Comment les Pyrénées-Atlantiques veulent se lancer dans la compensation carbone du tourisme - Premium

« Le Geste 64, c'est la dernière brique de notre travail sur la décarbonation du tourisme dans le département », présente Christophe Voisin, directeur du développement de l'ADT 64. « Nous travaillons déjà sur la communication, sur l'offre. Le Geste 64 est à la fois une opération de sensibilisation et une façon de donner aux visiteurs des Pyrénées-Atlantiques de compenser l'impact de leur séjour. »Concrètement, il s'agit à l'heure actuelle d'un site internet compilant des conseils de gestes bas carbone : privilégier des transports et des activités peu émetteurs de CO2, préférer les séjours longs aux séjours courts, choisir des hébergements responsables… Mais aussi un site permettant en quelques clics à un touriste de calculer son bilan carbone. L'équation est simple, à en croire le site du Geste 64 : 1 jour dans le 64 = 51,14 kgCO2éq = 5,26€/personne. « Nous basons notre calcul sur le cours du crédit carbone, explique Christophe Voisin. Actuellement, celui-ci coûte cent trois euros la tonne, et selon les chiffres de l'Ademe, un touriste dans le 64 produit en moyenne 53 kilos de CO2 par nuitée, donc 5,26€ par jour et par personne ». Un bouton « Je contribue » fait basculer l'internaute vers une boutique en ligne lui permettant de payer la somme correspondant à son séjour. Celle-ci est ensuite consacrée à l'achat de crédit carbone auprès de partenaires du Geste 64.Un projet mené avec deux startups béarnaisesOuvert depuis le mois de juillet, le site a été créé en collaboration avec deux startups béarnaises : H64 et Carbogest. « On a voulu faire quelque chose de vertueux et qui a un impact local », souligne Christophe Voisin. H64, spécialisé dans le développement en marque blanche de places de marché crédit carbone a créé la plateforme. La société n'en est pas à son coup d'essai et compte déjà quelques beaux projets à son actif, en particulier la plateforme The Zero Fund, testée à grande échelle lors du G20 de Charm-El-Cheikh. Carbogest, de son côté, se charge de trouver des partenaires pour le projet, capables d'émettre les fameux crédits carbone achetés par les touristes.« En France, n'importe qui ne peut pas émettre des crédits carbone, il faut être labellisé, explique Christophe Voisin. Carbogest nous aide, en détectant et accompagnant les agriculteurs qui veulent se lancer dans des méthodes plus vertueuses, par exemple, mettre en place des puits de captation du CO2 ». La startup, hébergée au sein de la technopole Hélioparc, aide les agriculteurs à obtenir cette labellisation, qui leur permettra ensuite de faire de l'émission de crédits carbone une partie de leur modèle économique. « Nous travaillons à l'heure actuelle avec sept agriculteurs, dont deux se trouvent dans le 64, dénombre Christophe Voisin. Et nous essayons, avec Carbogest, d'enrichir ce portefeuille ».Reste à faire connaître le système aux visiteurs du département… Pour cela, Le Geste 64 propose à des partenaires du monde du tourisme de déployer des boutiques en ligne sur leur site. « Par exemple Gîtes de France, les centres de congrès, les offices de tourisme… détaille Christophe Voisin. Lors des rencontres de l'e-tourisme au Palais Beaumont par exemple, nous avons mis en place sur leur site un bouton "Je compense mon séjour", que le touriste peut actionner au moment de sa réservation et qui le bascule vers notre site ». Autre modèle envisagé : une sollicitation du voyageur par email après son séjour.« Une étape importante »Pour l'instant les résultats sont « très faibles », convient volontiers Christophe Voisin. En cause, un système encore trop peu ergonomique : « À l'heure actuelle, on ne couple pas le paiement du séjour avec l'acquisition de crédit carbone. Il faut d'abord faire un acte d'achat de son séjour, et seulement après le voyageur peut basculer sur notre site. À ce moment-là, l'internaute a déjà rangé sa carte bancaire, c'est trop tard. On travaille donc à développer une solution qui couple les deux. Il faut vraiment que le produit soit optimum et qu'il y ait qu'un seul acte d'achat ». L'objectif est d'avoir un produit réellement au point pour le début de la prochaine saison estivale.« Les places de marché carbone sont un marché encore assez faible, mais qui se développe très rapidement, considère Jamil Benabdallah, PDG de H64. Il y a dans les territoires une vraie volonté de décarboner, avec des objectifs concrets. Outre le calcul de l'empreinte carbone et les stratégies de réduction, il y aura toujours une partie des émissions qui restera irréductible. Les places de marché permettent de soutenir les activités qui séquestrent du carbone en permettant leur financement ». Le projet de l'ADT64 est pour lui « une étape importante. On a besoin d'éclaireurs, d'organisations qui peuvent donner à d'autres acteurs la voie à suivre. Par exemple, conclut-il, le Centre Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine va lui aussi s'équiper d'une plateforme de ce type en marque blanche. Le Geste 64 est un projet pilote, qui donne un exemple de solution ».

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