Les Chanvres de l'Atlantique : « c'est le matériau de construction de demain »
Vincent Lartizien, fondateur de l'entreprise. Crédits : Les Chanvres de l'Atlantique
Alors qu'il y a presque un an, Vincent Lartizien évoquait pour Placéco, la construction de deux nouvelles usines, le projet vient de franchir une nouvelle étape. L'équipe des Chanvres de l'Atlantique a reçu récemment une subvention de l'ADEME : 15 millions d'euros. Une somme conséquente qui devrait permettre à ces usines d'êtres opérationnelles d'ici deux ans. Objectif du projet : valoriser l'ensemble des matières premières fournies par la culture du chanvre.
Le projet était déjà dans les tuyaux, il y a presque un an, en octobre dernier et il devrait prochainement accélérer. Vincent Lartizien, fondateur des Chanvres de l'Atlantique, et son équipe, viennent d'obtenir une subvention de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) de 15 millions d'euros pour la construction de deux nouvelles usines. « C'est une grosse subvention, pour un projet de développement qui est quand même peu commun ; nous sommes une petite entreprise, dont le chiffre d'affaires annuel tourne autour du million d'euros et avec une démarche bien précise : développer la culture du chanvre », explique Vincent Lartizien. « Nous n'étions pas certains d'être suivis sur ce sujet, mais la pertinence de notre projet a fait que l’ADEME a décidé de nous accompagner complètement, et c'est qui va nous permettre d'avancer plus concrètement », analyse le fondateur de l'entreprise.
Exploiter l'ensemble de la plante
Créée en 2016, la société les Chanvres de l'Atlantique se concentre principalement sur la transformation des graines de chanvre à destination de la consommation alimentaire. Ou en tout cas, c'était le cas jusqu'à présent. « Ces deux nouvelles usines vont nous permettre d'obtenir les matières premières qui nous manquent dans la culture du chanvre, puisqu'aujourd'hui on ne traite que la graine. Ce qui représente un manque à gagner pour les agriculteurs avec lesquels nous travaillons », détaille Vincent Lartizien. « Nous prévoyons désormais exploiter l'ensemble de la plante, notamment la fibre et le bois de la tige, appelés chènevotte. Ce matériau présente des opportunités considérables pour des industries comme le textile, le paillage pour les animaux ou encore les fibres techniques », affirme t-il. « Il peut également être utilisé pour développer des bétons végétaux et à mon sens, il s'agit là du matériau de construction de demain. »
Deux nouvelles usines, d'environ 10.000 mètres carrés, qui permettront notamment de produire des modules préfabriqués en béton de chanvre. « L'idée est que ce béton soit utilisable facilement. On a vu les contraintes qu'on avait à utiliser ce béton végétal en brut et pourquoi peu de gens s'en servaient : c'est un matériau qui est long à obtenir et qui demande un certain temps de séchage », affirme Vincent Lartizien. « Donc en proposant des modules préfabriqués, on élimine ces deux contraintes et on propose un produit facile d'utilisation et plus vertueux qu'un béton classique. »
Aller vers plus d'autonomie
La mise en service des nouvelles installations est prévue pour fin 2026 ou début 2027, si tout se passe comme prévu. « Nous avons devant nous une année encore de démarches administratives avant d'entamer la construction qui devrait elle aussi nous prendre une année », estime le fondateur des Chanvres de l'Atlantique. Une échéance qui devrait permettre à l'équipe de « développer une filière agricole dédiée, capable d'approvisionner ces usines en matières premières. » C'est en tout cas la feuille de route qui a été tracée. « Ces usines ont besoin d'un millier d'hectares en culture pour fonctionner à plein régime. Et aujourd'hui, on a 500 hectares pour la graine. Donc il faut qu'on développe 1.000 hectares en plus pour la fibre », affirme Vincent Lartizien.
Des infrastructures qui vont également leur permettre de gagner en autonomie. « Nous travaillons déjà sur le textile, puisque nous avons quelques collections, mais ce n'est pas nous qui défibrons. Nous le faisons faire en Normandie. Or, ces nouvelles usines que nous construisons vont nous permettre de le faire ici, dans les Landes. C'est une manière d'être plus autonomes, à notre échelle mais pourquoi pas imaginer ce modèle aussi à l'échelle de la région ? », analyse t-il. « Parce que si nous sommes capables d'avoir nos matières premières pour le textile, pour le BTP, mais aussi pour les médicaments, c'est unique. Aujourd'hui, on va chercher ces matières à l'autre bout de la planète. Et si demain, on pouvait le faire à l'échelle du territoire ? » Une vision et un modèle qui peuvent être reproduits à d'autres endroits de la planète selon lui. « Pour nous, ce qui est important, c'est de proposer des alternatives qui permettent de changer la manière de consommer et l'accès aux matières premières. Or le chanvre peut vraiment être cultivé partout sur la planète. Le modèle économique que nous développons ici, on va pouvoir le retranscrire dans n'importe quel pays. Et c'est ce qui rend cette culture si importante à nos yeux. »
Les Chanvres de l'Atlantique
Année de création : 2016
Implantation : Saint-Geours-de-Maremne
CA en 2023 > 1M€