Après-législatives : « -25% de transactions immobilières en un an » (FFB) - Premium

Avez-vous le sentiment que les sujets économiques ont été suffisamment abordés pendant la campagne, de même que vos problématiques ? Assurément, non, le logement, priorité numéro 1 des Français était absent des débats. Seuls quelques partis ont évoqués le sujet avec des mesurettes qui ne sont pas à la hauteur des enjeux et de la crise que subit le secteur du bâtiment depuis quelques mois. Des mesures qui auraient également eu des effets contre-productifs et aggravants pour nos finances publiques. Il va se construire 260.000 logements cette année alors qu’il en faudrait 450.000 pendant 10 ans pour couvrir les besoins de la population. Au-delà de ce constat, ce qui est le plus problématique ce n’est pas le constat du déficit pour 2024 mais surtout que peu de projets sont programmés à suivre. L’inertie directement liée à notre secteur , entre le temps du projet et le temps de construction, nous promet déjà d’autres très mauvaises années qui vont avoir un lourd impact pour les entreprises de construction, les promoteurs, mais également toute la chaîne de l’acte de construire, bureaux d’études, notaires, agents immobiliers, architectes, etc. Si la dynamique se relance, car elle se relancera, nous serons en peine car la capacité de production et l’ingénierie auront disparu vers d’autres secteurs. Donc, non, les politiques et les partis n’ont pas été à la hauteur de l’enjeu économique et social que représentent le logement et la construction. Quels métiers du BTP sont plus exposés que d’autres aux décisions politiques qui vont se jouer ? La situation actuelle est plutôt généralisée et touche tous les métiers du BTP, à commencer quand même par ceux focalisés sur le neuf. Aujourd’hui, ce sont essentiellement les entreprises qui travaillent dans le logement neuf que ce soit avec des promoteurs ou des constructeurs de maisons individuelles. Mais il ne faut pas oublier que traditionnellement , chaque transaction immobilière apporte son lot de travaux d’amélioration de rénovation ou de mise au gout du jour. Avec -25% de transactions immobilières sur le département de la Charente-Maritime en 1 an (Ndlr : Chiffres CERC Nouvelle-Aquitaine), ce sont tous les corps d’état qui sont concernés. A lire également : Après-législatives, « les décisions ne se prennent plus » (Medef 17)Dans quelle mesure ces changements de cap politique au niveau national ont un impact au niveau régional ? Quel avenir pour les entreprises du BTP ? Il n’y a pas de réelles différences entre le sort de notre département ou de notre région par rapport au reste de la France. Le coup d’arrêt est global et essentiellement lié à la brusque remontée des taux d’intérêts qui n’ont pas été compensées en France par des mesures contracycliques. Au contraire, cette situation a été renforcée par le choix politique de mettre un coup d’arrêt au prêt à taux zéro et au Pinel. A titre anecdotique et simpliste, le Pinel coûte 9% à l’Etat quand il rapporte 20% de TVA sur la construction. Dommage de se priver de cette solution pour loger les Français. Dans le détail, notre littoral s’en tire un peu mieux quand même, moins sujet aux variations des politiques publiques.Rétablissement du Prêt à taux zéro Deux réformes phares sont portées par le Nouveau Front Populaire : une revalorisation du smic à 1.600 euros net et l’abrogation de la réforme des retraites. Quels impacts pourraient avoir ces décisions sur les entreprises du secteur du BTP ? En ce qui concerne l’abrogation de la réformes des retraites, je n’ai pas d’avis tranché. Beaucoup de nos salariés peuvent être usés par le travail manuel et tout allongement de la durée de départ en retraite peut-être source de difficultés à gérer pour les entreprises. Concernant le smic à 1.600 euros net, c’est autre chose. Notre secteur travaille avec une convention collective qui se base sur les compétences et les niveaux de diplômes. L’ascenseur social fonctionne très bien dans notre secteur et les différents échelons sont équitablement répartis en fonction de ces critères. Notre secteur a également revalorisé fortement les grilles depuis 3 ans pour contrer l’inflation. Augmenter artificiellement le premier échelon à 1.600 euros va déstabiliser cet équilibre car les échelons supérieurs vont être tassés. Compte-tenu de la situation de crise que nous traversons, il sera impossible de lisser la grille dans les proportions actuelles. J’ajoute également que les salariés des entreprises de bâtiment ont régulièrement des primes de déplacement ou trajet ainsi que des « paniers » qui viennent parfois substantiellement augmenter le net mensuel. On constate une pénurie dans les secteurs du BTP. Certaines dispositions qui permettent de répondre à ce problème sont-elles menacées ? La pénurie de main-d’œuvre était un problème aigu il y a quelques mois encore mais la conjoncture est en train d’auto-solutionner la situation. Nous venons de perdre plusieurs centaines d’emplois en Charente-Maritime depuis 2 ans. A lire également : Comment le groupe Ridoret fait face à la crise du logement Qu’attendez-vous du prochain gouvernement comme mesures pour mieux adresser ce sujet ? Nous attendons très clairement que le logement revienne au cœur de l’action politique. Nous attendons peut-être déjà que soit nommé un véritable ministre du Logement, pourquoi pas un ministre d’Etat pour un secteur qui emploie 1.200.000 salariés directs, ça nous paraîtrait légitime. De manière concrète, la Fédération Française du Bâtiment a proposé 10 mesures simples à l’occasion des élections législatives : le rétablissement d’un prêt à taux zéro universel accessible dans tous les territoires et pour tous les types de logement ; l’arrêt de la surenchère réglementaire, l’adaptation de l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) aux réalités des territoires ; la limitation de la sous-traitance en cascade ; le rétablissement d’un dispositif de soutien à l’investissement locatif ; la révision du dispositif de Responsabilité élargie des producteurs (REP) ; la stabilisation de « ma prime renov » ; le maintien d’une politique de soutien à l’apprentissage ; la révision du montant de la franchise de TVA ; le maintien de l’équilibre du dialogue social. Si l’on commence par traiter ces points, on devrait espérer une amélioration de la situation. Quels sont les sujets et préoccupations que la filière régionale veux porter en priorité à l’attention et à l’agenda des nouveaux députés du département ?Tout d’abord, la prise de conscience des difficultés. Chaque député, circonscription par circonscription peut-être sensibilisé par ses ressortissants mais l’enjeu est global. Sur notre département, de très nombreux recrutements échouent, tous secteurs confondus, faute d'avoir un parc immobilier en capacité de les accueillir. Que ce soit la pénurie, ou alors le niveau de prix à mesure que l’on se rapproche du trait de côte ou de l’agglomération rochelaise ou royannaise. Il est nécessaire que nos élus puissent avoir une vision et se projeter à horizon 5 ou 20 ans et entreprendre les actions nécessaires pour répondre aux ambitions de notre territoire. Rien ne se fera d’autre, si nous ne sommes pas en mesure de loger. Enfin, nous souhaitons que soit mis fin aux dogmatisme et aux utopies liés au logement. Se loger est un besoin primaire. Notre secteur est conscient de l’impact qu’il représente sur l’environnement mais il en est aussi un acteur positif en se réinventant au quotidien que ce soit pour s’adapter aux contraintes réglementaires de performances ou pour faire évoluer les techniques de construction avec des matériaux nouveaux et du réemploi. Aujourd’hui, nous bâtissons et rénovons pour le climat et pas contre. Stop à la stigmatisation, l’enjeu est ailleurs.

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