Fabrice Gérineau (Umena) : « La RSE est un vrai enjeu pour l’événementiel »
Fabrice Guérnieau, co-président de l'UMENA et directeur général du groupe Tangram. Crédits : DR
Trois ans après le début de la crise du Covid, le secteur de l'événementiel, en France comme en Nouvelle-Aquitaine, semble avoir retrouvé des niveaux encourageants. Qu’en est-il ? Quels sont les freins, mais aussi les défis de demain ? Pour Placéco, Fabrice Guérineau, directeur général du groupe Tangram et co-président de l’Union des métiers de l’événementiel en Nouvelle-Aquitaine (Umena), livre quelques éléments de réponse.
Comment se porte l’événementiel, aujourd’hui, en Nouvelle-Aquitaine ?
Le secteur est sorti de crise, il va plutôt bien. La destination Nouvelle-Aquitaine est relativement bien représentée à l’échelle nationale, voire internationale, même si à l’étranger il y a encore du travail à faire, je pense. Mais globalement, les principaux acteurs sont unanimes quant à la reprise d’activité. Ce qui est encourageant, c’est que les grands groupes, les grandes entreprises françaises notamment, ont à nouveau inscrit l’événementiel dans leur plan de communication - ce qui n’était plus le cas durant la pandémie. Aujourd’hui, l’événementiel est même au centre de leurs plans.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les entreprises du secteur et qui peuvent les fragiliser ?
Il y a plusieurs points. Le financier d’abord, notamment avec les prêts garantis par l’Etat. Beaucoup d’entreprises y ont fait appel, et remboursent maintenant ces prêts… C’est la difficulté première, évidemment. Ce qui est compliqué, c’est que contrairement à ce qui avait pu être dit par le gouvernement au moment de l’attribution des PGE, ces derniers sont considérés comme des investissements financiers. Donc, quand une entreprise privée va voir une banque alors qu’elle a un PGE, cela pénalise les autres investissements qu’elle pourrait avoir et réaliser. Ensuite, le deuxième point, c’est la question des ressources humaines. Nous avons connu une perte des savoir-faire durant la crise, beaucoup de professionnels sont partis dans d’autres métiers, donc il faut former de nouvelles personnes. Et puis, certains peuvent y voir une opportunité et se dire « je reviens dans l’événementiel mais je veux gagner un salaire bien supérieur », ce qui engendre des difficultés… On tire un peu sur l’ambulance.
Vers un événementiel éco-responsable ?
Malgré ces freins, sur quoi le secteur de l’événementiel doit-il se concentrer, selon vous ?
Sur l’innovation, que ce soit autour du digital, de la RSE également. Cette dernière est d’ailleurs un vrai enjeu car souvent les acteurs de notre secteur sont de petites entreprises, qui ont peu de moyens. Et souvent, elles renoncent à obtenir la norme ISO 20121 [ndlr, autour du développement durable] qui demande du temps… Peut-être qu’il serait utile, et on va en parler avec l’Unimev [ndlr, Union française des métiers de l’événement] de créer des certifications plus faciles d’obtention, avec des cahiers des charges un peu moins lourds. Surtout qu’on ne pourra pas faire sans la RSE car l’événementiel est considéré, de par sa nature éphémère, comme un gros consommateur de ressources et producteur de déchets.
La Nouvelle-Aquitaine veut être la première région éco-responsable de France. L’événementiel a-t-il une carte à jouer en la matière ?
C’est un enjeu, oui. Il y a déjà deux villes sur notre territoire, Bordeaux et Biarritz, qui ont été identifiées et labellisées comme villes éco-responsables, dans le tourisme d’affaires et l’événementiel. C’est important bien sûr et l’Umena comme le CRT [ndlr, comité régional du tourisme] œuvrent en ce sens. À nous, peut-être, de créer un label régional autour du sujet, et d’y intégrer tous les acteurs, y compris les plus petits ?
Vous mentionnez Bordeaux et Biarritz, mais comment faire rayonner les autres villes et territoires de la région ?
En effet, Bordeaux et Biarritz sont surtout concernées par l’événementiel national et international. Or, des villes comme La Rochelle, Pau ou Agen ont aussi une carte à jouer sur l’événementiel régional et national, avec une offre appropriée et déjà mise en place. Toutes les destinations ont leur mot à dire en se différenciant, et l’exemple est flagrant à La Rochelle avec le Grand Pavois.