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Agriculture en Nouvelle-Aquitaine : « urgent que le gouvernement prenne le dossier à bras le corps » (Luc Servant)

Écosystème
jeudi 03 octobre 2024

Les récoltes seront globalement mauvaises cette année en Nouvelle-Aquitaine. Crédit : Adobe Stock / Great Brut Here

Pour sa conférence de rentrée, le président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine a dressé un panorama bien sombre de la situation. Impact du climat, productions en souffrance, problèmes sanitaires… Qui débouchent sur des trésoreries en souffrance au sein des exploitations. Luc Servant espère réponses et actions rapides du gouvernement.

« Le contexte est difficile, les sujets nombreux et complexes, ça arrive de tous les côtés. Le monde agricole est en attente de réponses claires. » Luc Servant, président de la Chambre régionale d’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine, pose le cadre à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée. Et il est sans appel.

Météo, cultures, virus, trésorerie… le sombre constat

« Si avant, on parlait de sécheresse ou de manque d’eau, depuis un an, on n’est plus du tout sur le même climat. On a de la pluie en permanence. Ça impacte évidemment très lourdement les productions agricoles, qui sont en forte chute. » Ainsi de la production de blé tendre, qui a reculé de 15% au niveau national et de 33% en Nouvelle-Aquitaine. « La pluie a fait que beaucoup de surfaces n’ont pu être semées, on constate une hausse de la jachère. » Les semis ont été tardifs, l’été pas très chaud et l’automne commence très pluvieux. « On va avoir des difficultés de récolte », martèle-t-il. Idem pour les herbes de fourrage : ils ont bien poussés mais la première coupe - sous la pluie - a amené certes de gros volumes mais de mauvaise qualité. La deuxième coupe d’été a en revanche été meilleure. Et d’une manière générale, « les prix restent trop faibles pour couvrir nos coûts de production, qui sont en outre supérieurs aux coûts de production mondiaux. Et les récoltes mondiales sont abondantes », poursuit le président. Et de rappeler en outre les difficultés côté viticulture : « Bordeaux continue de ne pas aller bien, le plan arrachage démarre mais on ne va pas avoir une bonne récolte avec les maladies dues à la météo. Et coté Cognac, les choses se sont retournées. La filière marchait bien depuis une dizaine d’années et il y a eu un retournement, avec notamment les problèmes de taxes en Chine. C’est un problème, alors que des surfaces supplémentaires arrivent en production. » Si la production se maintient peu ou prou sur les fruits et légumes, la conjoncture reste compliquée.

Constat moins sombre concernant l’élevage, malgré tout pas exempt de nuages. La collecte de lait baisse, mais les prix se tiennent, à l’instar de ceux constatés pour la filière bovine, où la difficulté provient de leur alimentation, en raison des soucis liés aux fourrages. « Mais il y a une autre épée de Damoclès, rappelle aussitôt Luc Servant, les virus qui attaquent de toutes parts. » Si, concernant l’influenza aviaire, la situation semble maîtrisée, avec un niveau de risque négligeable y compris en Nouvelle-Aquitaine, trois virus « particulièrement virulents s’abattent sur le cheptel ruminant ». Une deuxième vague de MHE (maladie hémorragique épizootique) est en cours. « Les éleveurs sont mieux préparés, ce qui limite un peu les dégâts. Et les espoirs reposent sur le vaccin né d’un partenariat entre un laboratoire et Ceva, avec deux millions de doses commandées par l’Etat, pour un million de bovins ». Et deux virus de fièvre catarrhale ovine (FCO 3 et FCO 8) circulent.

L’action de l’État… ou la rue

« On veut des engagements forts de l’État sur la prise en charge des vaccins, sinon les laboratoires ne les produiront pas », résume le président de la Chambre régionale d’agriculture, au moment d’ouvrir le volet politique de son propos. L’attente du monde agricole est grande et, prévient-il, la patience sera de courte durée. « Un projet de loi d’orientation agricole avait été travaillé. Il était passé en première lecture à l’Assemblée nationale et tout a été mis en pause avec la dissolution. Il faut reprendre ce projet de loi, qui contenait des réponses aux manifestations des agriculteurs en début d’année », revendique Luc Servant. « Les agriculteurs sont prêts à repartir dans la rue, prévient-il, la situation ne s’est pas améliorée. » Au sujet du nouveau gouvernement : « La nouvelle ministre va commencer ses déplacements. Michel Barnier a été ministre de l’Agriculture [ndlr, de 2007 à 2009], il n’est pas un novice en la matière. Si le gouvernement veut montrer un signe pour l’agriculture il faudra ressortir ça très vite. » Si les récoltes d’octobre vont accaparer les agriculteurs, le président espère recevoir des signes d’ici 15 jours, un mois. D’autant que les lignes pourraient se tendre, à l’approche des prochaines élections au sein des chambres d’agriculture : campagne à partir de mi-novembre, scrutin en janvier et résultats en février. « ça va rajouter de la tension », estime le président sortant (cf infra).

« Il y a de grosses difficultés de trésorerie dans les exploitations agricoles. On constate une hausse de 30% des demandes de report concernant les échéances à la MSA. Et les demandes de financement à court terme sont aussi en hausse de 30%. Les assurances disent être inquiètes du nombre d’agriculteurs qui ne sont plus couverts car ils ne peuvent plus payer leur couverture. » Là aussi, les attentes sont grandes vis à vis de l’Etat. « L’urgence, c’est la trésorerie, il faut en débloquer en urgence et travailler sur des exonérations de charges », énumère le président.

☞ Interrogé sur les élections à venir, Luc Servant a annoncé sa volonté « de [se] présenter au niveau départemental. Après, je vais réfléchir à la région ». Président de la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine depuis 2020, il a également été président de la Chambre régionale de Poitou-Charentes de 2013 à 2016.

Un Salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine ramassé en 2025
L’édition 2025 du Salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine se tiendra comme toujours en parallèle de la Foire internationale de Bordeaux. Nouveauté : la durée du salon, auparavant neuf jours, sera ramenée à six jours. L’évènement se déroulera du 24 au 29 mai. « On veut renforcer la partie professionnelle et faire venir les organisations agricoles qu’il était difficile de faire déplacer sur neuf jours », annonce Luc Servant.

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