Hydrogène vert : un pied à l’international pour Arhyze - Premium

En s’installant à Bordeaux il y a quelques mois, le spécialiste de l’hydrogène vert Arhyze avait pour ambition de se développer en région Nouvelle-Aquitaine. Accompagnée par Bordeaux Technowest, et hébergée au sein du site La Place, la jeune pousse a depuis multiplié les projets sur l’ensemble du territoire national et a même franchi récemment - et de quelle façon ! - le cap de l’international.Vers une filiale au Brésil L’opération a été annoncée officiellement mi-juin dernier via un post sur LinkedIn : « Le gouvernement de Pernambuco, à travers le complexe industrialo-portuaire de Suape, a signé un protocole d’accord avec Arhyze ». Il s’agit de « produire de l’hydrogène vert, de l’ammoniac vert et de l’e-méthanol » et Ahryze « s’apprête à réaliser un investissement privé d’environ 300M€ à Suape. La première phase du projet se concentrera sur la production de 100.000 tonnes d’e-méthanol par an, les opérations devant commencer en 2028 » était-il indiqué.L’usager est un armateur. Si Mathieu Coustets préfère ne pas le nommer, il précise néanmoins qu'« il fait partie du top 5 des armateurs. » Outre d’avoir accès à du foncier - un terrain de 12 hectares sur le port de Suape qui permettra au besoin de réaliser une deuxième phase - cet accord permet aussi d’avoir des aides « de leur part et ça va nous permettre de lancer les études techniques » explique Mathieu Coustets.Quant à la façon de piloter ce projet, « on a la volonté de créer une entité au Brésil avec une première embauche. On réalise les études de faisabilité en interne mais après on va sous-traiter les études techniques. On a déjà des chiffrages et on sait avec qui on va partir pour faire les études, ce sont de grands groupes d’ingénierie qui font ça. La personne locale aura plus un rôle de représentation d’Arhyze et de contact avec les clients et les autorités locales » déroule le cofondateur. Et concernant le contexte, il souligne : « L’année dernière, il y a plus de bateaux propulsés au méthanol qui ont été commandés que de bateaux tournant au GNL. Tout le milieu maritime s’y met, surtout les armateurs de porte-conteneurs ». Une levée de fonds pour recruter et les études préalables Après avoir levé 1,5 million d’euros en 2022, Arhyze est actuellement accompagnée par une banque d’affaires pour un nouveau nouveau tour de table qui devrait être bouclé après l’été. La manne obtenue a pour objectif de « recruter et d’investir dans quelques études techniques préalables. Les études de faisabilité sont faites en interne mais ensuite on a des études un peu plus poussées et ces trois à cinq millions vont permettre de financer une partie. Chaque projet est logé dans une SPV (ndlr, special purpose vehicle). C’est une société à part entière, et c’est elle qui lève de la dette et de l’equity pour financer son projet. Avant qu’elle soit créée, on a besoin d’un petit peu mettre d’argent pour développer. C’est un modèle infrastructure, c’est du financement de projet assez classique finalement » annonce le président.La SAS souhaite embaucher des ingénieurs pour faire du développement de projet, « quelques personnes assez techniques sur tout ce qui est process en hydrogène et ensuite on aura aussi besoin de fonctions transverses mais dans un second temps » indique Mathieu Coustets. À la fin de l’année, l’équipe devrait atteindre une quinzaine de collaborateurs (12 actuellement) puis être renforcée avec sept à huit personnes en 2025 et une dizaine de plus en 2026. « Ce seront majoritairement des personnes pour Bordeaux parce que nous avons aussi un bureau avec cinq personnes à Paris et des personnes en région » souligne Mathieu Coustets. « On attend que la levée se concrétise pour lancer les recrutements » précise le dirigeant. Un modèle basé sur l’usager, privé ou public L’une des particularités d’Arhyze, c’est de bâtir chaque projet autour d’un usager. « On va d’abord chercher “l’offtaker”. lI est impliqué dès le début, ce qui réduit le risque et facilite aussi l’obtention de terrain. Soit on utilise des terrains qui sont chez eux ou soit en ayant un usager on a accès à des terrains plus facilement parce qu’on sait que le projet a moins de chance d’échouer, plus viable directement. Si on a un industriel qui a besoin d’hydrogène par exemple, en allant voir le gestionnaire de sa ZI, en lui expliquant que l’on a un projet, il n’y a pas de raison en fait de refuser de nous louer un terrain (…) Contrairement aux énergies renouvelables, nous on pense vraiment que d’avoir un usager est le point le plus important et ensuite tout le reste découle de cet usager : le foncier, le raccordement, les différentes subventions que l’on peut aller chercher » explique Mathieu Coutets. Il ajoute : « On voit qu’il y a des projets actuellement dans le secteur de l’hydrogène qui n’avancent pas notamment à cause du manque d’usagers. Nous, on réduit notre risque en allant chercher un usager et non pas juste un terrain ».Une dizaine d’usagers engagés dans l’Hexagone En France, Arhyze travaille sur plusieurs projets en simultané et dont les avancées sont à différents stades. « On a un projet et une demande de subventions en cours au niveau des Hauts-de-France. On en a un autre pour produire de l’engrais dans le Sud-Ouest pour lequel on a plusieurs terrains possibles, entre l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, ce n’est pas encore complètement décidé. On a un projet industriel en Auvergne-Rhône-Alpes, dans l’Ain. Encore un autre que l’on développe au niveau du Grand Est, plutôt vers l’Alsace. Et après on a plusieurs projets qui sont à divers stades de maturité » déroule le dirigeant. Il résume : « on va dire qu’aujourd’hui on a un peu plus de dix usagers qui se sont engagés avec nous avec lesquels on travaille pour développer des projets ». Ces projets sont essentiellement privés. « Dans les Hauts-de-France c’est public, mais sinon c’est plutôt des industriels pour décarboner de la chaleur ou sur des dérivés, de l’ammoniac ou du méthanol. L’ammoniac, c’est plutôt la partie engrais, et ensuite on a une grosse partie aviation et maritime, où là on utilise soit du méthanol pour le maritime ou de l’hydrogène et pour l’aviation, ce sera de l’hydrogène gazeux ou liquide » précise le cofondateur. Il souligne : « En quantité, ce sont souvent les plus gros projets. Le deuxième, c’est plutôt l’engrais et vient ensuite tout ce qui est industriel ou mobilité, de fait les projets sont un peu plus petits donc ils prennent moins de mégawatts. En nombre c’est assez équilibré ». Il conclut : « On a un peu un rôle de coordinateur de projet et dès qu’on va plus loin que l’hydrogène, on s’associe avec des partenaires qui vont gérer ces parties dérivés de l’hydrogène ».

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