Nucléaire : les soutiens à deux nouveaux réacteurs en Gironde estiment « avoir une longueur d'avance »
La centrale du Blayais pourrait, si telle était la décision de l'Etat en 2026, deux nouveaux réacteurs nucléaires. Crédit: CNPE
Lydia Héraud est la nouvelle présidente du comité de suivi de la candidature girondine pour accueillir deux nouveaux EPR à Blaye. Le monde économique et des élus de la zone projettent le développement induit par ces travaux colossaux qui débuteraient en 2043 si l'Etat choisissait la Gironde.
Autonomie énergétique, accès à une énergie « bas carbone », croissance de l'emploi, nouveaux marchés pour la construction, la logistique, la mobilité, aménagement du territoire… Les arguments des soutiens à la candidature d'une paire de nouveaux réacteurs nucléaires en Gironde sont multiples. Ce vendredi, la conseillère régionale du nord-Gironde, Lydia Héraud, a pris la présidence du comité de suivi de la candidature girondine pour accueillir deux nouveaux EPR en Gironde. Alain Rousset, président du Conseil régional, certains élus de la zone et le monde économique se sont réunis pour appuyer leur soutien à la candidature de Nouvelle-Aquitaine. L'Occitanie a elle aussi déposé un dossier. Certains soutiens estiment « qu'il n'y a pas de concurrence car il reste quatre EPR à placer, cela peut se faire à Blaye et à Golfech ».
De la construction à la déconstruction
« Nous avons une longueur d'avance » estime Alain Rousset. La réponse du gouvernement sur l'implantation devrait intervenir en 2026. Pour lui, l'un des défis à relever pour relever la filière nucléaire sera la formation et le recrutement. « En Nouvelle-Aquitaine, le cluster E-clide est spécialisé dans la maintenance nucléaire, argue-t-il. Il faudra, pour construire ces deux nouveaux EPR, travailler sur toute la chaîne : de la construction à la déconstruction, comme nous avons fait pour les batteries, ce qui nous a demandé 12 ans de travail depuis la recherche jusqu'à l'accompagnement technologique en passant par la formation. »
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L'éventuel accueil de deux nouveaux EPR à Blaye touche à trois enjeux majeurs : la fourniture en électricité de proximité, prévisible et accessible face à la hausse de la consommation prévue pour les années à venir, le recrutement et l'accueil des populations nouvelles.
Entre 2026 et 2043
Lydia Héraud a annoncé la couleur : « si le site girondin est retenu, il faudra un gros travail d'aménagement du territoire, préparer les compétences et les infrastructures. Et cela sur un temps long. » C'est peu dire. En effet, l'Etat doit annoncer la localisation fin 2026 et les travaux de construction des deux nouveaux réacteurs ne commenceraient qu'en 2043. Pour Jean-François Clédel, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Aquitaine, « un EPR est un équipement très structurant pour un territoire et il est indispensable pour une région de disposer d'électricité à proximité, même si d'autres équipements de production électrique peuvent cohabiter. » Les ETI de la région attendent elles aussi ce dossier avec espoir. « Nous avons besoin de bénéficier de cette énergie à proximité pour faire venir d'autres entreprises car cela signifie des contrats fermes pour sécuriser les approvisionnements » affirme Serge Dessay, vice-président du Club de ETI. Cette problématique est importante pour ces entreprises, elles ont même créé un groupe pour acheter l'énergie en commun.
La formation s'adapte
François Perrin, président du Medef Nouvelle-Aquitaine, insiste sur l'importance de conserver le ratio de ⅔ d'énergie produite à proximité et ⅓ importée. « Certes, l'éolien et le photovoltaïque vont se développer mais ce ne sera pas suffisant au regard de l'augmentation de la demande », ajoute-t-il. Selon Lionel Matias, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Gironde-Landes, « l'enjeu majeur réside dans la décarbonation de l'énergie ». Pour Mathias Saura, président du Medef Gironde, « le territoire et la filière s'adapteront ». Pour retrouver les compétences, notamment dans le ciment et l'acier, « abandonnées dans les années 1990 », selon Jean-François Clédel, il faudra un temps long. Le campus Maintenance en environnement sensible, en Gironde, forme déjà des jeunes jusqu'après le bac. Il est d'ailleurs en train de s'agrandir avec un nouveau bâtiment en prévision.
Du côté du Groupe écologiste, solidaire et citoyen de Nouvelle-Aquitaine, les élus s'opposent fermement à ce projet qui, affirment-ils, « ne répond ni aux enjeux climatiques ni aux défis énergétiques actuels et reste hors compétences régionales ». Ils s'appuient sur l'exemple de l'EPR de Flamanville qui « a été marquée par un retard de 12 ans et un surcoût colossal, alors que le système de sécurité l’a arrêté dès le lendemain de son démarrage ».