2/2 Jean-François Fountaine à Placéco : « Faire de la politique et être chef d'entreprise : il faut scinder les deux » - Premium

Qu’est-ce-qui vous a donné envie de faire de la politique au tout début ?J'ai toujours été maître de mon destin et donc j'ai créé mon entreprise à 25 ans. On n'avait pas du tout d'argent et on a pu la développer doucement. On était artisan, puis on est monté en puissance. Et puis, depuis que je l'ai quittée il y a maintenant onze ans, elle va beaucoup mieux. On fait un développement incroyable, ça prouve qu'on a choisi les bons, donc ils ont fait un développement considérable. Je suis en politique d'abord parce que je n'aime pas râler mais ne pas agir. Donc quand je disais, « les politiques sont nuls », je me suis dit que j’allais essayer d'agir. Le deuxième élément, c'est Michel Crépeau. Pour remettre dans le contexte, on est en 1994, Michel vient d'être battu aux élections législatives alors qu'il vient de créer l'Université de La Rochelle. Il souhaite continuer à être maire de La Rochelle. Il m'appelle pour me dire : « Je voudrais que tu rentres au conseil municipal ». Mais je ne voulais pas être deuxième ou troisième couteau et ma vie d'entreprise était prioritaire. Et quand l'âge de la retraite s'est approchée, il y a maintenant onze ans, j'ai dit à mes collègues que je souhaitais être candidat. Après, ce sont les électeurs qui choisissent. Vous qui êtes élu et ancien chef d’entreprise, comment concilie-t-on l’intérêt public et l’intérêt privé ?C'est une très bonne question. Alors c'est très simple. En ne travaillant plus du tout dans l'entreprise. On me dit seulement ce qu’il s’y passe, mais je n'ai aucun rôle, je ne suis plus au conseil d'administration, je n’y travaille plus. L'entreprise ne vit pas des marchés publics, elle vit des clients à travers le monde. Donc à la fois, je dirais, par éthique personnelle, mais par ailleurs, moi je suis surveillé par la Commission nationale de la transparence sur la vie publique qui me demande des comptes et de tout dire. Celui qui aujourd'hui veut jouer à ça, je lui déconseille. Moi, je suis là pour servir la vie publique, je ne suis pas là ma vie d'entreprise, j'y ai mis un terme, j'ai même démissionné avant d'être élu. Et plutôt que d'avoir une retraite paisible, j'ai tous les emmerdements d'un maire et d'un président. Bien sûr, je rigole, c'est passionnant. Comment faire, justement pour que les chefs d’entreprises fassent de la politique?C'est très compliqué la vie publique, quand on veut additionner une vie publique, une vie familiale et une vie professionnelle. Et donc, j'ai dans mon équipe des gens qui ont des responsabilités d'entreprise, mais hélas, on est vraiment disponibles que quand on est à la retraite. C'est une grande difficulté parce que quand on voit certains politiciens vivre, je dirais, sur la politique, ça ne donne pas toujours des belles choses. Les gens qui ont pu avoir une vie professionnelle et ensuite s'intéresser à la politique, ça détend l'atmosphère. Ce n'est pas qu'une question de conflit d'intérêt, c'est une question d'agenda. Le monde politique aujourd'hui, c'est un monde où tout le monde veut la parole, tout le monde veut donner son point de vue et c'est légitime très souvent. Le temps public, et c'est une bonne chose, nécessite un temps citoyen très important. C'est ce qu'on fait un peu ce soir.> Retrouvez le premier volet de cette interview en public sur placeco.fr.

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