Stella Dubourg (TV7) : « sur les Girondins, on prend un risque » - Premium

Il y a encore beaucoup de conditionnel dans le futur proche des Girondins. La plus grosse incertitude concerne évidemment l’avis que le Tribunal de commerce de Bordeaux rendra à l’issue du point d’étape programmé pas plus tard que mardi 17 septembre prochain. Poursuite de la période d’observation du redressement judiciaire ? Ou mise en liquidation judiciaire ? La seconde issue sonnerait le glas de tous les fragiles scénarios qui ont été élaborés jusque-là. Reste qu’en attendant, la vie du club continue dans cet environnement inédit, celui du monde amateur du championnat de National 2. La chaîne de télévision régionale TV7, entité du Groupe Sud Ouest*, a dans ce cadre poussé ses pions et prévoit une couverture éditoriale inédite à son échelle.« Les Girondins de Bordeaux, après leur arrivée en National 2, avaient été approchés par pas mal de sites ou de web télé. Lorsqu’on s’est mis sur les rangs, l’accueil a été immédiat. C’est le Groupe Sud Ouest donc nous avons des liens historiques. Et surtout on a une fréquence TNT. Et ça, pour eux, c’est du pain béni », raconte Stella Dubourg, directrice déléguée et rédactrice en chef de TV7. « Ça leur permet de ne pas “rentrer dans le tunnel” en matière d’audience. Pour eux, le scénario idéal est d’avoir de l’audience télé pour garantir de la visibilité aux annonceurs et de pouvoir jouer au Matmut, pour la billetterie et l’accès des partenaires aux loges. Au stade Sainte-Germaine, rien de tout ça n’est possible », poursuit-elle.Investissements humains et matérielsTV7 propose donc aux Girondins « de les accompagner dans cette remontada et d’écrire l’histoire avec eux ». Aubaine, en National 2, ce n’est pas la LFP (Ligue de Football Professionnel) qui gère les droits, mais chaque club en direct pour ses matchs à domicile. Le Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB) « nous a cédé les droits gratuitement, faisant de nous le diffuseur officiel des matches à la maison. Pour les matches à l’extérieur, il faut qu’on ait l’autorisation du club qui reçoit. En général, ils ont tout intérêt le faire ». Dans ce cadre, il faut mettre en face les moyens nécessaires, humains comme matériels. « Pour chaque match à domicile, l’accord prévoit un commentateur, un consultant et deux caméras. Pour les matches à l’extérieur, un commentateur et une caméra. C’est quand même un dispositif assez contraignant. Pour nous l’investissement et la prise de risque ne sont pas négligeables », analyse Stella Dubourg.TV7 rétrocède les images à la LFP « qui pour le moment n’en fait rien » et livre par ailleurs l’exclusivité - jusqu’au lundi soir - du replay à Free Foot, « un des partenaires qui nous accompagne ». Et réalise son propre résumé du match, poussé sur le site sudouest.fr. Et le dispositif ne s’arrête pas là. « On prolonge la diffusion des matches par un véritable accompagnement éditorial. » À la clef, le lancement d’une émission baptisée « Top Foot », tous les mercredis dans le cadre de la tranche « 19h : Sports ». Au programme : 12 minutes sur l’actualité des Girondins de Bordeaux et 12 minutes sur le reste de l’actualité foot régionale.Un difficile équilibre financier« C’est une prise de risque, un investissement », martèle Stella Dubourg, qui nous fait entrer dans les coulisses du deal. « On co-commercialise avec les Girondins. Tout ce qui permet de couvrir les frais, c’est pour nous. Au-delà, on partage 50-50. » Une bonne fortune qui n’est pas encore atteinte. « Pour le moment, on n’y est pas. Mais là, le but, c’est que ce soit une opération qui ne nous coûte pas d’argent. Faire de gros bénéfices, je n’y crois pas. Mais par contre on y gagne en notoriété. » TV7 aurait ainsi fait un carton d’audience sur le premier match. « Forcément, le huis clos nous sert », sourit-elle. L’annonce d’un nouveau huis clos pour le match ce samedi 14 septembre à domicile contre Bourges au stade Sainte-Germaine est, à quelque chose malheur est bon, également une bonne nouvelle pour la chaîne. Si elle ne peut dévoiler les chiffres d’audience sur le linéaire, la directrice les reconnaît « bien plus importants » qu’à l’accoutumée et se félicite par ailleurs des 50.000 visites sur le site sudouest.fr, qui assure l’hébergement et la diffusion web de TV7. Une base sur laquelle aller à la conquête d’annonceurs. « Les Girondins travaillent avec leur carnet d’adresses et leurs sponsors historiques et Sud Ouest avec son portefeuille. On ne se marche pas dessus ». Au chapitre des priorités : trouver un sponsor pour l’émission du mercredi.« Si on voit que ça ne marche pas sur la durée, on sera obligé d’arrêter, ça ne pourra pas durer éternellement si on ne couvre pas au moins nos frais », reconnaît la directrice déléguée. En attendant, TV7 minimise sa prise de risque autant que possible. « L’investissement matériel ne va pas servir que pour les Girondins. On va diffuser des matches des Boxers, ce qu’on avait déjà fait et qu’on va refaire. L’idée c’est aussi d’accompagner les autres clubs régionaux et continuer à être présents sur de grands évènements. Ce week-end, on sera sur le Décastar. On a l’exclusivité du tournoi de tennis de Primerose, on est sur le Lacanau Pro, sur le championnat de sauvetage sportif côtier à Hossegor, sur la Coupe des Landes de basket… Que ces moyens supplémentaires qu’on engage ne soient pas exclusivement dédiés aux Girondins, sinon c’est trop compliqué à supporter. Le modèle économique d’une chaîne régionale est fragile. »Un pari sur la durée ?En cas de remontée en National 1, « on serait à peu près sur un scénario identique », estime Stella Dubourg. Ce qui donne a priori une perspective de deux ou trois années au cadre actuel. « À partir du moment où le club serait en Ligue 2, c’est la LFP qui reprendrait la main et là, tu rentres dans un jeu totalement différent, ça devient beaucoup, beaucoup plus compliqué. »* Le Groupe Sud Ouest est par ailleurs, notamment, actionnaire majoritaire du média Placéco.

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