Nouveau président du Port de Bordeaux : « L'industrie et la biodiversité doivent être alliées au profit de l'hinterland » - Premium

Pour la première fois, un maire de la rive droite de Bordeaux est élu à la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Bordeaux. Alexandre Rubio, maire de Bassens, où se situent la majorité des activités portuaires, endosse le rôle porté jusqu'à présent par Philippe Dorthe (devenu président du Port center de Bordeaux) et avant lui par Maud Guillerme. Il siégeait au conseil de surveillance depuis quatre ans en tant que représentant de Bordeaux Métropole.Comment vous positionnez-vous par rapport à vos prédécesseurs ?D'eux, je souhaite développer la coopération avec les territoires qu'ils avaient impulsée. Ma priorité maintenant sera de trouver la bonne méthode pour fluidifier les liens entre la communauté portuaire, les services de l'Etat et les territoires. Le port et les territoires sont intimement liés par la création de valeur et d'emplois. Le port est un outil essentiel pour les entreprises de l'hinterland. Ma candidature, portée par la Région, le Département et la Métropole, illustre la volonté des territoires de se situer aux côtés du port et des services de l'Etat, au plus près des acteurs économiques et en totale complémentarité. En cela, le Port center, présidé par Philippe Dorthe et qui se situera à Bacalan, sera un outil formidable. Quel sera votre rôle ?Le conseil de surveillance participe à l'élaboration de la stratégie. La prochaine feuille de route s'étend jusqu'à 2030. Mon rôle dans l'écosystème portuaire et territorial consistera à proposer un équilibre, car une décision à un endroit a forcément un impact à un autre endroit.Justement, est-ce que le maire de Bassens ne sera pas tenté de privilégier sa ville au regard d'autres terminaux portuaires ?Ce serait stupide. Bassens est un des sept terminaux du port et tous sont complémentaires. Puisque vous y faites allusion, le président du conseil de surveillance du port, également maire de Bassens, défendra bec et ongles le terminal du Verdon, par exemple [ndlr, alors que ces deux terminaux ont pu être ressentis comme concurrents pour le trafic de conteneurs]. Chacun des sept terminaux portuaires possède son identité et son utilité. Notre force à tous, c'est, justement, leur complémentarité.On vous sait attaché à l'industrie autant qu'à la biodiversité. Les deux sont-ils conciliables sur les activités portuaires ?Aujourd'hui, on ne peut plus développer l'industrie sans intégrer la biodiversité. Il faut réindustrialiser en prenant en compte la question de l'insertion paysagère de l'industrie, celle de l'environnement, de la nature et de la biodiversité. Les questions de l'eau et de l'énergie sont cruciales pour créer de la valeur. Si on ne concilie pas industrie et biodiversité, on va dans le mur. On devra donc répondre à des questions telles que : « Comment gère-t-on des process industriels par des journées où il fait 50 degrés ? » Pour pouvoir continuer à se développer, il faut être résilient.Comment ce cap peut-il se traduire ?Il se traduit déjà par exemple, par la création récente de l'association BeesZIP (Bordeaux énergies Eau Environnement et Synergies en Zones Industrielles et Portuaires), située à Innogaronne à Bassens, et destinée à coordonner les politiques de décarbonation de l'industrie. Ou la Zone industrielle bas carbone (Zibac). Nous devons poursuivre dans cette voie et nous devrons affiner la méthode dans l'objectif de réunir systématiquement les conditions de la réussite des projets. Par exemple, les connections fret ferroviaire et fret maritime sont un outil primordial à Bassens autant qu'à Ambès pour décarboner l'industrie. Le fret fluvial, en cours de développement sur la Garonne et la Gironde, est également un moyen pour décarboner ce secteur.Bordeaux veut déplacer les paquebots les plus imposants à l'extérieur du port de la Lune. On parle du quai de Brazza et de Bassens. Ces deux sites peuvent-ils accueillir les paquebots ?Bordeaux veut déplacer les paquebots maritimes car ils ne peuvent pas être branchés à l'électricité, les quais ne se prêtant pas au raccordement électrique. Ils doivent donc utiliser leurs générateurs électriques et cela dérange les riverains. Il faut donc trouver un quai qui puisse être rénové pour être électrifié. À Brazza, un collectif d'habitants refuse cette idée. À Bassens, accueillir des navires c'est notre identité puisque nous sommes un port et nous savons que c'est un atout pour l'économie. Nous avons un quai, au niveau de la coulée verte, qui peut être rénové pour être électrifié et ainsi accueillir des paquebots maritime sans engendrer de nuisance. De plus, sur toute cette zone entre le port, Lormont et Bordeaux, il y aura des couloirs dédiés au déplacements doux en site propre, donc une facilité de transport. La rive droite peut donc devenir l'alternative écologique au centre-ville de Bordeaux.Les autres membres du Conseil de surveillance :Etienne Guyot, préfet de la Région Nouvelle-Aquitaine, Edouard Perrier, directeur interrégional de la mer Sud-Atlantique, Samuel Barreault, directeur régional finances publiques de Nouvelle-Aquitaine, Isabelle Martel, représentant le ministre chargé de l’économie, Vincent Jechoux, directeur régional de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Nouvelle-Aquitaine, Mathieu Bergé, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, Baptiste Maurin, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, Vincent Maurin, conseiller départemental de la Gironde, Nadia Saadi, adjointe au maire de la ville de Bordeaux, Nicole Pizzamiglia représentant la CCI, Robert Dulery, président de Médicaments Export SAS, représentant le monde économique, Allan Sichel, président directeur général de la Maison Sichel, Carolle Foissaud, adjointe au président directeur général du groupe Teréga, ainsi que Fanny Berthe, David Barbé et Fabrice Saugeon, trois représentants du personnel du Port.

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