Placéco Laüsa #1 : revivez l'interview de Laurie Phipps, championne du monde de parasurf
Le premier évènement réseau Placéco Landes s'est tenu hier soir. Crédits : Laura Barraque
Ce mardi, Placéco Landes organisait son premier événement réseau, en partenariat avec Landes Attractivité : Laüsa - qui signifie étincelle en gascon. Une soirée placée sous le signe de la résilience et de la combativité, avec, comme invitée : Laurie Phipps, championne du monde de parasurf. Au micro, elle a évoqué son accident mais aussi et surtout sa reconstruction.
-Ce mardi 9 janvier, c'est au restaurant O'Mulligan, à Dax que se sont réunis les adhérents de Placéco Landes et les partenaires de la marque Landes Attractivité. Un premier événement réseau intitulé Laüsa, avec comme invitée Laurie Phipps. Cette landaise de 22 ans est devenue en fin d'année 2023, championne du monde de parasurf. Elle est la première française, hommes et femmes confondus, à obtenir ce titre. Une consécration pour elle, d'autant qu'elle n'imaginait pas faire carrière dans le surf. Et pour cause, c'est un grave accident qui a fait basculer sa vie, durant l'hiver 2019. « Nous roulions avec mon compagnon de l'époque quand nous avons été percutés par un conducteur en voiture. »
Un choc extrêmement violent, qui lui a fait perdre l'usage de son pied. « J'ai été transportée à l'hôpital en urgence et je suis restée consciente jusqu'à mon arrivée au bloc. Avant qu'ils m'endorment, mes parents m'ont annoncé que les chirurgiens allaient devoir m'amputer. Ça a été un choc évidemment, mais pas si violent qu'on peut se l'imaginer. Je ne me suis pas réveillée, après l'opération, en découvrant ce qui s'était passé », raconte Laurie Phipps. « J'ai su dès le départ que mon pied ne pourrait pas être sauvé. Pire même, les médecins ont hésité à m'amputer au-dessus du genou, au départ. Ma jambe était dans un tel état. »
« Le soutien de mes proches a été essentiel »
Finalement, les médecins parviennent à préserver son articulation. « Ce qui m'a permis une rééducation plus simple et plus rapide avec une prothèse », explique la jeune landaise. Mais si l'opération s'est déroulée sans complications, Laurie a dû apprendre, petit à petit, à vivre avec cette nouvelle réalité. « Le soutien de mes proches a été essentiel pour moi. J'étais entourée de gens tellement positifs, tellement bienveillants que j'ai fait en sorte de m'accrocher. Mes parents m'ont dit que je serai capable de faire tout ce que je faisais avant. Et puis, je dois dire aussi que je voulais rester forte pour mon compagnon. Son état était beaucoup plus grave que le mien. Il a perdu toute sa jambe et il a été dans le coma pendant un mois », se souvient-elle.
« Son pronostic vital a été engagé et nous ne savions pas s'il allait s'en sortir. C'est ce qui m'a fait énormément relativiser. Je me disais que mon état n'était pas si grave, comparé au sien. Et c'est aussi pour lui que j'avais envie de me battre et de me remettre. Je me suis tellement focalisée dessus que je ne pensais plus trop à moi », raconte Laurie Phipps. « C'est peut-être ce qui m'a sauvée aussi. Il y a cinq ans, si on m'avait dit que j'allais avoir un accident et perdre une partie de ma jambe, j'aurais sûrement dit que ma vie serait finie. Et puis je m'en suis sortie. Avant que ça arrive, on ne sait pas comment on va réagir ou le vivre. C'est au jour le jour. »
Laurie Phipps a présenté le nom officiel des évènements réseau Landes : Laüsa. Crédits : Placéco Landes
« Je n'imaginais pas faire de la compétition »
Commence alors pour elle le processus de rééducation. « Ça m'a paru long à l'époque et je me rends compte aujourd'hui que c'était très court. Un mois jour pour jour après mon accident, j'ai eu ma première prothèse et je faisais mes premiers pas. » Après deux mois à la clinique de Cambo-les-Bains, elle démarre sa rééducation au Cers. « C'était une période extrêmement intense. J'enchainais les séances avec des médecins spécialisés, du matin au soir. J'étais épuisée quand je rentrais le soir. Mais ça valait le coup. Avant que j'y entre, l'objectif était que je puisse marcher sans mes béquilles à ma sortie. Au départ, je pensais que c'était impossible. Et finalement, j'ai réussi. Depuis, je n'ai plus besoin de mes béquilles. »
Une fierté pour la jeune femme qui a toujours été très sportive et qui a été baignée dans l'univers du surf depuis toute petite. « Mon père est shaper, il confectionne des planches de surf et il m'a mise sur une planche quand j'avais trois ans. J'ai toujours pratiqué, aussi loin que je me souvienne. » Une passion qu'elle a longtemps considérée comme un loisir, sans envisager de se lancer dans la compétition. « Dans les mois qui ont suivi mon accident, j'ai été contactée par l'association HandiSurf, qui m'a proposé de rejoindre l'équipe. Même si l'idée me plaisait, au départ, j'ai répondu que j'avais besoin de temps pour y réfléchir », explique la landaise.
« Pour autant, ils n'ont pas abandonné l'idée de me recruter. Ils me contactaient régulièrement pour me proposer de venir à telle ou telle compétition. Je répondais toujours qu'il me fallait du temps et puis, à peu près deux ans après mon accident, je me suis sentie prête. Je me suis inscrite à ma première compétition. J'y suis allée dans l'optique de tester, de voir comment les autres para surfeurs évoluent à l'eau. Et j'ai gagné », évoque-t-elle avec un sourire. Après cette première victoire, elle remporte les championnats de France, puis les championnats du monde. « Aujourd'hui, je crois qu'il faut que j'arrête de dire que j'y vais juste pour tester. Je me vois faire carrière désormais et mon rêve serait de pouvoir aller jusqu'aux Jeux Olympiques. Pour l'instant, le parasurf n'est pas encore une discipline olympique, mais j'espère qu'elle le deviendra. »
Rendez-vous pour le prochain Laüsa, le 6 février, avec, comme invité, Jean-Louis Rodriguez, président de l'EuroSIMA.
Pour vous inscrire, contactez Laura Barraqué : laura@placeco.fr