Logement social : 20.000 demandes en attente en Charente-Maritime - Premium

Tout d’abord, à l'échelle régionale, quel bilan dressez-vous de l’année écoulée ? Jean-Baptiste Ridoret : 2023 a été une année particulière, car le logement est vraiment entré en crise. Notamment suite à la hausse des taux d’intérêt pour les crédits immobiliers qui ont amputé la capacité d’emprunt des acquéreurs. Mais aussi, car les investisseurs ont tendance à se détourner de l’immobilier, qui apparaît comme un placement qui n’est plus très intéressant. En parallèle, le coût de la construction a grimpé de près de 30% depuis 2020, donc on se retrouve avec un effet silo assez dramatique, et des ventes de logements au point mort. Pour Action Logement, l’année a malgré tout été plutôt positive, car nous sommes un organisme paritaire et d’utilité sociale, on n’a pas été forcément contraints et nos objectifs ont été plutôt atteints. En chiffres :3.800 nouveaux logements ont été produits par Action Logement Immobilier en 2023, et 1.600 ont été réhabilités. Au global, près de 700 millions d’euros ont été investis par le groupe Action Logement et par ses filiales, en Nouvelle-Aquitaine. Où en êtes-vous de l’opération 30.000 logements, lancée en juillet 2023, et qui devait déboucher sur le rachat par Action Logement d’opérations initialement portées par des promoteurs immobiliers privés ? J-B R. : La demande était assez forte, je crois que l’on a reçu des propositions pour plus de 100.000 logements en France. Les 30.000 logements visés ont été sélectionnés, et il y en a 6.000 en Nouvelle-Aquitaine, donc la région est plutôt bien placée. L’objectif était certes de racheter des opérations, mais aussi de créer un effet de levier, car on n’achète pas forcément la totalité d’un programme, ce qui permet aux promoteurs d’atteindre des seuils minimums de pré-commercialisation, et donc de débloquer les financements nécessaires pour aller au bout du projet.Démocratiser le bail réel solidaireQu’en est-il de la situation en Charente-Maritime, aujourd’hui ? Samuel Leveque : En termes de chiffres, il est encore un peu trop tôt pour se prononcer. Ce que l’on peut dire, c’est que l’on a vécu une année où il y a eu peu de rotations dans nos logements sociaux. Cela génère moins d’activité, et donc plus de difficultés pour certains publics. Néanmoins, on est à l’écoute de l’ensemble des acteurs, et uniquement de ceux situés en zone tendue, sur la façade atlantique. On va au-delà, dans d’autres territoires du département qui ont des velléités en matière de développement économique. Et l’on accompagne aussi les collectivités qui peuvent avoir une stratégie de développement, notamment par le biais du logement. J-B R. : A La Rochelle, la situation est très compliquée - les prix du foncier et de l’immobilier sont très élevés, ce qui crée de vraies difficultés pour les salariés souhaitant trouver un logement proche de leur lieu d’activité. Que peuvent faire Action Logement et ses filiales, pour débloquer la situation ? J-B R. : D’abord, en Charente-Maritime et notamment à La Rochelle, notre principale filiale est Immobilière Atlantique Aménagement, dont le siège est à Niort. Il y a toujours le principe de construction, encore faut-il pouvoir acheter des terrains à bas prix… Et pour cela, nous n’avons pas de baguette magique. Ensuite, il y a quand même de l’aide à la mobilité que nous fournissons via Action Logement Service, pour aider un collaborateur à venir lorsqu’on est sur un profil recruté en dehors du territoire. Et puis il y a un travail de fond, qui est de créer des baux réels solidaires - dispositif permettant à l’acquéreur d’acheter le bâti, et non le terrain. Quelques opérations sont prévues, mais il reste un grand travail à mener auprès des collectivités et des sociétés HLM, pour développer ces BRS. Qui peuvent avoir un intérêt pour une collectivité ne remplissant pas les objectifs de la loi SRU [ndlr, loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain, pour garantir un minimum de logement sociaux construits], car le BRS entre dans le dispositif.Améliorer la rotation des locatairesOn sait qu’en Nouvelle-Aquitaine, il y a aujourd’hui environ 173.000 demandes de logement social en attente. Qu’en est-il en Charente-Maritime ? S. L. : Dans le département il y a quasiment 20.000 demandes en attente, et un peu plus de 10.000 sur la communauté d’Agglomération de La Rochelle. J-B R. : Avec une petite difficulté - quand vous entrez dans le parc HLM, vous pouvez y rester très longtemps. Les années passent, vous pouvez avoir les moyens d’entrer alors dans le parc privé, mais vous faites le choix de rester dans un logement social. Il y a une logique de rotation qu’il faut améliorer, mais ce n’est pas un sujet simple. Une autre problématique se pose, même si elle ne concerne pas Action Logement - celle des locations saisonnières de type Airbnb. Que faut-il faire pour remettre des logements dans un cycle de location classique ? J-B R. : La ville de La Rochelle avait essayé de réguler ces locations touristiques, mais avait été retoquée juridiquement [ndlr, selon une décision du tribunal administratif de Poitiers en date de mai 2023]. C’est sûr que c’est un problème. Prenez ne serait-ce que l’Ile de Ré, il y a tellement de résidences secondaires louées à des prix élevés… Après, j’aurais tendance à dire que la zone de La Rochelle est peut-être moins tendue que d’autres comme le Pays basque, par exemple. Quelles sont vos ambitions pour 2024, en Charente-Maritime ? J-B R. : Notre premier axe reste la mobilisation en faveur du logement salarié, avec toutes les aides que nous portons. Cela signifie, poursuivre nos efforts en matière de construction - 387 agréments ont été délivrés et financés, en 2023, sur le département. Continuer sur l’axe de la rénovation aussi, et aider les territoires notamment par Action cœur de Ville, qui concerne Saintes et Rochefort, pour la Charente-Maritime, avec toute la problématique du renouvellement urbain.

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