Placéco Béarn, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Nouvelle-Aquitaine : RTE prévoit 5 milliards d’euros d’investissements d’ici 2030

Écosystème
jeudi 30 mai 2024

La Nouvelle-Aquitaine est la première région en matière d'énergie solaire. Crédits : RTE

À l’occasion de la présentation de son bilan annuel, RTE a esquissé quelques éléments du futur Schéma décennal du développement du réseau (SDDR), qui couvrira la période 2024-2040. A l'échelle française, les investissements devraient grimper à 100 milliards d’euros d'ici 2040. Et devraient s’établir, en Nouvelle-Aquitaine, à cinq milliards d’ici 2030.

En matière d’électricité, les voyants semblent au vert en Nouvelle-Aquitaine. C’est du moins ce que montre le bilan annuel du gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE. Premier constat : la consommation a (légèrement) diminué en 2023 : 41,6 TWh ont été consommés (1,5%), une baisse un peu moins marquée qu’à l’échelle nationale (-3,2%). « Ce volume a été corrigé des aléas météorologiques, précise d’emblée Jérôme Rieu, délégué RTE Sud-Ouest. Cela s’explique en partie par un contexte économique un peu tendu, et par des efforts de sobriété. » Autre enseignement, concernant la production d’électricité : cette dernière est en hausse de 50%, et revient à son niveau d’avant-crise. 52,7 TWh ont ainsi été produits sur les 12 départements néoaquitains, dont plus de la moitié provient du nucléaire. « 2022 était une année très basse, reprend Jérôme Rieu. Il y avait beaucoup d’arrêts dans les centrales [ndlr, réparations liées au phénomène de corrosion sous contrainte à Civaux, fin des opérations de maintenance à Blaye], donc on revient à des niveaux de production de 2021. »

Concernant les énergies renouvelables (EnR), la Nouvelle-Aquitaine reste la première région de France en matière de solaire et de bioénergie, et un tiers de la production globale est issue des EnR. La production solaire a augmenté de 15% l’an passé, l'éolien de 22%, et l’hydraulique, après une année 2022 compliquée, de 40%. Au global, « la région a produit 126% de sa consommation », note notre interlocuteur.

Des investissements massifs 

Pour RTE, la présentation de son bilan est aussi et surtout l’occasion de se projeter vers l’avenir… à horizon 2050, date à laquelle l'Europe doit atteindre la neutralité carbone. Objectif : consommer moins d’énergie au global (et d’énergie fossile), et plus d’électricité. Le gestionnaire table sur une baisse de la consommation française par paliers : 1.600 TWh d’énergie consommée en 2021, dont 25% d’électricité, 1.300 TWh en 2030 dont 35% d’électricité, jusqu’à atteindre 900 TWh consommés en 2050… plus de la moitié d’électricité. Pour cela, quatre leviers ont été identifiés : améliorer l’efficacité énergétique (des bâtiments, des équipements et des procédés), compter sur la sobriété, miser sur le nucléaire, mais aussi sur le renouvelable. « Il y a un chemin possible, mais la démarche prendra du temps », reconnaît Jérôme Rieu.

Surtout, cela nécessitera d’importants investissements. RTE constitue en ce moment le prochain SDDR, le Schéma décennal du développement du réseau, qui courra de 2024… à 2040. Et un constat s’impose déjà : « Les premières analyses que l’on a menées nous poussent à envisager des montants d’investissements, d’ici 2040 de l’ordre de 100 milliards d’euros en France. C’est très conséquent, et cela nécessitera chaque année entre cinq à six milliards d’euros chaque année, là où on en fait aujourd’hui deux », affirme le délégué régional. En Nouvelle-Aquitaine, cinq milliards d’euros d’investissements sont d’ores et déjà envisagés à horizon 2030, répartis dans 900 projets. Concrètement, durant toute la période du SDDR, 4.500 km de lignes aériennes seront rénovées, 1.500 km de lignes souterraines seront construites, ainsi que 250 départs haute-tension dans les postes et 1.100 départs numérisés.

Dans le golfe de Gascogne, un projet d'envergure critiqué
L’investissement le plus conséquent de 2024, 150 millions d’euros, sera fléché vers la future interconnexion électrique entre la France et l’Espagne, passant par le golfe de Gascogne (400 km de long). Montant global du projet, porté par RTE et REE (gestionnaire du réseau électrique espagnol) : 3,1 milliards d’euros, pour échanger entre 2.800 et 5.000 MW avec notre voisin ibérique. De quoi renforcer « la sécurité et la qualité de l’approvisionnement en électricité dans les deux pays ». Ainsi l’an passé, 4,3 TWh ont été acheminés en Nouvelle-Aquitaine depuis l’Espagne, et 2 TWh y ont été exportés, selon les différentes périodes de tension.

Si ce projet est majeur pour RTE, il suscite craintes et interrogations pour certaines associations. Le CNPN, le Conseil national de la protection de la nature, a émis un avis défavorable, notamment pour « une incompréhension vis-à-vis du tracé, qui ne répond pas à l’absence de solutions alternatives satisfaisantes », « une omission surprenante des impacts en milieu marin », ou encore « des mesures de réduction et de compensation très insuffisantes, qui ne permettent pas de répondre à l’objectif d'absence de perte nette de biodiversité » (liste des motifs non-exhaustive). « Cette transition énergétique, elle nécessite de faire du réseau, des lignes, répond Jérôme Rieu. Après, il faut à chaque fois trouver les solutions les moins impactantes, les plus adaptées aux territoires. La technique des liaisons sous-marines est mise en œuvre de manière assez large en France et en Europe dans beaucoup de pays. On l’utilise également sur ce projet, car toutes les études d’impact qu’on a pu réaliser nous conduisent à considérer que c’est la meilleure option possible, compte tenu des contraintes auxquelles on doit faire face et l’ensemble des enjeux que l’on a à prendre en compte. »

Sur le même sujet