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Autosuffisance énergétique et développement à horizon 2024 : la Scierie Bédora accélère

Engagement
mardi 06 juin 2023

Frédéric Leonard, qui dirige la Scierie Bédora depuis 2018 et les traverses qui sont fabriquées en Pin des Landes

« Je sais d'où je viens et je ne l'ai pas oublié. » Ces mots, ce sont ceux de Frédéric Leonard, gérant de la Scierie Bédora. Depuis le 1er janvier 2018, il multiplie les démarches RSE au sein de son entreprise et a réussi à atteindre l'autosuffisance énergétique en avril dernier. Une victoire pour cette société à taille humaine qui prévoit de doper sa croissance en 2024.

« Depuis le 11 janvier 2023, la scierie tourne à l'énergie solaire. » C'est une première dans les Landes. Et sans doute, une première en France, pour une scierie : atteindre l'autosuffisance énergétique. « En janvier et février, on ne tournait pas encore à 100 % à l'énergie solaire. L'ensoleillement n'était pas suffisant. Il l'est depuis 2 mois et je peux désormais affirmer que nous sommes totalement autonomes. » Les panneaux solaires installés depuis plusieurs semaines sur les deux hangars de 600 mètres carrés présents sur le site, ont permis à l'entreprise de faire des économies considérables. « Dans un futur proche, nous ferons même des bénéfices grâce à ces installations. Je suis en discussion avec Enedis et je pense bientôt pouvoir revendre ce que l'entreprise ne consomme pas. En fin de journée et les week-ends, l'énergie que nous produisons n'est pas utilisée et elle pourrait bénéficier à d'autres. »

Trois sociétés qui fonctionnent en synergie

Issu du monde forestier, Frédéric Leonard a gravi les échelons avant de diriger sa propre entreprise. « Mon père travaillait à l'Office National des Forêts. Il m'a donné l'amour du métier et l'envie de poursuivre dans cette voie. J'ai exercé pendant plusieurs années en tant qu'acheteur forestier, avant de devenir gestionnaire. C'est par ce biais que j'ai fait la connaissance de Michel Bédora, qui m'a expliqué qu'il cherchait un repreneur. Je lui ai succédé en janvier 2018, avec l'envie de continuer à faire prospérer cette entreprise à taille humaine. »

Frédéric Leonard est aujourd'hui à la tête de deux autres sociétés : Palettes Landes Chalosse, à Misson, et les Bois Imprégnés, à Mées. « Ces deux autres activités sont complémentaires de la scierie. À Bédora, nous coupons le bois, à Palettes Landes Chalosse, nous en faisons des palettes, et dans ma troisième société, nous traitons le bois. C'est en quelque sorte une économie circulaire que j'ai mis en place ici, dans les Landes, entre ces trois structures qui sont situées à seulement quelques dizaines de kilomètres les unes des autres. »

À ses débuts, la société Palettes Landes Chalosse comptait 4 salariés et affichait un chiffre d'affaires de 700.000 euros. En 2022, l'entreprise a enregistré un chiffre d'affaires de 2 millions et a doublé ses effectifs. De son côté, la société Bois Imprégnés a réalisé, elle aussi, un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros. Une belle réussite pour Frédéric Leonard, qui veut que ses trois structures restent à taille humaine. « J'accorde beaucoup d'importance à mon environnement de travail et à ceux que j'emploie. Je n'ai pas oublié le fait que j'ai été à leur place un jour et je veux que mes collaborateurs évoluent dans de bonnes conditions. »

Quand il reprend la Scierie Bédora début 2018, Frédéric Leonard réalise que ses employés n'ont pas de salle de pause. « C'était au mois de février, il neigeait et j'ai vu plusieurs membres de l'équipe manger dans leurs voitures. Ça m'a semblé inconcevable. Je les ai invités à manger au bureau, pour qu'ils puissent être au chaud. » Dès le mois de septembre 2018, l'entrepreneur investit dans un grand mobilhome, pour aménager une salle pour ses employés. « L'année suivante, j'ai pris une autre mesure : celle de l'aménagement des horaires. On est passés à la semaine de 4 jours. Je pense que toutes les entreprises ne peuvent pas se le permettre. Mais pour nous, ça a été concluant. » Depuis 2022, Frédéric Leonard a également mis en place un intéressement aux résultats de l'entreprise. « Je veux motiver mon équipe afin qu'ils sachent qu'ils ne font pas du travail acharné pour rien. » Chaque jour, ce sont deux camions remplis de rondins en pin des Landes qui sortent des ateliers. « On ne réalise que des coupes finales. Ce sont des coupes faîtes pour régénérer la forêt. On coupe les pins quand ils atteignent 50 ou 60 ans. Notre bois est certifié PEFC. Notre spécialité : la traverse. »

Deux subventions de 60.000 euros

En mars dernier, l'association CRA a pris contact avec Frédéric Leonard à l'occasion des Trophées du Repreunariat. « J'ai été convié à Paris, les 28 et 29 mars, où j'ai remporté un trophée TPE/PME de la RSE Innovation. C'était une belle récompense pour mon travail et aussi pour mon équipe. Ça m'a apporté de la publicité auprès des banques, des fournisseurs ou encore des collectivités territoriales. Il est possible que ça puisse aussi m'aider pour l'obtention de prêts à l'avenir. » Parmi les autres engagements RSE de la Scierie Bédora, le passage à l'énergie solaire. « Quand j'ai repris la scierie, j'ai vu que l'installation de hangars supplémentaires pouvait nous aider à augmenter les volumes de production. Avec le Covid, la construction a pris beaucoup de retard et s'est finalement terminée début 2023. » Pour le montage de ces hangars, l'entreprise a bénéficié d'une subvention du département des Landes, à hauteur de 60.000 euros.

« Cette année, je devrais bénéficier d'une autre subvention, accordée par la région Nouvelle Aquitaine, elle aussi d'un montant de 60.000 euros. Je souhaite investir dans le renouvellement de matériel. » La subvention est attendue pour fin d'année 2023 ou courant 2024. « Cet apport devrait nous permettre d'avoir un gain de production supplémentaire. Si c'est le cas, il y aura des embauches à prévoir. » A l'instar des deux autres entreprises de Frédéric Leonard, la Scierie Bédora a enregistré un chiffre d'affaires d'un peu plus de 2 millions d'euros en 2022. « Aujourd'hui, nous avons plusieurs dizaines de clients. Ce sont des petites entreprises pour la plupart et non des gros industriels, mais ce modèle me convient parfaitement. Je veux continuer à travailler de cette façon en 2024 tout en augmentant les volumes de production et en continuant à me démarquer sur les démarches RSE. »

Scierie Bédora  
Année de reprise : 2018
CA en 2022 : 2M €
Nombre de salariés : 8