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Placéco Laüsa #5 : revivez l'interview d'Anthony Gavend

Écosystème
mercredi 05 juin 2024

Anthony Gavend, fondateur de Shield Robotics, était l'invité de ce Lausa #5. Credits photo : La Flamme Studio

Ce mardi, Placéco Landes organisait son cinquième événement réseau, en partenariat avec Landes Attractivité : Laüsa - qui signifie étincelle en gascon. Après le colonel Gilles Chanut et Arthur Laborde, c'est cette fois Anthony Gavend, fondateur de Shield Robotics qui est venu raconter son parcours quelque peu atypique, mais aussi évoquer ses projets et les objectifs qu'il se fixe.

Lorsqu'on pénètre dans votre atelier, on a un peu l'impression de découvrir le laboratoire du docteur Emmett Brown, dans Retour vers le futur. Quel est votre cœur de métier au sein de Shield Robotics et quel a été votre parcours ?
J'ai quitté le lycée à mes 17 ans et je suis parti travailler dans le bâtiment. Je me suis formé pendant deux ans pour pouvoir financer ma première boite. Et puis après, j'ai continué sur cette voie jusqu'à arriver à dix sociétés aujourd'hui. J'ai un centre de recherches, Shield Robotics, et un groupe : Evotech, qui existe depuis plus de dix ans et qui est mon fil rouge. Je l'ai suivi avec comme objectif, dès le départ, de m'amuser en créant. C'est ce qui m'a permis de créer de nombreux projets qui me plaisent, en lien avec la tech, la création de drones ou encore d'appareils qui peuvent sauver des vies. Dans mon parcours, j'ai été très connu pour les drones de sauvetage. Je suis l'inventeur de cet objet que j'ai développé en 2016. Beaucoup en ont entendu parler parce que c'est un appareil qui a fait rayonner les Landes dans le monde entier. Aujourd'hui il y a 18 pays qui ont repris cette invention. C'est ce qui m'a toujours guidé également : pouvoir offrir une technologie qui fasse sens et qui ne soit pas uniquement à but pécuniaire.

Sur le même sujet : Placéco Laüsa #4 : revivez l'interview d'Arthur Laborde

Une technologie développée à l'échelle nationale 

Quels ont été les projets marquants, tout au long de votre parcours ?
J'ai envie de parler d'un projet récent, un appareil qui est encore en phase de test. C'est un projet de turbines électriques. Nous travaillons actuellement sur l'électrification de systèmes de propulsion. A ce sujet, nous avons été contactés par le quintuple champion du monde de wingsuit, Vincent Descols. Pour ceux qui ne connaissent pas le wingsuit, il s'agit d'une combinaison-écureuil qui permet d'effectuer des vols en planant, depuis une falaise par exemple. Avec mon équipe, nous avons imaginé un dispositif électrique qui soit associé à ce type de combinaison et permette à celui qui la porte, d'être propulsé dans les air. Nous avons fait un vol d'essai, il y a un an. Un vol qui a été concluant et qui nous a permis de déterminer que notre appareil est fonctionnel. Depuis, il est testé régulièrement, dans le but d'être amélioré. Ça a été un très gros projet pour nous. Quand nous l'avons lancé, beaucoup de gens pensaient que ce n'était pas possible. Il y avait énormément de personnes septiques. Aujourd'hui nous allons basculer sur une V2 beaucoup plus puissante que ce que nous avions imaginé. C'est donc une satisfaction pour moi et mes équipes.

En parallèle de ce projet, vous avez aussi d'autres appareils en développement et des clients assez variés, comme le ministère de l'Intérieur. Quels sont-ils ?
Aujourd'hui nous faisons effectivement aussi beaucoup de recherches pour l'Armée, ainsi que pour des groupes à dimension nationale ou internationale comme Safran ou Thales. Nous nous sommes spécialisés dans la robotique au sens large : il peut s'agir d'appareils qui roulent, qui volent, qui flottent et depuis peu, qui se déplacent sur des jambes mécaniques. Il s'agit de petits chiens robots qui peuvent s'adapter à leur environnement. Il y a un an et demi, nous avons pris le parti de créer une machine qui serait utilisée dans le cadre du déminage. Le ministère de l'Intérieur, au départ, était très sceptique et finalement, depuis maintenant six mois c'est officiel, nous allons équiper trois sites des Jeux olympiques avec ce système-là. Les démineurs se sont aujourd'hui approprié cette technologie qui pourra ensuite être développée à l'échelle nationale puis internationale. Et c'est une fierté de dire que c'est ici, au fin fond des Landes, dans les locaux de Domolandes, que nous arrivons à créer des machines qui ont un impact un peu partout dans le monde.

Interdire les heures supplémentaires 

Pour en arriver-là, vous vous êtes entouré d'une équipe de plus en plus importante. Comment avez-vous évolué ?
En fait, je n'ai jamais été seul. J'ai monté tout ça avec une personne qui est souvent dans l'ombre : mon frère. C'est quelqu'un qui n'aime pas forcément être mis en avant. Mais il faut savoir qu'il m'a accompagné et énormément soutenu dans tout ça. Nous nous sommes associés il y a plus de dix ans maintenant et c'est pour moi un pilier très important. Aujourd'hui, l'équipe que j'ai autour de moi est composée de 16 personnes. Nous avons des compétences multiples et chacun a une importance clé et une vraie valeur à apporter à l'entreprise. C'est la base du management que j'ai voulu mettre en place, un management qui soit centré d'abord sur des valeurs humaines. 

Qu'est-ce que ça signifie concrètement ?
Quitte à être innovant, je voulais aussi l'être dans la manière de travailler au sein de cette entreprise. Je ne voulais pas faire faire à mes ingénieurs des plages horaires énormes. Mon idée était, au contraire, d'interdire les heures supplémentaires, dans le but de les motive à revenir le lendemain. Ensuite, j'ai proposé de mettre en place la semaine de quatre jours. C'était il y a plusieurs années et depuis, personne ne veut revenir en arrière je crois. Aujourd'hui, nous constatons que nous n'avons pas forcément gagné en productivité, mais eux, les salariés, ont tout gagné puisqu'ils ont aujourd'hui un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Et ça fait partie des valeurs que je veux porter. J'ai également fait en sorte d'avoir une parité hommes/femmes au sein de Shield Robotics. C'est important pour moi d'avoir avec moi des femmes qui entreprennent, au même titre que les hommes et qui sont à salaire égal.



Anthony Gavend en a profité pour présenter son chien robot. Crédits : La Flamme Studio

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