Les Retournées expérimentent le lavage des bocaux professionnels à Lahonce - Premium

Un projet d’avenir. A Lahonce, en face de l’Adour, Les Retournées viennent d’inaugurer une unité de lavage. Un site qui comme son nom l’indique est équipé de machines capables de laver des bocaux en verre. Car le nouveau projet de cette association consiste à trouver une solution de réemploi à l'utilisation de ces récipients notamment dans l’agroalimentaire. « Les lois AGEC et EGALIM fixent des objectifs de réemploi d’ici à 2027, toutes les entreprises devront s’y mettre », souligne Pierre Lagarde, responsable du site de lavage. Après avoir travaillé sur plusieurs expérimentations dans d’autres domaines du réemploi, l’association fait donc un petit pivot d’activité, pour s’intéresser à la question des bocaux alimentaires utilisés par les producteurs en local. Ils ont été accompagnés par la Région Nouvelle-Aquitaine et la Communauté d’agglomération Pays basque qui leur a trouvé ce local. Un accompagnement qui leur a permis de concevoir un réseau d’entreprises et producteurs prêts à jouer le jeu de l’expérimentation pendant un an. Ainsi, pour cette expérimentation, plusieurs producteurs et grandes surfaces vont tester la mise en place d’une filière de lavage de bocaux. Concrètement, à partir du mois prochain, deux grandes surfaces de Saint-Pée-sur-Nivelle vont installer dans leur entrée un stand qui récupérera les bocaux des clients. Des bocaux qui seront récupérés par Les Retournées, qui les laveront. « On va tester plusieurs stratégies, d’abord simplement mettre de quoi récupérer les pots, puis proposer une contrepartie en bon d’achat pour le consommateur, etc. », détaille Pierre Lagarde. L'objectif est de comparer, et « de savoir comment on motive et ce qu’il faut mettre en place pour que ça fonctionne ».Lever les freinsL'ambition de ce projet est de lever tous les freins et les obstacles potentiels à la mise en place d’une filière de lavage à l’échelle du Pays basque. Des freins qui concernent tous les maillons de la chaîne : producteurs, grandes surfaces, logistique et consommateurs. Ainsi, pour les grandes surfaces, il s’agit de savoir si ces installations prennent de la place, ou si elles apportent des nuisances par exemple. Côté producteurs, « eux se posent des questions sur la casse de bocaux à long terme », déroule le membre de l’association. Ensuite côté logistique, il s’agira d’identifier la « meilleure boucle, et à quelle fréquence sont récupérés les bocaux ». Et pourquoi pas à terme, inciter les producteurs à faire des achats groupés de mêmes gammes de bocaux. Côté producteur, il faudra aussi s’assurer de la possibilité d’une compétitivité en matière de prix. « Selon des modélisations de CITÉO qui gère la fin de vie des emballages, le prix d’un bocal neuf est entre 0,05 et 0,10 euros, le prix d’un emballage moyen en réemploi, c’est 0,68 euros, et à terme, on vise les 0,16 euros », chiffre Pierre Lagarde. Enfin, dernier maillon de cette potentielle filière : le consommateur. Il s'agira ici de poser la question de sa volonté changer ses habitudes, avec l’expérimentation en grandes surfaces. Par ailleurs, Les Retournées veulent constater si l’usure des bocaux au fil des lavages finit par avoir un impact sur l’attractivité de l’opération.Chaque aspect d'une telle unité de lavage sera testé au fur et à mesure, et l’objectif « est de faire une boucle complète d’ici la rentrée scolaire », pour permettre la création d’une filière. « A la fin, l'idée, c’est de faire un cahier des charges par produit, et de pousser les producteurs à ce qu'ils soient ambassadeurs du réemploi », explique Pierre Lagarde. L’idée ne serait pas nécessairement de monter directement le site de lavage qui aurait la capacité d’absorber tous les bocaux du Pays basque, mais de lever tous les freins. « Il existe par ailleurs trois gros acteurs nationaux qui pourraient s’y lancer, et tant que la boucle n’existe pas, ils n'iront pas sur le marché, ils s’y mettront quand ce sera rentable », assure le responsable de site.Jusqu’à présent, les cinq bénévoles de l’association s’étaient concentrés sur la réduction des emballages plastiques à usage unique. Ainsi depuis 2019 (date de leur création), ils ont notamment travaillé la question du réemploi des bouteilles en verre, qu’ils ont cessé au profit d’acteurs régionaux « ce n’était pas rentable en termes de quantité ici », ou encore sur les boîtes repas, sur lesquels ils poursuivent leurs tests.

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