Lionel Matias (UIMM) : « Il faut décarboner nos métiers industriels » - Premium

Pourquoi avez-vous souhaité être candidat à la présidence de l’UIMM Gironde-Landes ? Je suis dans le monde du métal et de la sidérurgie depuis ma sortie de l’école d’ingénieur, et j’ai intégré l’UIMM il y a 8 ans, au comité de direction, pour la partie formation et apprentissage. Nous menons beaucoup d’actions pour accompagner nos adhérents sur le territoire, et puis, la particularité de notre organisation, contrairement aux autres territoires, c'est qu’on élit alternativement un PDG d’un grand groupe, puis celui d’une PME ou PMI. Nicolas Foucard travaillait chez ArianeGroup, et A2M Proximétal a moins de 50 salariés. Nous essayons de faire entendre autant la voix des grands groupes que des petites sociétés. Quels sont, pour vous, les sujets majeurs à porter aujourd’hui, dans le secteur de l’industrie ? Eh bien, ce sont ceux de la feuille de route nationale de l’UIMM. Et le premier, c’est remettre l’industrie au centre de la société. Aujourd’hui, nos politiques parlent de réindustrialisation, et nous sommes intimement convaincus que si on ne réindustrialise pas le pays, il sera difficile d’assurer de l’emploi à tout le monde. Le territoire Garonne-Landes est plutôt tourné vers l’aéronautique et le militaire, ce sont deux gros secteurs pour la sidérurgie, mais il y a aussi beaucoup de PME et de PMI dont on parle très peu. Dans l’électronique notamment, à Bordeaux, car c’est maintenant une industrie. Et si demain, on n’a pas de technicien de maintenance, d’outils, de composants… On ne saura pas répondre à la demande. Idem pour la construction, beaucoup de nos adhérents sont dans ce secteur d’activité. L’énergie, problématique majeure Qu’en est-il, aujourd’hui, de la question environnementale dans vos activités ? La décarbonation fait aussi partie de la feuille de route nationale. Si on réindustrialise, il faut en en même temps décarboner nos métiers. C’est la priorité aujourd’hui en termes d’image. Nous avons de vrais besoins en main d’œuvre, beaucoup de pans de l’industrie connaissent des difficultés pour recruter, et si on n’améliore pas notre image de marque, on n’arrivera pas à attirer les jeunes dans nos métiers. L’écologie est une valeur qui est beaucoup portée par les jeunes, on se doit de montrer qu’on fait des efforts en termes de décarbonation et de consommation d’énergie. Justement, comment abordez-vous les mois à venir, entre une flambée des prix de l’énergie et de possibles restrictions ? C'est évidemment notre problématique majeure. Nous sommes en train de discuter avec le gouvernement, pour trouver des solutions. Que les industriels ne se retrouvent pas sans contrat électrique, ou avec des factures exorbitantes, qui pourraient remettre en cause le bien-fondé d’entreprises. Car demain, certaines pourraient arrêter leur production à cause de cette hausse des tarifs. S'emparer de la RSE En juin dernier, Nicolas Foucard expliquait à Placéco qu’il ne sera pas possible de reconquérir tous les secteurs industriels, en France et sur notre territoire. Partagez-vous ce sentiment ? En tant qu’organisation patronale, on a du mal à dire qu’on devrait privilégier tel ou tel secteur. Ce sont nos adhérents qui nous sollicitent, on se doit de les accompagner… Mais je rejoins ce qu’a dit Nicolas, on ne pourra pas tout faire en même temps. Notamment sur la décarbonation, tout le monde ne pourra pas être vert du jour au lendemain – on a un outil industriel à étudier, des investissements à programmer sur les années à venir. L’un des autres points de notre feuille de route est d’aider les entreprises à s’emparer de la RSE. Les grands groupes ont les capacités d’avoir des salariés pour mettre en place des actions, nous, on se fait fort d’accompagner les plus petites sociétés. Pour qu’elles s’engagent, qu’elles se tournent vers des achats responsables, vers la décarbonation de leur structure, ou la construction durable. Je pense que nos adhérents prennent conscience de l’importance de la RSE, car celui qui demain ne s’y mettra pas, n’arrivera plus à recruter, à trouver des fournisseurs ou des clients.

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