Santé : l’ancienne pépite eDevice redevient française et voit de nouveau grand - Premium

C’est un rachat qui avait fait parler, en 2016. Celui d’eDevice, « pépite tricolore » spécialisée dans la connectivité par IoT (internet des objets). Une transaction à 94 millions d’euros, conclue avec le franco-américain iHealth, lui-même détenu par le groupe chinois Andon. Forte d’un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros à l’époque, la PME concevait et commercialisait un dispositif permettant de récupérer de la donnée de manière simple auprès de patients, de la traiter, puis de la transmettre aux professionnels de santé. eDevice avait signé son premier grand contrat en 2009 avec Medtronic, leader américain en matière de pacemakers, et avait équipé jusqu’à 600.000 appareils dans le monde. La promesse d’un rayonnement mondial, lors de la reprise par iHealth, était alors réelle grâce à ce levier financier d’envergure. Sauf que depuis, la PME n’a quasiment plus fait parler d’elle, se tenant loin de la presse. « Curieusement en 2016, les nouveaux propriétaires n’ont pas vraiment suivi le produit, l’entreprise. Ils ont mis un nouveau dirigeant aux Etats-Unis alors que toute l’équipe était à Mérignac. Le dirigeant a continué d'explorer le marché initial, mais le Covid est arrivé et l’investisseur chinois s’est désintéressé complètement de l’entreprise, tout comme le dirigeant. Et eDevice est tombée en décrépitude », livre aujourd’hui à Placéco Olivier Giraud. Lyonnais d’origine, ce spécialiste de la santé est, depuis octobre 2023, le nouveau PDG de la PME. Car eDevice, l’année dernière, est discrètement repassée sous pavillon français, rachetée par l’homme d’affaires Gilles Roland, à la tête du groupe industriel Activ’Invest.Alerter des risques de décompensation« Nous ne sommes pas de très grands communicants », sourit Olivier Giraud, prêt désormais à relancer la machine malgré un chiffre d’affaires qui a très largement diminué : trois millions d’euros aujourd’hui. Les équipes bordelaises, depuis huit ans, ont continué d’innover. Elles se sont rapprochées de trois cardiologues, et ont adapté la technologie déployée aux Etats-Unis pour proposer une télésurveillance en temps réel des patients atteints d’insuffisance cardiaque (un système non-autorisé outre-Atlantique). La promesse : permettre à ces patients d’utiliser chez eux, de manière simple, un appareil détectant les risques de décompensation cardiaque. « Cette solution, TwoCan Pusle, est entièrement prise en charge par la sécurité sociale, précise le PDG. Donc lorsque le cardiologue le préconise, le patient se dote de notre matériel - une balance et un oxymètre de pouls -, qui mesure la fréquence cardiaque et le taux d’oxygène. Ensuite, il a juste besoin de se peser et de passer l’oxymètre au doigt. Il peut le faire quand il veut, plusieurs fois par jour s’il est inquiet. » Instantanément, le dispositif, doté d’un petit algorithme, traite la donnée recueillie. Et émet un signal visuel, vert si tout va bien, rouge s’il y a un risque. « Dans ce cas, l’utilisateur doit se rendre dans les 72 heures auprès d’un professionnel de santé. Il appelle son cardiologue, et nous nous chargeons de transmettre toutes les données analysées, et d’alerter le médecin », détaille Olivier Giraud. Qui ajoute que dès octobre prochain, les données seront également transmises au patient lui-même, qui pourra au besoin se rendre aux urgences, et les transmettre au professionnel sur place. En France, 1,7 million de personnes seraient en insuffisance cardiaque, et 160.000 nouveaux patients seraient identifiés chaque année.L'IA au coeur de la stratégie d'DeviceAujourd’hui, la société marche sur deux jambes. Outre-Atlantique, eDevice compte une dizaine de sociétés clientes, et 500.000 patients bénéficient de ses solutions. Son dispositif peut supporter jusqu’à 30 objets connectés différents, permettant d’adresser des pathologies cardiaques, mais aussi le diabète, ou des problématiques suite à des cancers. « Notre activité aux Etats-Unis nous permet d’élargir nos possibilités, et on peut transférer ce que l’on y a appris, en France, pour adresser à terme d’autres pathologies », affirme Olivier Giraud. Car c’est bien dans son pays d’origine qu’eDevice compte briller de nouveau et renforcer sa R&D, grâce à ses 18 salariés, dont la moitié sont des ingénieurs dans l’informatique. Une trentaine d’établissements sont des partenaires de la PME, pour 2.500 patients, soit « 10 à 15% du marché français », souligne notre interlocuteur. Selon ses estimations, 800.000 patients devraient être équipés, et seuls 22.000 le sont aujourd’hui. Pour accélérer, eDevice entend enrichir sa technologie grâce à l’intelligence artificielle, et cherche à lever deux millions d’euros. Une somme « assez modeste », commente Olivier Giraud, mais qui permettrait à la société de réaliser une première preuve de concept. « En parallèle, on mènera une étude clinique pour prouver que ce que nous avançons fonctionne, affirme le PDG. Cela devrait nous prendre un an et demi, puis nous lèverons plus d’argent. » Et de préciser prudemment que selon les schémas d’accélérations et les choix de la PME, « on pense doubler ou tripler notre chiffre d’affaires d’ici trois ans ». D’ici là, eDevice regarde d’autres pays européens comme l’Allemagne, qui commence à se positionner sur le remboursement de la télésurveillance médicale. Mais réfléchit aussi, grâce à l’IA, à d’autres segments de marché. « Quand on sait récupérer et analyser des données pour des maladies complexes, on sait le faire pour d’autres sujets comme les personnes âgées », conclut Olivier Giraud. eDeviceSAS fondée en 2000Siège social à Mérignac18 salariésCA 2023 : 3M€

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