Nouvelle-Aquitaine : plus de 86.000 logements menacés par l'érosion du littoral d'ici à 2100
L'érosion côtière concerne de nombreux territoires en France, dont plusieurs en Nouvelle-Aquitaine. Crédits : Lauriane Negron
Le dernier rapport du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, dresse un bilan plutôt inquiétant : plus de 86.000 logements pourraient être menacés par l'érosion du trait de côte d'ici à l'an 2100 en Nouvelle-Aquitaine. Le scénario rédigé par le Cerema se base sur des hypothèses très défavorables, avec notamment, la disparition complète des structures de défense côtière et l'inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral. Explications.
« Afin de contribuer aux réflexions engagées en 2023 au sein du Comité National Trait de Côte (CNTC), le Cerema, sous le pilotage de la mission d’inspection conjointe entre l’Inspection générale de l’administration (IGA) et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), et des services du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), a étudié les enjeux qui pourraient être menacés à l’avenir par le recul du trait de côte sur les littoraux de métropole et d’outre-mer. » Dans son dernier rapport, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), dresse un bilan sans nuances, avec des chiffres relativement inquiétants quant aux conséquences liées à l'érosion côtière.
Des pertes financières de plusieurs milliards d'euros
Des risques pour les infrastructures, avec de lourdes conséquences financières estimées, notamment à l'échelle nationale. « L’évaluation du nombre et de la valeur des enjeux potentiellement atteints par le recul du trait de côte aux horizons 2050 et 2100 repose sur des scénarios élaborés en concertation avec des experts nationaux », indique François Hédou, responsable d'études à la direction technique risques eaux et mer du Cerema et responsable de ce rapport. « Le scénario pour 2100 présente une perspective basée sur des hypothèses très défavorables : disparition complète des structures de défense côtière et inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral. Un scénario qui illustre ainsi les possibles conséquences de l’inaction face aux effets du changement climatique. »
Parmi ces effets : l'élévation du niveau des mers et les événements météorologiques extrêmes induits par le réchauffement climatique. Ainsi, en France, (métropole et Outre Mer), « à l’échéance 2050 et avec les hypothèses considérées par le Cerema, 5.208 logements, dont près de 2.000 en résidence secondaire soit 38% du total, seraient menacés. La valeur totale des logements potentiellement atteints serait de 1,1 milliard d’euros pour le scénario 2050 et d’environ 86 milliards d’euros pour le scénario 2100 », égrène François Hédou, dans son rapport. À noter qu'au Pays Basque, se sont 52 logements qui seraient menacés en 2050 et plus de 13.000 d'ici à 2100. Dans les Landes, on passerait de 42 en 2050 à plus de 7.000 en 2100, et de 115 à plus de 46.000 en Charente-Maritime. Enfin, en Gironde, 175 infrastructures seraient concernées en 2050 contre plus de 19.000 en 2100.
Des mesures de prévention à mettre en place
François Hédou estime que l'évaluation du recul du trait de côte nécessite des améliorations dans deux domaines clés. « Premièrement, il est essentiel d'approfondir la compréhension des dynamiques littorales à l'échelle nationale. Deuxièmement, il faut affiner la définition des scénarios de recul du littoral à plusieurs horizons temporels. » À noter que l'érosion est un phénomène lent, face auquel certaines mesures de prévention peuvent être prises et notamment le renforcement des barrières naturelles comme les dunes ou les récifs coralliens, ou encore la construction de digues et de brise-lames, mais aussi la réalisation de surélévations.
« Dans le cadre des stratégies d’adaptation des territoires littoraux, l’évaluation des dépenses associées aux ouvrages côtiers, qui peuvent s'avérer importantes pour certaines collectivités, doit tenir compte des avantages et des inconvénients qu'ils présentent, notamment en termes de protection des biens et activités, mais aussi en considérant les effets négatifs tels que la diminution, voire la perte de plages », est-il précisé. Charge désormais, aux communes du territoire d'élaborer des cartographies de l'évolution du trait de côte dans les 10 à 100 prochaines années, puis d’en tenir compte dans les futurs plans d’urbanisme, en délimitant les zones où les constructions ne seront plus possibles ou les constructions qu'il faudra détruire. À noter que l’année dernière, six communes basques se sont portées volontaires pour mettre en place ce processus, et six autres dans les Landes.