Air Booster transforme les bardages métalliques « en radiateurs géants » - Premium

À l’occasion du Wolrd Impact Summit qui s’est tenu à Bordeaux les 30 novembre et 1er décembre derniers, bon nombre de startups girondines étaient présentes, pour faire connaître leurs solutions pour l’environnement. Parmi elles, Air Booster, dont le projet a été initié il y a trois ans par Christophe Fourcaud. « Nous transformons les murs des bâtiments métalliques professionnels en radiateurs géants, pour pouvoir économiser entre 30 et 80% sur la facture de chauffage », explique ce dernier. En France, chaque année, 15 millions de mètres carrés de bâtiments métalliques se construisent. Fort de ce constat, Christophe Fourcaud s’est demandé comment utiliser à bon escient ce bardage : « En hiver, durant une journée ensoleillée et alors qu’il ne fait que 10 degrés dehors, la façade la plus au sud du bâtiment reçoit énormément d’énergie solaire, reprend-il. Au point que sa température se situe entre 60 et 70 degrés. » Injecter de l'air chauffé jusqu'à 50 degrés Concrètement, Air Booster démonte entre 10 et 15% de la surface au sol du bâtiment, récupère le bardage, qui atterrit dans son atelier. L’équipe technique le transforme – de façon invisible -, puis fait appel à un professionnel pour le reposer. « Grâce à la ventilation du bâtiment, on aspire l’air froid de l’extérieur, on l’oblige à circuler dans le mur et au contact de la taule chauffée par le soleil, cet air froid se réchauffe avant d’être injecté massivement à l’intérieur du bâtiment. » Cet air, une fois injecté, peut grimper jusqu’à 50 degrés. À l’inverse, durant l’été, le système permet de renouveler l’air dans un bâtiment, durant la nuit, en allant chercher l’air extérieur lorsque celui-ci est plus frais. Une solution qui permet d’abaisser la température du bâtiment de 4 ou 5 degrés. Après avoir intégré l’incubateur Bordaux Technowest, puis avoir bénéficié d’une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine, la startup est rapidement montée en puissance, et a pu développer plusieurs prototypes. Jusqu’à réaliser son premier projet à échelle 1, il y a un an. « Nous avons équipé un bâtiment de 1.600 m² appartenant à la société Api Distribution, explique le dirigeant d’Air Booster. Mais nous travaillons aussi sur des bâtiments neufs, par exemple pour Airbus qui est en train de construire 17.000 m² à Roissy pour stocker des avions A350. Dans ce cas de figure, nous intégrons directement 1.000 m² de solution autour du bardage. » Selon Christophe Fourcau, les entreprises faisant appel à Air Booster et à sa solution « volontairement low-tech » rentabiliseraient leur investissement en près de cinq ans. Lever des fonds pour s'étendre en Europe La jeune pousse, labellisée par la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard, voit aujourd’hui son carnet de commandes exploser. Elle a ainsi dû déménager de Saint-Jean-d’Illac à Saint-Médard-en-Jalles, pour intégrer des locaux plus spacieux. « On reste girondin, mais on a un développement national qui s’accélère avec la crise énergétique, commente notre interlocuteur. Aujourd’hui nous avons une soixantaine de projets qualifiés, en cours, partout en France. » Pour asseoir son modèle économique et « envisager la suite sereinement », Air Booster a bouclé, il y a deux mois, une première levée de fonds de 453.000 euros auprès d’investisseurs. « Time for the planet s’intéresse de près au projet, et nous sommes en cours de discussion pour réaliser une levée de fonds plus importante et partir assez rapidement à l’international », précise Christophe Fourcaud. Le dirigeant imagine franchir cette étape d’ici deux ans, d’abord en Europe « de façon structurelle », avant un développement en dehors des frontières européennes. « Cela nécessitera peut-être de changer un peu notre modèle économique, imagine-t-il. Pour croître encore plus vite, nous pourrions nouer des partenariats avec des structures, par exemple, sans tout dévoiler maintenant. » Mais en attendant, il s’agit pour la startup de dimensionner ses équipes, et son usine de production. Encore seul il y a deux mois, Christophe Fourcaud compte désormais cinq personnes à temps plein, et souhaite en recruter deux autres sur l’analyse des besoins clients. Deux autres verticales en développement Air Booster, qui a déjà déposé deux brevets depuis sa création, travaille à l’élaboration d’une nouvelle innovation, qu’elle devrait déposer en 2023 : une batterie thermique, qui permettrait de stocker le surplus d’énergie non valorisée pour la réutiliser plus tard – dans la nuit, par exemple. « Notre solution est trois fois plus puissante que du photovoltaïque – jusqu’à 600W par m². On est parfois obligé de couper le système pour éviter que tout le monde se retrouve en maillot de bain », plaisante Christophe Fourcaud. Deux autres verticales sont développées par la société, dont une activité sur les process industriels, pour permettre à des fabricants de placoplâtre de sécher ce matériau. « Ils doivent aujourd’hui prendre des quantités d’air énormes, à l’extérieur – jusqu’à 100.000 mètres cube par heure -, puis le chauffer au gaz jusqu’à atteindre environ 130 degrés. Nous avons une vraie valeur ajoutée, car nous sommes capables d’augmenter de presque 40 degrés la température par rapport à l’extérieur. » Enfin, troisième secteur concerné par cette solution : le séchage de céréales avant leur commercialisation. « Nous avons une forte demande sur ces sujets, et nous sommes en train de nous structurer pour y répondre. La verticale des process industriels nous semble la plus prometteuse, actuellement, en termes de volumes et de besoins, car il ne s’agit pas de quelque chose de saisonnier », conclut le dirigeant. Air BoosterBasée à Saint-Jean-d'Illac5 salariésCA : n. c.

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