Eurekam vise le marché mondial avec son système d'IA pour sécuriser les soins - Premium

En douze ans, la startup Eurekam est devenue une PME qui commence à se développer à l’international. Elle propose un système qui permet d’assister l’humain pour éviter les erreurs dans les manipulations de produits médicamenteux dangereux, notamment pour la chimiothérapie. Loïc Tamarelle, co-fondateur et président d’Eurekam, et Benoît Lefranc, co-fondateur et pharmacien chef de service au Groupe Hospitalier de La Rochelle ont commencé à étudier, en 2009, la possibilité de mettre l’intelligence artificielle au service de la santé. « L’objectif était d’aider les équipes des Unités de reconstitution des cytotoxiques (URC), constituées de pharmaciens et préparateurs en pharmacie qui préparent des produits pour des chimiothérapies, à travailler plus sereinement en évitant les erreurs de produits, de dosage ou encore d’étiquetage qui peuvent tuer les patients », raconte Loïc Tamarelle.En 2009, un brevet a été déposé pour l’idée, puis le développement du système s’est déroulé jusqu’en 2012. Eurekam a été créée en 2012 à Lagord, avec un lancement de la commercialisation de la première version fin 2014. Le centre hospitalier de La Rochelle a fait partie des trois premiers testeurs avec Le Havre et Marseille. Il est équipé aujourd’hui de sept postes. La startup a démarré avec trois personnes et compte aujourd’hui 20 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros en 2023. Elle vise les 3 millions d’euros pour 2024. L’équipe est passée de 10 à 20 salariés l’an dernier. Plus de la moitié de l’effectif est dédié à la recherche et développement avec un pôle de développement logiciel, un pôle déploiement et un service clients. « L’objectif n’est pas du tout de remplacer l’humain »Le système « Drugcam oncology » s’est vendu en France, Belgique, Espagne et Allemagne. L'entreprise compte plus de 90 hôpitaux clients en France et 1,5 million de préparations de chimiothérapie contrôlées par an. « Lorsque je rencontre nos clients, ils me rapportent un bien-être professionnel avec beaucoup moins de stress. Cela évite les accidents de traitement des patients mais amène aussi une économie d’argent et de produits qui sont en tension ou en rupture de stock. Cela diminue également les déchets dont le traitement, qui nécessite un protocole spécial pour les détruire, est coûteux », indique Thibaud Delattre, directeur commercial. En effet, il s’agit d’un outil au service des préparateurs en pharmacie et pharmaciens pour les assister dans la procédure à suivre avec un système de contrôle en temps réel des différentes phases clés de fabrication des produits utilisés en chimiothérapie. Le système détecte, grâce à une caméra, s'il s’agit du bon produit lorsqu’il n’a pas de code barre, par exemple. Si besoin, il va pouvoir ainsi stopper le préparateur dans ses gestes. La technologie permet d’obtenir 99,99 % de rattrapage d’erreurs. « En moyenne, cela permet de stopper deux erreurs par semaine et par URC, mais aussi de relever précisément le type d’erreur », précise Loïc Tamarelle. Par ailleurs, quand le produit est validé, le volume prélevé est vérifié pour avoir la bonne dose. « L’objectif n’est pas du tout de remplacer l’humain mais de l’accompagner pour permettre une préparation des produits en autonomie et en contrôle ». Côté pharmaciens, un module web appelé « Drugcam control » donne accès à l’ensemble des données de production pour une traçabilité complète. « Cela permet de savoir si on a le bon produit avec la bonne dose et pour le bon patient. Notre système de caméra enregistre aussi avec un archivage intelligent sous forme de vidéothèque », ajoute le co-fondateur.43 établissements équipés en Nouvelle-Aquitaine Eurekam a équipé 43 établissements en Nouvelle-Aquitaine dont 10 centres hospitaliers (Angoulême, La Rochelle, Saintes, Dax, Mont-de-Marsan, Agen-Nerac, Bayonne, Pau, Niort et Châtellerault) et 2 cliniques (Tivoli Ducos à Bordeaux et Chénieux à Limoges). Cela représente 215.000 préparations contrôlées par an. Une machine coûte environ 40.000 euros. « C’est un marché de niche en France avec au maximum 450 URC à équiper. Nous avons déjà vendu 350 machines dont plus de 200 en France et les autres en Belgique et Espagne. Nous avons maintenant une distribution effective en Italie et un début de discussion en Scandinavie, au Royaume-Uni, en Pologne, République Tchèque et Slovaquie. Le but est d’atteindre 10.000 URC en Europe », souligne Loïc Tamarelle avant d’ajouter : « La Scandinavie est très réceptive et nous allons répondre prochainement à un appel d’offres en Angleterre avec un éditeur de logiciel de prescription qui à plus de 80 % de part de marché dans son domaine ». 6,4 millions d'euros levés en 2022L’entreprise a réalisé trois levées de fonds depuis sa création. La dernière a été de 6,4 millions d’euros en 2022 pour investir dans le développement à l'international et se diversifier pour d'autres secteurs de la santé. « Nous avons un premier centre testeur à Montréal et un distributeur en cours de signature au Canada. On travaille aussi sur les Émirats arabes unis pour la fin de l’année, les États-Unis pour 2025 et la Corée du Sud et le Japon pour 2025-2026. Il faut que l’on teste et que l’on adapte notre système pour ces pays », précise le co-fondateur. La stratégie internationale s’oriente vers la création d’un réseau de distributeurs non salariés en adaptant la production selon les pays, tout en continuant à fabriquer les machines à Lagord, en partenariat avec des entreprises locales.« Notre matière grise et le centre de décision restera à Lagord avec 95% de nos forces vives. Nous sommes implantés dans le parc Atlantech bas carbone et nous souhaitons y rester », assure Loïc Tamarelle. Pour ces développements dans le monde, l’entreprise va recruter un responsable export d’ici l’été prochain et redimensionner son équipe technique. En parallèle, une nouvelle génération du système vient de sortir pour répondre aux demandes des clients toujours plus poussées, notamment par rapport à la sécurité et à la traçabilité. Un client sur trois d’Eurekam est déjà équipé de la nouvelle génération. « Le moteur a été refondu pour intégrer des modules additionnels comme un module de contrôle d’essais cliniques et de nouveaux scénarios pour l’injection intrathécale, la nutrition parentérale, les collyres et antibiotiques. Cela permet plus de contrôles ». Par ailleurs, « Drugcam oncology » peut se transposer à tous types de préparations et dans d’autres domaines de la santé comme l’anesthésie réanimation ou la pédiatrie, par exemple.Eurekam4 rue Louis Tardy, Lagord20 salariésCA 2023 : 2,4 M€

Eurekam vise le marché mondial avec son système d'IA pour sécuriser les soins - Premium

Sur le même sujet

Biotech : Comment ByoRNA veut révolutionner la santé grâce à ...

Valbiotis annonce un partenariat avec la mutuelle santé Asetys

Nouvelle-Aquitaine : quels défis pour « le thermalisme de demain ...

Santé : l’incubateur Bordeaux Care Lab mise sur un système préventif ...

Néo Terra fait son festival à Darwin

Assises de l'Économie de la Mer : « Une grande première pour ...

Le 18 novembre à Bordeaux, une table ronde sur la propulsion

Retour du sommet agroécologie de Bordeaux, le 14 novembre

Néo-Aquitains : les entreprises les plus performantes bientôt ...

Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and ba

Marennes : un atelier sur la reconversion professionnelle

Nouvelle-Aquitaine : l’association Transtech organise une journée ...

Chemparc : Pierre Nerguararian quitte la présidence, Audrey Le Bars prend sa succession

Digitéco #16 Pourquoi le numérique responsable est une priorité

Le Département cherche 9 millions d’euros pour sauver le Fort Boyard

Deeptech : Luchrome, un saut à Vegas pour révolutionner les écrans e-paper

La chronique innovation : OliKrom conçoit des peintures intelligentes

VIDEO - Revivez le premier Salon Résolution de La Rochelle

Héli-Béarn lance à Pau sa nouvelle école de pilotage