Micro-entreprise : « On ne doit pas tuer le droit à l’initiative économique ! » - Premium

Le 25 mars dernier, des manifestations étaient organisées en France pour dénoncer la réforme de la TVA, qui prévoit d’abaisser le seuil en dessous duquel les micro-entrepreneurs ne sont plus assujettis à la taxe, à 25.000 euros de chiffre d’affaires. Qu’est-ce que cette évolution impliquerait ? Le problème, c’est qu'aujourd'hui 67% des créations d’entreprises en Nouvelle-Aquitaine sont des micro-entreprises. Ce qui représente dans notre région, 62.000 sociétés. Actuellement, les seuils de la TVA sont de 37.500 euros pour les activités de service, et de 85.000 euros pour les activités de commerce. Si on abaisse le seuil, seules 12,5% des entreprises seront encore en dessous, dont plus de 80% devront payer la TVA. La micro-entreprise est un régime fiscal qui permet aux gens de se lancer plus facilement, car lorsqu’on crée son entreprise on doit apprendre son métier mais aussi à être commercial et à gérer l’administratif. Si demain, on ajoute la TVA qui fait peur, on va bloquer le système. Pour le moment, le gouvernement suspend cette réforme jusqu’en juin. Est-ce suffisant, pour vous ? J’espère que le gouvernement va se rendre compte d’une chose qui est complètement aberrante - changer des règles fiscales en cours d’année, alors que les entrepreneurs ont déjà projeté leur business plan, c’est assez incroyable. Donc j’appelle à une abrogation de cette réforme. Il faut toujours réinterroger le système, mais en ouvrant la concertation, qu’on essaye de voir la vertu d’une évolution plutôt qu’être sur de l’idéologie. On ne doit pas tuer le droit à l’initiative économique ! La micro-entreprise est un marchepieds, et 25.000 euros de chiffre d’affaires ne sont pas 25.000 euros de revenus. Avant même la preuve de concept, le premier pas de l’entreprise, on va lui ajouter des difficultés. Les gens ne vont plus oser entreprendre, et cela risque de recréer du travail non déclaré alors qu’on se bat au quotidien pour montrer l’intérêt de s’immatriculer.80% de pérennité à trois ans Pour se recentrer sur les missions de l’Adie, justement, quelle est votre feuille de route à court terme ? D’une part, nous voulons être encore plus présents dans les quartiers et les territoires fragiles. Il ne faut pas oublier que l’Adie, c’est l’association pour le droit à l'initiative économique, et que notre objectif est d’aider le plus grand nombre. En Nouvelle-Aquitaine, l’an passé, il y a eu 92.000 créations d’entreprises dont 70% sont des micro-entreprises. Les besoins sont énormes, et nous finançons chaque année 2.000 projets - ce n’est pas une goutte d’eau, mais on veut faire plus. Et pour cela, il vous faut plus de moyens financiers ? Oui, c’est le deuxième pilier de notre feuille de route, nous voulons relancer un modèle économique. Aujourd’hui, un gros tiers de nos ressources proviennent de financements des collectivités locales, qui souffrent. À terme, elles pourraient moins nous soutenir, donc nous travaillons sur nos relais de croissance. On a la chance, pour une association, d’avoir une part d’autofinancement car il ne faut pas oublier que notre premier métier, c’est le microcrédit. Cet autofinancement est lié à la différence de taux - on achète de l'argent aux banques, que l’on prête ensuite. Nous avons ce socle vertueux, c’est par notre organisation que l’on arrivera à financer le plus grand nombre. L’un des indicateurs que l’on regarde en matière de création d'entreprise est la pérennité des sociétés à trois ans. Quel est ce taux, parmi les micro-entreprises que vous soutenez ? Notre taux de pérennité est de 80%. Tous les trois ans, un organisme extérieur réalise un rapport d’impact de notre activité, c’est d’ailleurs un peu notre force - ces chiffres sont incontestables, et par chance, sont toujours bons. Il faut savoir que l’on œuvre aussi pour l’inclusion des personnes, et plus de la moitiés de celles qu’on accompagne sont allocataires du RSA. Notre but est de les aider à retrouver une place dans la société, et souvent les parcours ne sont pas linéaires, et les micro-entrepreneurs décrochent après quelques années un employé salarié en CDI. Cette action, on la mesure en demandant aux gens qui, trois ans après, ils se sentent inclus et ont retrouvé une place. Ce taux est de 95%. Nous sommes très fiers de ce résultat.

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