Emopsy développe depuis Bidart un test de régulation des émotions

Ca y est, l'entreprise est lancée, Emopsy, du nom de la technologie que développe Anna-Malika Camblat, neuropsychologue installée encore pour quelques jours à Bidart. Après dix ans de travail sur les problèmes de régulations des émotions auprès des personnes déficientes intellectuelles, la chercheuse fait un constat : "il n'y a aucun outil qui permette de les évaluer sur les émotions". C'est le point de départ de son idée, de développer un test numérique, non seulement pour les personnes déficientes intellectuelles, mais aussi pour les non-déficientes, les enfants, et les ados.

Pendant un an, elle a fouillé toute la littérature scientifique sur le sujet, pour en sortir des tests. "J'ai ensuite confronté un comité scientifique composé de quatre chercheurs et de 150 professionnels sur le terrain", précise Anna-Malika Camblat. Quelques mois plus tard, le test est là, encore sous une forme un peu précaire sur un Powerpoint, mais le fond y est. "C'est une batterie de douze tests, qui vont évaluer les capacités à reconnaître les émotions, à les exprimer" détaille Anna-Malika Camblat, son ordinateur à la main. À l'écran, on voit une petite vidéo pas encore retravaillée, où on voit des enfants jouer au football. Les chefs d'équipe choisissent tout le monde sauf un enfant. La question qui suit "comment se sent le petit garçon". "Ce que je propose, c'est vraiment à partir de situations de la vie quotidienne, évaluer ce que les personnes arrivent à comprendre, qu'est ce qui peut causer une émotion? Comment ? Et comment ils et elles réagiraient" précise-t-elle.

Identification des émotions, production d'une émotion, mais aussi production d'expression physique. "Parce qu'il y en a qui nous racontent le décès de leur père en souriant, il est triste, mais il ne sait pas quelle émotion produire", raconte la chercheuse. À la fin, le test va coter les résultats, envoyer un compte-rendu au clinicien "qui pourra ensuite mettre en place des prises en charge beaucoup plus adaptées", explique la neuropsychologue.

La finalité, c'est une application sur tablette, qui doit encore être développée. Elle vient de remporter un prix du Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine, qui lui met à disposition toute une série d'expert, dont une graphiste qui l'aide à concevoir l'architecture de l'application. Elle cherche en ce moment des investisseurs, associés pour la partie informatique et business.

Concernant le modèle économique, elle envisage une forme d'abonnement pour tenir les tests à jour, et pourquoi pas ajouter de la documentation pour les professionnels de la santé mentale.

Les tests d'usage auront lieu en avril, et le test clinique en septembre 2024. Anna-Malika Camblat vise une entrée sur le marché dans deux ans, en septembre 2025.