Bordeaux : la ManuCo, pôle entrepreneurial de l’ESS, a ouvert ses portes

Dans la rue Causserouge, entre la Victoire et les Capucins, une façade flambant neuf se démarque du reste des bâtiments : celle de la ManuCo. Un nouveau lieu dédié à l’économie sociale et solidaire, dont Placéco vous parlait en novembre 2021. « La réhabilitation était ambitieuse, car l’idée était de conserver l’histoire du lieu, mais aussi de travailler sur un bâtiment basse consommation, avec certaines contraintes », présente Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire de Bordeaux portant, ici, la casquette de président d’InCité. Car cette réhabilitation s’est inscrite dans le cadre du Programme de requalification des quartiers anciens dégradés, et confiée à InCité (entreprise d’économie mixte) par Bordeaux Métropole et la Ville de Bordeaux. L’investissement global s’élève à près de 2,8 millions d’euros, porté par plusieurs acteurs : InCité (830.000 euros), la Ville de Bordeaux (280.000 euros), Bordeaux Métropole (280.000 euros), l’Etat (540.000 euros), l’Europe via le fonds Feder et la Nouvelle-Aquitaine (540.000 euros). La réhabilitation, elle, a été confiée au cabinet d’architecture Gayet-Roger.

Faire comprendre les valeurs de l'ESS

Après un appel d’offres, la gestion de ce nouveau pôle a été confiée à la ManuCo, pour une durée de six ans. Une association portée par trois structures : Atis, qui accompagne l’émergence et le développement de projets d’innovation sociale et solidaire d’entreprises de l’ESS, La Planche, un tiers-lieu dédié au bois, et Marie Curry, une entreprise qui accompagne les femmes réfugiées et issues de l’immigration via la cuisine. « Le mode de gestion qui a été choisi, la délégation de service public, est intéressant, reprend Stéphane Pfeiffer. Il est important que les acteurs de l’ESS prennent aussi leurs responsabilités, et soient en capacité de nous proposer des projets comme celui de la ManuCo. C’est une autre façon de faire de l’économie. » Car, rue Causserouge, il s’agit bien d’un pôle entrepreneurial. Depuis novembre dernier, huit structures sélectionnées en amont, ont intégré cette « résidence » pour une durée de deux ans, dont un an renouvelable. « Ce sont plutôt des structures en développement, dont le modèle économique n’est pas encore totalement posé, précise Alicia Beillon, présidente de la ManuCo. Nous avons vocation à favoriser concrètement le développement de l’ESS, autour d’une thématique, le faire ensemble. Nous utilisons des portes d’entrée pour faire comprendre les valeurs de cette économie, et sa richesse. »

Les structures hébergées reversent un loyer à l’association gestionnaire (environ 400 euros/mois pour un bureau), qui, elle-même, reverse un loyer à InCité (environ 110 euros/m²). Pour être viable financièrement, la ManuCo s’appuie sur trois autres pôles, connectés et complémentaires entre eux. Un espace restauration, ouvert à tous et tenu par Marie Curry, un futur « fab lab » lui aussi ouvert au public, autour de la réparation et du partage de savoir-faire, et un pôle animation (ainsi que quatre logements sociaux). Objectif : créer du lien avec les habitants du quartier, et y recréer de l’emploi. Car aux Capucins, on compte aujourd’hui 60 emplois pour 100 habitants, contre 130 emplois pour 100 habitants dans les autres quartiers de Bordeaux.

Les huit résidents : 

- Action Emploi Réfugiés accompagne des personnes bénéficiaires de la protection internationale vers l'emploi et la formation professionnelle. 
- Alternative urbaine est un projet porté par l'association L'Alter-Culturelle, qui propose une forme de tourisme alternatif. 
- Article 1 est une association qui œuvre pour l'orientation des jeunes, et leur réussite dans les études et l'insertion professionnelle. 
- Du vert dans les rouages accompagne la transformation écologique des territoires et des organisations. 
- La Félin (Fédération nationale des labels et distributeurs indépendants), et Mewem (Mentoring program for women entrepreneurs in music industry), autour de la musique, de l'accompagnement, des femmes et de l'éducation. 
- Atis accompagne l’émergence et le développement de projets d’innovation sociale et solidaire d’entreprises de l’ESS. 
- Marie Curry accompagne les femmes réfugiées et issues de l'immigration dans leur insertion dans la cuisine, tout en valorisant leur matrimoine culinaire.