avec l’idée de grandir est de rendre plus régulière « une activité encore assez saisonnière ». Pour autant, « on ne sera jamais sur la Fnac, pas plus sur Amazon, estime-t-il, mais par contre, sur toutes les plates-formes où il y a de la location. On aimerait bien s’insérer dans leurs tunnels de paiement », rêve-t-il à voix haute.Tyllt (société Doyonowo)SAS créée en janvier 2020Siège social à BordeauxEffectif : 2 personnesCA : n.c.

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