Pour inventer le Canadair de demain, Hynaéro se rapproche de Bt2i Group - Premium

La jeune pousse girondine Hynaéro, qui travaille à la conception et la fabrication Fregate-F100, présenté comme le Canadair de demain, vient de franchir une étape d’importance, dans un long parcours chiffré globalement à un milliard d’euros. Jeudi dernier, elle a signé un protocole de coopération (MoU, memorandum of understanding) avec Bt2i Group, acteur basé à Bordeaux et spécialisé dans les activités de chaudronnerie, d’usinage de pièces mécaniques et d’assemblage de sous-ensembles complexes. En milieu d’année, Placéco évoquait le rapprochement opéré par ce dernier avec JVgroup. Une opération menée sous l’impulsion de leur actionnaire commun, Tikehau Capital, ce qui pourrait ne pas être neutre pour l’avenir d’Hynaéro. « On a débuté le recueil du besoin opérationnel des opérateurs pour le traduire en spécifications techniques. Hynaéro œuvre à la définition de l’appareil (concept, design) et assurera la mise en œuvre à Mérignac de la chaîne d’assemblage finale. Mais nous sommes une startup, on est réaliste et humble. On sait que la réussite va dépendre des partenariats industriels qu’on pourra établir pour nous accompagner. On doit s’appuyer sur des industriels établis pour tenir les échéances », analyse David Pincet, associé fondateur et président d’Hynaéro.Et pour Bt2i, dont les compétences sont clairement identifiées, quel intérêt ? « Ce partenariat rentre bien, je pense, dans le cadre de la stratégie de développement du groupe car il devrait leur permettre de développer leur activité de fabrication de structures aéronautiques avec de la valeur ajoutée en construisant de gros sous-ensembles », analyse-t-il. Fabrice Dumas, président de Bt2i, corrobore, évoquant à propos d’Hynaéro « un nouveau programme ambitieux, qui s’inscrit totalement dans le positionnement stratégique du groupe dans le segment “High Mix Low Volume” et de surcroît, dans notre ancrage géographique du Sud-Ouest de la France ».Signature du protocole jeudi dernier. Crédit : DR« Qu’un groupe de cette importance rentre en coopération avec nous, ça crédibilise notre programme. Cela nous aidera à mettre en place d’autres partenariats », reprend David Pincet. Ainsi d’un contrat de coopération espéré à brève échéance avec un bureau de design aéronautique situé au Québec. Ou de ce protocole qui devrait être signé le 15 décembre prochain avec l’Aéroport de Bordeaux, afin de verrouiller quatre hectares en bord de piste, où la ligne de production devrait voir le jour. « C’est important de sécuriser le foncier dès maintenant. Nous travaillons en parallèle avec des opérateurs immobiliers aquitains sur la partie construction des locaux et de l’usine. Si on prend en compte tous les délais, les études environnementales, la demande de permis de construire, la réalisation… il n’y a pas de temps à perdre si on veut un premier prototype en vol en 2028. »31 millions d’euros pour la conceptionLa SAS, qui a officiellement vu le jour début octobre, « a déjà un business plan qui a été validé, avec l’appui d’un industriel », souligne notre interlocuteur. Globalement, ce sont près d’un milliard d’euros qui devraient être engagés en vue de conclure les premières ventes, espérées peu après 2030. A très brève échéance, Hynaéro travaille à une levée de fonds d’amorçage. Cette opération, qui devrait être menée auprès d’investisseurs privés et de business angels, prendra la forme d’un BSA-AIR, des valeurs mobilières donnant accès au capital de manière différée. « Bordeaux Technowest, qui nous accompagne, nous a recommandé ce mécanisme, un outil financier adapté aux startups en situation de pré-seed. Il permet d’obtenir rapidement du capital, indispensable pour pouvoir présenter au Conseil régional une demande de subvention R&D ». Bpifrance sera également sollicitée.Entre aujourd’hui et le printemps prochain, Hynaéro doit réunir un million d’euros. En parallèle, la jeune pousse est accompagnée par une banque d’affaires, en vue de boucler une première grosse levée de fonds. Il s’agirait là d’une opération évaluée à 31 millions d’euros, pour mener la phase de conception sur 12 mois, entre l’été 2024 et l'été 2025. Au-delà, David Pincet ne cache pas que l’accord signé la semaine dernière met Hynaéro dans la lumière de l’actionnaire de Bt2i Group et de son fonds Tikehau Ace Capital, très intéressé par l’aéronautique. « On souhaite bien sûr que notre programme Fregate-F100 suscite l’intérêt de Tikehau », confirme-t-il.Susciter l’intérêt de la France et de l’EuropeLe Fregate-F100 susciterait déjà des marques d’intérêt, notamment de la part de Safran, mais aussi jusqu’en Turquie, même si Hynaéro préférait des connexions franco-européennes, souhaitant autant que possible « mettre en place des partenariats industriels en boucle courte, pour réduire l’empreinte carbone de la construction ». Et le dirigeant de rappeler les enjeux : « Aujourd’hui le Canadair n’est plus fabriqué, mais De Havilland Canada pourrait relancer cette production. Le Fregate-F100 est le seul projet européen d’avion amphibie moderne bombardier d’eau. Il y a la nécessité d’amener sur le marché cette capacité opérationnelle moderne. Et ce sont de forts enjeux de souveraineté, notamment économique. 90 Canadair volent en Europe actuellement. Leur renouvellement entre 2030 et 2050 représente un marché de plus de plus de 6 milliards d’euros et autant pour le reste du monde », calcule-t-il.Et de rappeler qu’Hynaéro table sur 500 emplois locaux à terme, au moment où la production atteindrait son rythme de croisière de 10 appareils par an, avec 2.000 emplois pour l’écosystème régional supply chain et sous-traitants. « Nous avons pu présenter notre programme Fregate-F100 au ministère des Finances - Direction Générale des entreprises - au SGDSN et à la Sécurité Civile. Nous espérons obtenir une formalisation de leur intérêt et leur soutien. Le vrai coup d’envoi, qui va permettre à Hynaéro de décoller et de lancer le programme, ça va être l’intérêt de la France et de l’Europe », se projette David Pincet.HynaéroSAS créée le 4 octobre 2023Siège social : Mérignac (incubateur Bordeaux Technowest)

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