Clap de fin pour l’accélérateur Up Grade Nouvelle-Aquitaine - Premium

Il n’y aura donc pas de troisième appel à manifestation d’intérêt (AMI), après ceux sur 2018-2020 puis 2021-2023, pour piloter l’accélérateur régional Up Grade Nouvelle-Aquitaine. Le Conseil régional, à l’origine de ce dispositif destiné à accompagner les entreprises en hypercroissance, estime en effet que « la poursuite du programme tel qu’il est aujourd’hui n’apparaît pas pertinente ». « Les résultats en matière d’accélération demeurent fragiles, le nombre de startups accélérées faible, bien en deçà de l’ambition affichée », indique ainsi le président de Région Alain Rousset à Didier Roux, président d’Unitec, qui était l’opérateur du dispositif.Un bilan mitigéA ce jour, six promotions et 33 startups identifiées comme en phase d’accélération ont été accompagnées, pour un objectif fixé entre 50 et 60. Entre le premier et le second AMI, un parcours préparatoire de pré-accélération avait été ajouté, en partenariat avec NAT (Nouvelle-Aquitaine Technopole, regroupant les 10 technopoles de Nouvelle-Aquitaine), pour renforcer le vivier des candidats. Reste que sur le dernier appel à candidatures par exemple, seulement trois dossiers avaient été déposés. Région comme Unitec s’accordent pourtant pour souligner que « plusieurs projets ont franchi un cap dans leur croissance, en termes de ressources humaines (Rhinov, eShard, Poool…), d’internationalisation (Dronisos, Dynvibe…) ou d’industrialisation (OliKrom, Poietis, Emulseo…) ». Plus de 110 ateliers collectifs ont été montés pour les 47 dirigeants accompagnés. « Il y a eu beaucoup de boulot », estime Stéphane Rochon, directeur général d’Unitec. « Il est intéressant de voir qu’on a créé des collectifs, trois-quatre ans après leur sortie d’Up Grade, il subsiste des relations fortes entre entrepreneurs, pour travailler ensemble ou se soutenir », a-t-il constaté.Un outil de financement visant à renforcer les fonds propres des startups en phase de croissance avait été mis en place. Initié en 2021 mais rendu opérationnel seulement en avril 2023, suite à des « difficultés à engager des souscripteurs et à des complexités juridiques » analyse-t-on à la Région, le fonds Nouvelle-Aquitaine Accélération, doté de 3,3 millions d’euros (70% Région, 30% Arkea, cible à 10 millions) devait permettre une intervention sous la forme d’obligations convertibles (quasi-fonds propres) de 150.000 à 400.000 euros. Bilan : trois projets ont bénéficié de ce fonds, un seul issu d’Up Grade, émanant de la promotion 2018.Vivier et écosystèmeSur l’ensemble des structures qui ont été accompagnées par Up Grade, « 75% sont issues d’Unitec », souligne Stéphane Rochon, non pour la gloriole de sa technopole, mais parce que, pour un dispositif régional, « ça pose un problème de n’avoir pas réussi à trouver suffisamment de candidats ailleurs qu’à Bordeaux ». Les raisons ? « Le tropisme bordelais, pointe notamment le directeur général d’Unitec, Bordeaux est une métropole avec plus de 100.000 étudiants, une quinzaine d’écoles d’ingénieurs, des labos un peu partout et une grande attractivité pour les projets exogènes. » D’où l’implication renforcée des dix technopoles régionales, permettant de constater, depuis fin 2022, « une meilleure adhésion du réseau NAT au programme proposé, notamment par le biais de la pré-accélération, et l’émergence de nouveaux projets dans la cible ».La nature même d’entreprise en hypercroissance peut ainsi être interrogée. « On retenait des entreprises à partir de 600.000 euros de chiffre d’affaires dans l’année, ça reste petit. L’hypercroissance peut elle-même être conjoncturelle mais pas forcément solide dans le temps », analyse Stéphane Rochon. Qui s’interroge : « A quel moment une entreprise est-elle vraiment en hypercroissance ? La difficulté, c’est d'avoir une hypercroissance réelle et pérenne dans le temps, pour des entreprises finalement très jeunes. Est-ce que les cibles n’auraient pas dû être plus matures ? » Et un - gros - impondérable est venu perturber la dynamique de l’hypercroissance. « Il y avait notamment des entreprises qui s’adressaient au marché de l’hôtellerie-restauration, secteurs touchés par le crise du covid. C’était une période de stagnation, il fallait passer en mode survie, il y avait les PGE… Sur les six années d’Up Grade, il y a eu 18 mois vraiment très durs. »Bien né ?Du côté de la Région, le retour d’expérience amène à constater que des startups potentiellement concernées n’étaient pas convaincues par l’accompagnement proposé, car « académique, long, multi-sectoriel » ou en doublon avec leur propre board. Est également remontée « une attente des startups sur des expertises très pointues, sectorielles notamment, dans une approche commerciale et/ou industrielle, intégrant du mentorat et offrant un accès business, plutôt qu’un parcours complet considéré comme trop théorique ». « Les aider sur le commercial n’était pas l’objectif de départ, rembobine Stéphane Rochon, ça peut être un sujet intéressant, mais selon quel mode ? Up Grade est un service construit sur fonds publics, il ne faut pas être en concurrence avec le marché car la proposition autour de l’offre commerciale est quand même pléthorique. »Le budget annuel du programme Up Grade, environ 600.000 euros, reposait à 85% sur le financement public, avec par exemple cette année 388.000 euros de la Région et 100.000 euros issus du FEDER. Le modèle prévoyait également la contribution des startups participantes, à hauteur de 800 euros par mois et l’opérateur finançait à hauteur de 30.000 euros. En six ans, le coût global du programme atteint ainsi 3,3 millions d’euros, dont 2,2 millions apportés par la Région (67%) et 570.000 du Feder (17%). Soit quelque 100.000 euros par startup accélérée, résume-t-on au Conseil régional. Et d’analyser que « parmi les 33 projets accompagnés, un tiers seulement déploie une innovation répondant précisément aux enjeux du SRDEII [ndlr : Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation], seules cinq startups sont hors territoires bordelais et aucune n’a, à ce jour, véritablement franchi l’étape d’accélération en maintenant sa gouvernance ».Réflexion en 2024« Dans ce paysage en pleine évolution, la Région Nouvelle-Aquitaine maintient une attention tout à fait particulière à l’enjeu de l’accélération, qui demeure centrale pour renforcer la solidité et l’ancrage régional de nos startups, futures PME et ETI de notre territoire », assure dans son courrier au président d’Unitec le président Rousset, qui reconnaît aussi « l’importante mobilisation, les efforts fournis et le travail de fond » des équipes d’Up Grade. Et d’inviter les acteurs « œuvrant pour la création d’entreprises innovantes », Nouvelle-Aquitaine Technopoles et agence ADI NA en tête, « à se mobiliser collectivement et à inscrire des actions concertées et collaboratives dans la continuité des six premières années d’Up Grade ». Dans son message annonçant aux administrateurs d'Unitec l'arrêt d'Up Grade, Stéphane Rochon confirme : « La réflexion avec les acteurs de l'accompagnement va donc se poursuivre en 2024. »

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