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Bâtiment : « La situation se dégrade très fortement » en Gironde

Écosystème
lundi 24 juin 2024

Thierry Leblanc, président de la FFB Gironde, lors de l'assemblée générale de la fédération le 20 juin. Crédits : FFB Gironde

La Fédération française du bâtiment de Gironde dévoile dix propositions, à l’attention des candidats aux élections législatives. Parmi elles : le rétablissement du prêt à taux zéro universel, une prise en compte des réalités territoriales pour appliquer la zéro artificialisation nette, ou encore la révision du dispositif Responsabilité élargie du producteur. Pour Placéco, le président de la FFB départementale, Thierry Leblanc, détaille ces mesures et revient sur la situation du secteur.

Dans le contexte politique mouvementé que l’on connaît, et à l’approche d’un possible changement de majorité, les syndicats et fédérations de professionnels s’organisent pour se faire entendre. Si certains restent silencieux, d’autres préfèrent interpeller les candidats, comme la Fédération française du bâtiment de Gironde. Dans un communiqué, elle appelle ainsi à « un sursaut collectif et des engagements puissants en faveur du logement ». Et formule dix mesures qu’elle juge « essentielles », pour soutenir les artisans et entrepreneurs du bâtiment. « Nous avons déjà porté ces propositions aux précédents députés et au gouvernement, mais aujourd’hui il n’y a eu aucun sursaut, ou de trop petites évolutions », commente à Placéco Thierry Leblanc, président de la FFB Gironde. Qui poursuit : « On demande de pouvoir construire du logement, car il y en a besoin. Le département accueille toujours 18.000 nouveaux arrivants par an, sans parler des 48.000 demandes de logements sociaux non pourvues sur Bordeaux Métropole. »

Selon les dernières données de la CERC, la Cellule économique régionale de la construction de Nouvelle-Aquitaine, le nombre de déclarations d’ouverture de chantier, ces douze derniers mois, a chuté de 15% par rapport à l’année précédente. Quant aux emplois, toujours sur une année glissante, 3.000 ont été supprimés sur le département. « La situation se dégrade fortement, insiste Thierry Leblanc. On s’en doutait, vu que les promoteurs immobiliers et les offices HLM avaient considérablement diminué leur production. » Malgré la sonnette d’alarme tirée plusieurs fois depuis le début de l'année, pourquoi la situation ne se débloque-t-elle pas ? « Je pense que le gouvernement, ou même notre président, n’aime pas trop l’immobilier. Je pense qu’ils n’ont pas mesuré l’impact que pouvait avoir le logement collectif et individuel dans l’activité de la France », réfléchit notre interlocuteur.

Un PTZ pas suffisamment incitatif

Sans surprise, le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) universel arrive en tête des dix propositions de la FFB Gironde. Car le dispositif concerne désormais le logement collectif neuf, en zones tendues… est loin de satisfaire les professionnels de la construction, qui demande sa réouverture aux zones non tendues, et aux maisons individuelles. « Il faut que chacun puisse y accéder, qu’il soit à Bordeaux, Brive, Libourne ou Langon, martèle notre interlocuteur. C’est une façon de garder les gens sur le territoire et au plus proche de leur lieu de travail. D’autant qu’en zones tendues pour des primo-accédants, c’est là où le PTZ fonctionne le moins - le prix au mètre carré est plus cher. On a l’impression que cette nouvelle mesure a été écrite pour qu’elle ne soit pas appliquée, car elle n’est pas incitative. »

Autre sujet de mécontentement, le dispositif REP (responsabilité élargie du producteur), qui intervient sur la gestion des déchets et la fin de vie des produits. En l'occurrence, des matériaux de construction. Introduit par la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire), le REP Bâtiment prévoit que les metteurs sur le marché d’un produit prennent en charge financièrement leur traitement en fin de vie. Et qu’une éco-contribution soit ajoutée au prix de vente des produits, reversée ensuite à des éco-organismes chargés de la revalorisation. « On n’y est pas opposé, au contraire, précise d’abord Thierry Leblanc. Mais aujourd’hui les entreprises payent cette écotaxe, et la reprise des déchets est très mal gérée car il n’y a pas de centres de traitement. C’est pour cela qu’on demande une révision du dispositif, pour qu’il soit plus efficient. Certaines entreprises payent deux fois, au moment où elles achètent le produit, et lorsqu’elles gèrent leurs déchets. »

« Attention aux promesses de campagne »

Par ces propositions, la FFB Gironde entend surtout que les futures politiques gouvernementales « collent aux réalités du territoire ». Le président de la Fédération cite ainsi en exemple la question de la ZAN, la zéro artificialisation nette des sols, qui entre progressivement dans sa phase opérationnelle. Sujet clivant depuis de longs mois, le dispositif veut lutter contre l’artificialisation des sols. Un frein à la construction, selon Thierry Leblanc : « Si un industriel veut se développer en Gironde, et que le territoire ne permet pas de lui donner un droit à construire, il sera obligé de déménager. Avec les conséquences que ça peut avoir. Or, ce droit à construire sera une règle décrite par le projet de loi, et ne suivra pas forcément les réalités territoriales ! On demande que cela soit revu et anticipé en fonction des besoins des industriels locaux. »

Si les partis politiques avancent aujourd’hui plusieurs propositions, à l’approche du premier tour, Thierry Leblanc reste prudent. « Attention aux promesses de campagne », insiste-t-il. « Je suis intimement convaincu que l’Etat n’a pas les moyens d’avoir un plan important et soutenant de l’investissement, et pourtant il faut loger les gens. Entre la rénovation du parc existant qui est conséquente, des objectifs ambitieux et les investissements nécessaires, je pense que les adéquations budgétaires seront compliquées à tenir. » Mais, conclut-il : « Il faudra aller vite. Aujourd’hui, ce sont 3.000 salariés de perdus, on risque d’avoir un effet boule de neige au second semestre 2024. »

Les dix demandes formulées par la FFB Gironde :
Rétablissement d’un PTZ universel dans tous les territoires, et pour tous les types de logement
Arrêt de la surenchère réglementaire
Adaptation de l’objectif ZAN aux réalités des territoires
Limitation de la sous-traitance en cascade
Rétablissement d’un dispositif de soutien à l’investissement locatif
Révision du dispositif REP
Stabilisation de MaPrimeRenov
Maintien d’une politique de soutien à l’apprentissage
Révision du montant de la franchise de TVA
Maintien de l’équilibre et du dialogue social

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