Budget du département : La majorité défend « des choix difficiles », l’opposition dénonce « du saupoudrage » - Premium

C’est dans un Parlement de Navarre plein à craquer, que le Conseil Départemental a mis au vote, ce jeudi, son projet de budget primitif 2025. À l'extérieur, comme dans la Salle des délibérations, quelques dizaines de manifestants protestent contre un budget 2025 qui réduira de façon drastique les dépenses de la collectivité. Un « budget difficile », assume d’entrée de jeu le président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre. « Lorsque les ressources se réduisent, il faut limiter les dépenses », pose l’élu. Et de rappeler « l’effet de ciseaux » dans lequel est pris le département, entre baisse de ses recettes et hausse de ses dépenses, « de près de 100 millions d’euros ». Et d’énumérer la revalorisation du RSA, les hausses de rémunérations décrétées par le Ségur de la santé, la prise en charge du handicap, l’augmentation de 6 millions d'euros de l’APA (Allocation personnalisée d'autonomie), une mesure sociale en faveur des personnes âgées et dépendantes. Ces 100 millions d’euros, assure Jean-Jacques Lasserre, « ne disparaitront pas ».À lire également - Le Département des Pyrénées-Atlantiques annonce de nouvelles économies Conséquence de ceci, un budget primitif 2025 marqué par 43 millions d’euros d’économies. Sur ces 43 millions, 30 seront réalisés sur l’investissement et treize sur le fonctionnement, avec une baisse moyenne de 30% des subventions accordées par le Département. Un budget « de grande rigueur » que « nous n’aurions pas souhaité prendre », mais censé permettre « de dégager des priorités ». Parmi celles-ci, souligne l’élu, une augmentation de 3,5% du taux directeur des EHPAD, « la plus forte de la région Nouvelle-Aquitaine », une augmentation de 9% des dotations des collèges, « près de 30 millions d’euros par an » mobilisés sur quatre ans pour la construction et la réhabilitation de logements sociaux, le maintien des aides à l’installation des jeunes agriculteurs, et 17 millions d’euros consacrés à l’aide aux communes malgré « de nombreux dossiers gelés depuis 2024 ». Alerte sur l’épargne du Département Des orientations détaillées, un peu plus tard dans la séance, par Véronique Lipsos-Sallenave, vice-présidente chargée des finances. En 2025, la situation financière de la collectivité sera « fortement dégradée », confirme-t-elle, avec des recettes, représentées à 71% par la fiscalité (TVA et droits de mutation) stagnant à 798 millions d’euros face à des dépenses passant de 734 à 752 millions d’euros. Dans le détail, les dépenses d’investissement du Département passeront de 137 à 124 millions d’euros. Celles-ci seront principalement consacrées aux infrastructures (28 millions d’euros), au logement (24 millions d’euros) et aux travaux dans les collèges (21 millions d’euros). Les dépenses de fonctionnement, elles, s’élèveront à 752 millions d’euros. Parmi celles-ci, une part « extrêmement importante » est consacrée aux dépenses sociales, ainsi qu’au SDIS, aux collèges, et au fonds de péréquation des droits de mutation, un mécanisme de redistribution entre les différents départements français auquel les Pyrénées-Atlantiques sont contributeurs nets à hauteur de 27,4 millions d’euros. Autre contribution, ponctuelle celle-ci, la ponction exercée par l’Etat sur les budgets des collectivités locales, qui s’élèvera pour le Département à 1,2 million d’euros, au lieu des 15 millions d’euros initialement prévus. L’épargne brute du Département est passée de 15,6% en 2022 à 5,8% prévus en 2025. « Nous n’avons plus la capacité à soutenir nos investissements sans recourir à l’endettement », constate l’élue. L’épargne nette passe elle de 23 millions d’euros à deux. « Sans la reprise de résultats de 25 millions d’euros qui avait été dégagée en 2024 », cette épargne nette serait même négative, alerte l’élue, qui insiste sur l’importance « de dégager un résultat sur l’année pour pouvoir construire un budget l’année suivante ». Mécaniquement, l’encours de dette progresse, de 366 à 388 millions d’euros, affaiblissant la capacité de désendettement du Département, qui passe de 5,7 à 8,4 années.À lire également - Dans une « situation financière dramatique », le Département va réduire ses investissements en 2025« Nous avons dû recevoir notre Plan pluriannuel d’investissement, ajoute Véronique Lipsos-Sallenave, car notre situation ne nous permet pas d’engager tout ce qui avait été prévu à l’origine ». Le nouveau PPI cible désormais 73,17 millions d’euros en 2028. Au total, c’est un budget primitif de 975 millions d’euros qui est présenté par le Département. Faute de plus d’engagements de l’Etat, « dans les mois et les années à venir, nous devrons faire preuve d’encore plus de responsabilité et de créativité pour maintenir cet équilibre budgétaire », conclut la vice-présidente. « Saupoudrage »Les élus d’opposition « ne remettent pas en cause » le constat d’une équation budgétaire « intenable à moyen terme », déclare Stéphanie Maza, présidente du groupe de la gauche au Parlement de Navarre. Mais l’élue renvoie d’abord ses homologues de la majorité départementale à leur bord politique. « L’Etat ce n’est pas une lointaine abstraction, c’est un gouvernement composé de vos amis, votre famille politique, qui sont au pouvoir depuis 8 ans, souligne-t-elle. Si vous n’êtes pas d’accord avec les exigences de l’Etat qui asphyxie de plus en plus les collectivités, faites votre coming out social et rejoignez les bancs de la gauche ». La saillie déclenche des rires. Le reste des interventions des élus de gauche sera nettement plus tendu. Le groupe d’opposition dénonce une vision « court-termiste », faite « dans la précipitation et la violence », dénonce en particulier les « coupes drastiques » dans les subventions aux associations et un social réduit au rôle de « variable d’ajustement ». Surtout, les différents orateurs de gauche déclarent regretter « l’absence de choix politiques » et de « volonté de prioriser certains secteurs ». « Vous faites du saupoudrage, vous avez fait le choix de ne pas faire de choix », accuse Stéphanie Maza. Le reproche déclenche des échanges très vifs entre la présidence et les élus de la majorité et ceux de l’opposition, s’accusant mutuellement de déformer les propos de ses homologues, d’insensibilité aux enjeux sociaux et d'incapacité au dialogue… tout en regrettant tous l’ambiance délétère des débats.

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