RSE : embarquer ses parties prenantes, un travail au long cours - Premium

Après une table ronde qui donnait la parole à Odile Candessanche (Bordeaux City Tours), Xavier Parenteau (Ipama) et à Francis Stephan (Domofrance), un moment d’ateliers en petits groupes a permis de poursuivre le dialogue et la réflexion. Voici ce qu’il fallait en retenir. D’abord, faire un état des lieux « Quand on s’est lancé dans la RSE, on est parti sur la norme NF X30-029 qui nous a permis de cadrer nos parties prenantes, témoigne le chargé de mission RSE d’une ETI bordelaise. On fait un bilan annuel, on pose plusieurs questions à nos collaborateurs : “ quelles sont vos parties prenantes ? Quels liens avez-vous avec elles ? Avec qui échangez-vous ?” Cela nous a permis de définir une grande famille de parties prenantes - environ 300, en tout. On est allé très loin, jusqu’aux parties prenantes “muettes” comme les enfants, pour prendre en compte les générations futures. » Un travail de fourmi, de longue haleine, qui peut décourager les novices ou les structures plus modestes. « Il faut prendre la norme comme un outil, rassurent en cœur deux participants. Elle nous sert de guide, mais on peut ensuite la changer, l’adapter à notre situation, surtout si elle est volontaire et que l’on n’a pas besoin d’être certifié dessus. » Tout comme la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale, « une recette de cuisine dans laquelle on pioche ». Dans un second groupe de travail, on prend également les choses par le début. S’il n’est pas fait mention de normes aux noms rebutants, on s’accorde sur un point : « Il faut lister les parties prenantes et les hiérarchiser, selon leur pouvoir d’influence sur l’entreprise ; et établir une matrice de double matérialité [ndlr, matérialité financière et de l’impact, partie intégrante de la CSRD]. » Une référente RSE témoigne : « Chez nous, on a débuté par deux heures de brainstorming pour mettre en commun toutes les idées puis prioriser les actions. »Un format dynamique pour intéresser Parmi les conseils que partagent les référents RSE du Club Résolution, l'un des premiers est d'embarquer les salariés au plus tôt possible de la démarche : « On peut identifier les idées qu’ils peuvent avoir, rencontrer les différents métiers et les écouter, demander leurs besoins », déroule un participant. Objectif : éviter de construire une stratégie calquée uniquement sur les besoins de la direction. Et ensuite ? Plusieurs témoignages mentionnent l’importance d’une approche ludique, d’une sensibilisation simple pour embarquer ses collaborateurs. « On a fait appel à l’Afnor et on a créé des ateliers d’une demi-journée, livre la référente RSO d’une organisation girondine. On a été obligé de les rendre obligatoires, car sinon personne ne voulait spontanément s’engager. Le fait de proposer un format ludique, en petits groupes, a été prépondérant dans la réussite de cette séquence et finalement, sur nos plus de 150 salariés, les retours étaient positifs. » Maintenant, poursuit notre interlocutrice, « il y a pas mal d’idées qui émergent. On a créé un canal de discussion pour les faire remonter au comité RSE, et ça prend de plus en plus d’ampleur ». Autre levier complémentaire : créer des rendez-vous identifiés, auxquels les équipes participent - voire même les actionnaires. « Il faut sans cesse expliquer l’intérêt de la démarche pour l’entreprise, et plus largement pour la planète, insiste une participante. Le tout, en partant d’actions très concrètes comme le recyclage ou la consommation d’énergie. Pour que les gens s’intéressent à la RSE, il faut qu’ils en soient acteurs. »Aborder les parties prenantes externes De l’avis de plusieurs responsables présents, le plus dur peut souvent être d’embarquer ses parties prenantes externes - fournisseurs, clients, voire confrères. « On va d’abord travailler sur notre RSE, sur nos émissions directes par exemple, pour pouvoir montrer patte blanche à nos fournisseurs, nos clients. Et leur demander ensuite comment ils peuvent s’aligner », argue la responsable RSO d’une grande structure. Une dirigeante questionne : « Mais a-t-on vraiment le devoir d’enclencher le dialogue, de les écouter ? » Réponse d’une autre participante : « Si on la juge importante, oui. C’est tout l’intérêt de la matrice de matérialité. » Même si parfois, force est tout de même de constater que le dialogue est difficilement possible. « On a eu des fournisseurs très volontaires avec qui ça s’est très bien passé, et d’autres qui nous regardent de haut en bas quand on leur a demandé une fiche produit, illustre ainsi une référente RSE. Or, si on n'en a pas, c’est un vrai problème pour calculer le bilan carbone de nos chantiers. Heureusement qu’il y a des produits avec un panel de fournisseurs assez large - ce n'est pas grave, on a fait le tri. Par contre, d’autres savent qu’ils ont le monopole et à ce moment-là, tant pis pour nous. » Embarquer ses parties prenantes externes peut être un travail de longue haleine, un mythe de Sisyphe décourageant. Certains privilégient l’envoi d’une newsletter quotidienne, faute de moyens supplémentaires, pour les tenir au courant, quand d’autres s’y investissent plus fortement, en établissant des indicateurs clés de suivi pour leurs fournisseurs. « Au départ, tout ça était très flou pour eux. Donc on les accompagne au mieux sur ce sujet », explique un participant. Qui conclut, résumant le thème du jour en une poignée de mots : « C’est un travail de tous les jours. »☞ Vous souhaitez adhérer au Club Résolution ? C'est ici.☞ Vous souhaitez découvrir le Club Résolution ? Nous vous donnons rendez-vous le 12 novembre pour un prochain rendez-vous. La thématique et les invités vous serons dévoilés d'ici peu !

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