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Plus de 40% des artisans néo-aquitains en situation financière critique ?

Écosystème
mercredi 19 février 2025

Gérard Gomez, président de la Chambre de métiers de l'artisanat de Nouvelle-Aquitaine. Crédit : DM

Fin 2024, la Chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine a réalisé une vaste enquête de conjoncture. Quel est le niveau de confiance en l’avenir des artisans régionaux ? Quels sont leurs sujets de préoccupation ? Eclairage.

À l’automne dernier, la Chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine a envoyé un questionnaire de conjoncture à plus de 90.000 artisans de Nouvelle-Aquitaine. Sur la confiance globale en l’avenir, réponse mi-figue mi-raisin du panel : 50,6% se déclarent pessimistes. Aux avis extrêmes, on constate que les plus pessimistes (pas du tout confiance, 14,4%) sont deux fois plus nombreux que les optimistes (très confiants, 6,4%). « Ça touche tous les secteurs d’activité », souligne le président de la chambre, Gérard Gomez (lui-même artisan taxi en Pyrénées-Atlantiques). 31,25% des répondants déclarent devoir faire face à des défis financiers majeurs, parmi lesquels la gestion d’une trésorerie suffisante pour couvrir les charges (URSSAF, impôts, taxes), l’impact de la hausse des coûts (matières premières, énergie, frais généraux) ou encore la difficulté à maintenir des marges suffisantes pour rester compétitifs malgré ces hausses.

25% des répondants signalent des difficultés liées à la clientèle et au chiffre d’affaires. Ils mettent ainsi en avant la baisse du pouvoir d’achats des clients, la difficulté à fidéliser une clientèle régulière ou élargir leur base de clients et enfin une concurrence accrue, qui oblige à pratiquer des prix bas au détriment de leur rentabilité. « Certains avis me semblent biaisés, tempère Gérard Gomez, je parlerai plutôt d’une baisse ressentie du pouvoir d’achat, car l’inflation est plutôt contenue ces derniers mois, voire en baisse. Les banquiers n’ont pas vu autant d’épargne depuis 2019. Il y a surtout de la prudence et de l’attentisme de la part des ménages. Et ce ressenti met les artisans en difficulté. »

Une plus grande fragilité financière

Sur la santé financière de leur entreprise, 40,6% des répondants se disent « en situation financière critique ». Le secteur de la Production est le plus touché, avec 45% des entreprises qui font état de la criticité de leur situation, tandis que le secteur du BTP semble moins affecté, avec 35% de cas critiques signalés. 28,6% estiment leur santé financière « fragile mais permettant de faire face à la situation », quand 30,8% jaugent la santé financière de leur activité « correcte ». Concernant les projets RH pour les six prochains mois, 81% envisagent de maintenir l’effectif actuel. 11,9% envisagent de licencier (5,5%) ou de ne pas remplacer des départs volontaires ou des fins de contrat (6,4%), quand ils sont 7,1% à se projeter sur le recruter de nouveaux salariés. « Notre premier capital, c’est le capital humain. On veut le maintenir, garder nos personnels, quitte à rogner un peu nos marges pour cela », synthétise Gérard Gomez.

Toujours à six mois, 46,7% des répondants ont un projet de formation pour eux, leurs salariés ou d’apprentis. « C’est tout de même une marque d’optimisme, c’est positif », estime le président. C'est dans les secteurs des services (51,9%) et de l’alimentaire (50,7%) que les projets de formation sont les plus nombreux. Reste que l’impact de la baisse des aides de l’Etat sur l’apprentissage pourrait être colossal : seulement 21,1% des répondants maintiendraient une continuité dans leur recours à l’apprentissage, 44,4% diminueraient la voilure et 34,9% arrêteraient de recourir à des apprentis. Des chiffres édifiants, quand 34,2% des répondants estiment que la première motivation de prendre un apprenti est d’investir sur des recrutements à long terme et 27,6% pour assurer la transmission de leur savoir-faire. « Cette vision des choses est un peu la lumière au bout du tunnel », veut croire Gérard Gomez.

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