Pourquoi l’Université de Bordeaux alerte sur sa situation financière ? - Premium

La rentrée universitaire s’est passée « dans de bonnes conditions », avec près de 55.000 étudiants inscrits sur les 14 sites de l’Université de Bordeaux, répartis en Nouvelle-Aquitaine. Un effectif en légère hausse, mais qui pourrait être revu à la baisse en 2025… Si la situation financière de l’établissement ne s’améliore pas. À l’occasion de sa conférence de rentrée, le président de l’Université Dean Lewis tire la sonnette d’alarme. « On a une situation budgétaire relativement maîtrisée, un certain nombre de projets stratégiques financés notamment par France 2030, donc on est sur une dynamique de développement. Mais aujourd’hui, l’équation budgétaire telle qu’elle est posée fait qu’à moyen terme, la situation peut devenir très compliquée avec des freins sur le développement de l’établissement et une remise en question du périmètre des missions de notre établissement. »10 à 15 millions d'euros supplémentaires par an En cause, la hausse du coût de la masse salariale, transférée à la charge des universités françaises depuis l’autonomie de ces dernières, dans les années 2010. « Dès 2012 ou 2013, la dotation de l’Etat pour financer les emplois s’est révélée insuffisante. C’est structurel », souligne Dean Lewis. Une contrainte qui n’est pas nouvelle donc, et à l’Université de Bordeaux qui emploie 6.000 personnes, cette masse salariale augmente de 0,5 à 1% chaque année. « On a globalement un budget annuel de 600 millions d’euros par an, et la masse salariale s’élève à 330 millions d’euros. Jusqu’à présent cette hausse représentait entre 2 et 3 millions d’euros chaque année. Or, après les dernières annonces de Stanislas Guérini [ndlr, ministre de la Fonction publique] sur la revalorisation du point d’indice, nous devrons absorber une hausse annuelle de 8 millions d’euros, ramenée à 4 millions d’euros suite aux annonces d’aides gouvernementales », décortique le président de l’Université. Qui rappelle qu’indépendamment du poids pour les universités, cette hausse du point d’indice est « une bonne mesure ». À cette situation s’ajoute le contexte inflationniste qui frappe de plein fouet l’établissement depuis un an, avec le doublement des dépenses énergétiques annuelles de 10 à 20 millions d’euros. Soit, au global, entre 10 et 15 millions d’euros de dépenses supplémentaires chaque année. « Aujourd’hui, la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, nous dit de ne pas changer la trajectoire de développement de l’établissement. Notre seul moyen, c’est d’aller chercher dans nos réserves, annonce Dean Lewis. Nous en avons un peu, ce qui n’est pas le cas d’un certain nombre d’établissements. » Ces réserves financières s’élèvent à près de 70 millions d’euros, dont une partie est déjà préemptée. 20 millions d’euros y ont été puisés cette année, et 2024 nécessitera le même ordre de grandeur. Conclusion : « Il nous reste au mieux 30 millions d’euros de réserves mobilisables, donc l’année 2025 sera très compliquée si rien ne change. Ce seront d’abord des projets d’investissement que nous mettrons de côté, puis se posera la question du périmètre de l’activité de l’établissement, du nombre d’étudiants que l’on accueille et de ce que l’on arrête de faire », déplore Dean Lewis. Pour qui le maintien des sites délocalisés, en dehors de Bordeaux, reste une priorité. « Il ne sera pas envisageable d’en fermer certains », conclut-il.

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