Urbanisme : Villes Vivantes propose de diviser pour mieux loger - Premium

Pourquoi avoir créé une direction entièrement dédiée à l’impact social, au sein de Villes Vivantes ? On existe depuis une dizaine d’années et notre activité marche sur deux jambes. D’une part, on a accompagné plus de 8.000 particuliers, porteurs de projet de densification douce et de rénovation de leur propriété. De l’autre, on a suivi plus de 150 collectivités dans l’élaboration de leurs plans d’urbanisme… On a constaté durant toutes ces années qu’il y a d’une part un enjeu très fort pour permettre l’évolution de certains tissus territoriaux, et de l’autre, les porteurs de projet n’ont pas toujours la bonne information, la bonne perception des possibilités offertes sur leur parcelle. On a donc souhaité créer cette direction, avec comme première thématique « Existe-t-il une taille minimale de terrain pour avoir le droit de construire une maison dans ma commune ? »Comment cette thématique se traduira-t-elle, dans les faits ? De façon simple. Nous avons contacté les communes, Bordeaux Métropole, nous avons adressé un message à 150 professionnels de l’acte de construire - géomètres, notaires, agents immobiliers, constructeurs -, et nous avons distribué 14.000 courriers aux occupants de maisons individuelles sur trois communes, Gradignan, Bègles et Eysines. L’objectif est de créer un climat d’échanges et d’information sur les possibilités offertes par le PLU [ndlr, plan local d’urbanisme]. Nous organisons trois réunions les 18, 19 et 20 décembre dans chacune des trois communes, ouvertes au public comme aux professionnels. Et nous serons accompagnés d’un urbaniste et d’un avocat spécialisé en la matière.1.700 logements potentiels Vous avez nommé cette initiative « Welcome in my back yard », littéralement « bienvenue dans mon jardin », alors qu’on connaît l’adage inverse - « not in my backyard », autrement dit « pas chez moi ». Les gens sont-ils prêts à réduire leur jardin ou leur espace de vie pour loger un autre foyer ?Le but de l’initiative n’est pas de convaincre les gens qui ne veulent pas faire ça sur leur parcelle. En 35 années d’exercice professionnel, je n’ai vu personne développer un projet immobilier pour répondre à une injonction. Mais il y a toujours sur le territoire une partie des propriétaires qui réfléchissent à l’évolution de leur parcelle. Parce qu’ils prennent de l’âge, que le jardin est trop grand, qu’ils veulent accompagner un enfant qui ne trouve pas à se loger en convertissant une annexe en logement indépendant… Notre, but, c’est que ces personnes puissent être informées des possibilités offertes par le document d’urbanisme, avec une information juste et claire.Quel est le potentiel de logements supplémentaires, par ce biais, sur la métropole ? Tout d’abord, le PLH, le programme local de l’habitat, parle d’un besoin de 7.500 logements par an. Et l’on constate aujourd’hui que l’on est très, très loin du compte [ndlr, 1.250 logements autorisés au 31 octobre 2023 selon Villes Vivantes]. On voit également 300 terrains à bâtir, produits chaque année sur Bordeaux Métropole, ce qui est très peu par rapport aux possibilités qui pourraient être imaginées . Et cela représente moins de 5% des besoins, selon le PLH. Notre raisonnement est simple : s’il y a une augmentation même très modeste de ces projets d’évolution, si l’on passe à 1% par an des propriétaires de maison individuelle avec un terrain qui créent un logement supplémentaire, on en aurait 1.700, chaque année. Ce qui ne couvrirait pas tous les besoins, mais cela serait quand même cinq fois plus que le nombre de terrains produits aujourd’hui.Retrouver une logique villageoiseEst-on aujourd’hui sur un changement de paradigme, et la fin de ces maisons individuelles en cœur de ville ? En fait à la fin du 19e siècle et dans la première partie du 20e, on a vu la construction d’un tissu de maisons individuelles comme les échoppes. Mais dans la seconde moitié du 20e siècle, il y a eu un étalement urbain très important, avec des formes urbaines très peu denses. Ce fonctionnement était possible, et reposait sur deux piliers - c’était un tissu urbain pensé spécifiquement pour accompagner les familles, et le pétrole n’était pas cher. Sauf que ces quartiers ont connu leur pic d’occupation le jour où ils ont été livrés, et ont ensuite baissé de façon continue, partout en France. Aujourd’hui, dans a minima un quart de ces maisons individuelles, il n’y a plus qu’une personne qui y vit. C’est l’occasion de densifier, mais aussi de diversifier les typologies d’habitat, en ayant de l’individuel de petite taille. Et au regard de la crise que l’on traverse, c’est un devoir pour nous, urbanistes, d’échanger avec les uns et les autres, pour faciliter certains projets, déjouer des craintes notamment des riverains. Car appuyer des évolutions reposant sur de petits projets à l’unité, sur mesure et dans le respect du document d'urbanisme, n’a pas le même impact qu’une unique opération de 100 logements dans la parcelle d’à côté. Faut-il, pour sortir de la crise actuelle, inventer de nouveaux modèles d’urbanisme ? Je ne sais pas s’il faut inventer de nouveaux modèles, mais il est clair que l’on voit une impasse dans certaines façons de faire, aujourd’hui. On croit beaucoup, avec l’équipe de Villes Vivantes, à la capacité de réintroduire une logique villageoise. Tous ces villages dans lesquels on aime passer des vacances se sont souvent construits par de petits projets, pas à pas, et on voudrait retrouver ces logiques-là. Ces tissus-là ont du potentiel d’accueil avec des services, des structures. Mais l’enjeu du logement est tel qu’on a besoin de tous les petits ruisseaux pour avancer.

Urbanisme : Villes Vivantes propose de diviser pour mieux loger - Premium

Sur le même sujet

Nouvelle-Aquitaine : des rencontres pour lier davantage arch ...

Seignosse : 12,5 M€ pour le cœur du Penon

Rion-des-Landes : un projet de renaturation soutenu par la M ...

Vœux 2024 : le Département prévoit d'investir 21 millions po ...

Assises de l'Économie de la Mer : « Une grande première pour ...

Semaine de l'industrie : la 13e édition se tiendra en novemb ...

CCI des Landes : un événement pour mieux concilier ESS et dé ...

Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and ba ...

Mont-de-Marsan : 5e édition de « La passerelle de la formati ...

Nouvelle-Aquitaine : l’association Transtech organise une jo ...

Les nouveaux lauréats du Réseau Entreprendre Adour à l'honne ...

La Ferme du Futur : l'événement agricole revient le 12 septe ...

En images : Placéco fait sa rentrée, 600 personnes au Palais des Congrès de Bordeaux

Brasserie Experiment'Halle : développer des bières éphémères et de saison

Groupe Gallium : « devenir le premier fournisseur landais sous le modèle de l'autoconsommation collective »

La chronique innovation : Materrup conçoit du ciment bas carbone

DigitÉco #12 : souveraineté des données, comment accélérer ?

DigitÉco #11 : votre IA, open source ou propriétaire ?

DigitÉco #10 : IA et santé, enjeux et perspectives