Comment l’Eusko veut investir une partie de son fonds de garantie sur le territoire - Premium

Ce samedi s’est tenue l’assemblée générale annuelle de l’association Euskal Moneta, qui porte l’Eusko. L’occasion de nommer officiellement le nouveau coordinateur, Nikolas Blain. L’occasion aussi de faire le bilan annuel chiffré des actions de la monnaie qui a fêté ses 10 ans l’année dernière. Lors de cette assemblée générale ont été présentés également les deux projets d’envergure qui vont occuper l’association dans les prochaines années. D’abord, Gizartearen Moneta, l’expérimentation d’une monnaie locale transfrontalière entre le Pays basque nord, le Baztan, et le Guipuscoa.Le second projet lui porte sur l’investissement du fonds de garantie. En effet, pour chaque euro transformé en eusko, pour des questions de fonds de garantie, l’association doit stocker ces euros sur un compte. « Chaque fois qu'on émet de la valeur, en l'occurrence des eusko, on est obligé de consigner la même somme sur un compte bancaire parce que si le système s'arrête du jour au lendemain, on doit être en capacité de tout rembourser », explique Nikolas Blain. « De l’argent qui dort et qui n’est pas utilisé pour le territoire ». Alors l’idée serait de pouvoir en utiliser une partie.Deux obstacles Après des échanges avec l’agglomération Pays basque, un premier pas avait été franchi en sortie de pandémie de COVID. « L’agglomération a commandé une étude de faisabilité juridique pour vérifier quelles seraient les conditions pour libérer une partie de ce fonds de garantie », déroule Nikolas Blain. Libérer une partie de cette somme pour la réinvestir dans le territoire et « le mettre au service de projets qui favorisent la transition écologique et énergétique du territoire est complètement dans l'ADN de l’Eusko depuis le début », précise-t-il. Parmi les autres domaines identifiés, il y a celui du foncier, notamment agricole, ainsi que le logement. Mais pour que ce projet puisse voir le jour, il faut lever deux obstacles. Euskal Moneta va d’abord devoir trouver un partenaire financier, qui acceptera de remplacer une partie du fonds de garantie prélevée pour être utilisée sur le territoire. Un partenaire qui déterminera le montant qu’il sera capable de garantir à la place d’Euskal Moneta. L’association pourra ainsi donc prélever le même montant de son fonds de garantie et alimenter un projet du territoire. Restera aussi à identifier le ou les projets à accompagner. Reste que pour la première session, Euskal Moneta devra sûrement les identifier en amont de la validation du dossier final afin d’apporter les garanties nécessaires. « Est-ce que ce sera pour un partenaire plus institutionnel avec une assise financière plus solide, et une capacité de rembourser ou des associations locales, tout cela reste à définir dans les prochaines semaines », assure le coordinateur d’Euskal Moneta. Mais ce qui est sûr c’est que « ce fonds de garantie devra être reconstitué tôt ou tard, donc ça ne pourra pas être un investissement à perte, il faudra à un moment donné une capacité de remboursement qui permettra de financer d’autres projets ». Apporter des garanties financières à l'APCR. C'est le deuxième obstacle à lever. Car pour que le dispositif puisse voir le jour, l’organisme de contrôle et de certification des systèmes de paiement en France devra en valider la teneur. Euskal Moneta mise sur une élaboration du projet cette année pour un premier projet financé dès l’année prochaine. Un projet qui dépasse même le seul Eusko, puisque Euskal Moneta fait partie du mouvement SOL, la fédération des monnaies locales, pour qui cette expérience inédite fera office d’opération pilote. Autres développementsEn parallèle, Euskal Moneta poursuit son développement avec à ce jour plus de quatre millions d’eusko en circulation, faisant d’elle, la plus importante monnaie locale d’Europe. L’an dernier, ce sont 70.000 eusko qui ont été redistribués via le don de 3% en eusko permis par les transactions des particuliers et professionnels. Parmi les objectifs stratégiques, Euskal Moneta veut toucher de nouveaux secteurs. « Par exemple le BTP sur lequel on n'allait pas jusqu’à maintenant, on se rend compte qu’un maçon peut accepter de l’eusko qu’il peut ensuite reverser en salaire par exemple » , argumente Nikolas Blain. De nouveaux secteurs mais aussi d’autres dépenses. « On veut aller sur les dépenses contraintes du quotidien », poursuit-il. « Si on arrive à aller sur l’abonnement de bus, la cantine des enfants, on aura vraiment intégré le quotidien ». Enfin, si l’Eusko est présent dans 38 mairies du Pays basque, elle envisage d’approcher les 50 d’ici 2026.

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