Réseau Entreprendre Adour : 2024, « une année de rebond » - Premium

Quel bilan tirez-vous de l’année 2023-2024 pour le Réseau Entreprendre Adour ?C’est une année de rebond, après une année 2023 qui a été un peu ralentie. L’année dernière, nous avions une promotion de lauréats relativement modeste, avec quatorze projets. C’est aligné par rapport à ce qui se passe nationalement, mais en-dessous de ce que nous pensions faire. Sur ces quatorze projets, seulement sept étaient de la création ou de la reprise, les sept autres étaient issus de notre outil booster pour des entreprises déjà installées. C’est anormal d’avoir autant de projets boosters. 2023 n’a clairement pas été un grand cru… on peut aussi noter que si le nombre de premiers contacts, c’est à dire les gens avec qui nous avons l’opportunité de faire un accompagnement, est stable aux alentours de 250, on observe un effondrement de leur qualité, ce qui amène à ce que l’on n’en ai gardé que quatorze. Sur 2024, nous avons déjà dix projets engrangés, et une dizaine de plus qui pourraient se concrétiser, avec une répartition entre création/reprise et booster qui redevient normale. Souhaitons que l’année se termine comme elle s’est engagée !« On est passés sur une phase euphorique »Vous évoquiez une baisse de qualité des contacts, est-ce une illustration de la hausse de « l’entrepreneuriat subi », des gens qui deviennent entrepreneurs faute d’avoir trouvé un emploi salarié ?Oui, post-covid il y a eu des gens qui se sont imaginé qu’être entrepreneur c’était se créer son propre emploi et travailler à la maison…Cela se répercute-t-il sur vos critères de sélection ? Nous sommes très exigeants. Les projets sont particulièrement écrémés avant d’être sélectionnés : il y a une double sélection qui se fait, par nos adhérents, mais aussi par nos banquiers. En post-covid, nous avons observé un mouvement frénétique vers l’entrepreneuriat, et l’enthousiasme était un peu contagieux, y compris pour nous, et pour les banquiers. On est passés sur une phase euphorique, on a pris des risques, et notre taux de défaillance a un peu augmenté dans tous les secteurs d’activité. On a maintenant décidé d’être plus attentifs, les comités d’engagement ont été briefés. Et les banquiers ont aussi largement resserré les boulons en amont. Cela peut aussi expliquer pourquoi, en 2023, on a eu autant de projets booster que de création/reprise. Ce sont souvent des dossiers plus solides, plus dynamiques que les nouveaux dossiers.À lire également - Réseau Initiative Béarn : « On voit aujourd'hui de plus en plus de gens qui choisissent l'entrepreneuriat »Cette tendance à l’amélioration en 2024 est-elle, selon vous, révélatrice d’un état d’esprit plus optimiste des entrepreneurs ? 2024 a certainement été une année d’espoir retrouvé après 2023 très anxiogène. Maintenant, cet espoir sera-t-il accompagné par des indicateurs au vert ? Je ne sais pas. Je pense que la rentrée de septembre sera un dur retour à la réalité. Au moins, nous avons un premier ministre, c’est déjà ça… mais je ne suis pas certain que la houle d’instabilité que l’on a depuis quelque temps soit résorbée. Sur nos territoires, le Béarn et le Pays basque sont moteurs, les Landes sont un peu plus en retrait alors qu’elles avaient trouvé une forme de croissance. On note aussi, étonnamment, un rebond en Bigorre, autour de Tarbes.Quels secteurs sont les plus porteurs pour l’entrepreneuriat ? Il y a d’abord, le commerce pur et dur, porté par des solutions digitales. Il y a aussi des artisans industriels, des gens qui sont encore de petites structures mais ont l’intention de grandir, et pas mal de projets dans les services, par exemple l’aménagement d’espaces à vivre à destination des collectivités ou particuliers. Nous avons aussi un cuisiniste qui a une ambition intéressante pour son réseau de franchise. On verra si ça marche !À lire également - Réseau Entreprendre Adour : « Les porteurs de projets restent optimistes et à l'affût de nouvelles opportunités »Des secteurs plus en difficulté à l’inverse ? Le service à la personne reste toujours très compliqué, je ne crois pas en avoir accompagné un seul cette année. Par ailleurs, ce n’est pas lié à un secteur particulier, mais nous voyons des gens qui avaient commencé des projets à plusieurs associés et pour lesquels l’association se passe mal. Cela donne des dossiers d’entreprise qui ne sont pas forcément structurellement en difficulté, mais les dirigeants, eux, le sont. Ce genre d’association de deux personnes peut être très compliqué, surtout s’il s’agit d’un couple.La RSE, « un de nos axes stratégiques »L’an dernier vous évoquiez votre volonté de faire évoluer la gouvernance du Réseau Entreprendre Adour, en particulier de la féminiser et d’introduire plus de RSE… Où en êtes-vous ? Sur la gouvernance, le groupe de travail a fini ses travaux, on en est à formuler la synthèse. Actuellement, nous avons une gouvernance centrale, qui représente l’ensemble du réseau, des antennes par territoire : Béarn, Landes, Pays basque, Bigorre. Nous avons décidé d’essayer de dupliquer sur chaque territoire des éléments de la gouvernance centrale. Nous voulons homogénéiser nos règles d’engagement selon les territoires, mais aussi décentraliser un peu plus l’animation du réseau. Au sujet de la féminisation, nous sommes encore loin de la parité, il y a peu de femmes dirigeantes dans notre association, c’est un fait. Il faut que l’on aille à leur rencontre, que l’on aille les chercher, faire un travail d’identification sur chaque territoire. Je suis optimiste, il existe de plus en plus de femmes entrepreneurs, donc c’est quelque chose qui va forcément se faire. Quant à la RSE, c’est l’un des trois axes stratégiques que nous avons définis.Comment comptez-vous concrétiser votre stratégie RSE ? Nous avons depuis quelques années un groupe de travail « Impact RSE ». Ce groupe va maintenant prendre trois dimensions. La première est liée aux projets que l’on accompagne : nos partenaires financiers sont sensibles à ces enjeux. Le mouvement est en cours. La seconde dimension, consiste à mettre en place des chartes de bonnes pratiques à direction de nos membres, pour leurs propres entreprises. Nos entrepreneurs trouveront ici de quoi s’acculturer aux enjeux RSE, mais aussi des interlocuteurs et des groupes de réflexion. Dernier point, cette démarche RSE se retrouvera dans notre fonctionnement en interne, nos événements, nos déplacements.Vous mentionniez trois axes stratégiques dont la RSE, quels sont les deux autres ?Nous projetons de développer la communication. Nous sommes forts en animation : la fête des lauréats, le booster camp, on sait faire. Sur la communication, en revanche, on a toujours fonctionné à la petite semaine. Nous voulons maintenant mettre en place une communication au niveau Adour, et être bien relayés et connus de tous, sur tous nos territoires. Nous sommes très bien identifiés en Béarn, qui est le cœur historique de notre association, mais nous voulons avoir la même notoriété dans nos autres territoires. Enfin, dernier axe, la reprise d’entreprise. Nous sommes localement connus par certains acteurs, mais le Réseau Entreprendre Adour n’est pas identifié comme un acteur de la reprise d’entreprise. C’est un manque que nous voulons combler. Sur tous ces axes stratégiques, nous nous donnons un calendrier à trois ans, avec un budget, des moyens. Au bout de trois ans, on fera le point pour voir s’il faut faire des ajustements, continuer ou arrêter.

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