Béatrice Bausse : « Les dirigeants ont de plus en plus envie d’entendre parler de philanthropie » - Premium

Parmi les nombreux projets que vous soutenez et financez, voyez-vous émerger des thématiques en particulier ? Tout d’abord, notre mission est d’accompagner toutes les envies d’agir, pour pouvoir les transformer en projets d’intérêt général. J’ai l’habitude de dire que nous faisons de la philanthropie à 360 degrés… Nous accompagnons à la fois ceux qui ont envie d’agir dans le secteur associatif à but non-lucratif, mais nous accompagnons aussi nos donateurs qui contribuent sur une problématique qui leur est chère, sur un territoire en particulier… Et enfin, nous accompagnons aussi nos fondateurs car nous sommes une fondation abritante, et en 2022 ce sont 977 fondations - de particuliers ou d'entreprises - qui ont fait œuvre de philanthropie via notre structure. Maintenant, ce que nous voyons sur notre territoire, ce sont des questions qui surgissent depuis le Covid. Avant, on entendait beaucoup moins parler des problèmes d’alimentation par exemple… Il y a aussi la question des étudiants et des jeunes qui font appel à la banque alimentaire, le sujet des maladies psychiques dont on parle encore aujourd’hui… En quoi les crises actuelles - guerre en Ukraine, inflation - vous concernent-elles ? J’aurais presque tendance à dire que tout nous impacte. C’est sûr que la guerre en Ukraine n’est pas directement liée au territoire du Sud-Ouest, mais notre chaîne de solidarité se met très vite en route sur ces sujets-là. Nos donateurs, nos porteurs de projet, sont convaincus que chacun peut agir à son niveau, à sa mesure. Que les catastrophes, les crises soient sur notre territoire ou non, on a toujours des retours car notre fondation est en lien direct avec ce qu’il se passe.Quels sont les projets les plus emblématiques sur notre territoire ? En Gironde il y a Ikos, le projet de centre commercial autour du réemploi. On l’a soutenu financièrement, on le suit régulièrement… Il faut cette relation de confiance, on a suffisamment d’expérience pour savoir que les projets qui vont bien et qui n’ont aucune difficulté, ça n’existe pas. Ensuite au Pays basque et dans les Landes il y a le projet pluriannuel Gurekin - maisons partagées. Il s’agit de solutions nouvelles d’habitat partagé qui s’étalent sur plusieurs années. La livraison est prévue fin 2023 et 2024. À La Rochelle, on a le projet Osmose, porté par plusieurs acteurs de l'économie sociale et solidaire pour aider les jeunes sans emploi, sans formation et qui ont du mal, parfois, à entrer dans un cadre d’emploi. Il s’agit de travailler avec un centre de formation et d’être à l’écoute de ces jeunes, de travailler selon leurs envies.Fédérer les entreprises du territoireComment attirez-vous les entreprises, pour qu'elles s’engagent à vos côtés ? En leur disant qu’elles ne sont pas là que pour financer. Beaucoup ont des problèmes de recrutement, on parle de mécénat de compétences, d’extra-financier. Ça existait avant, mais c’est vraiment un effet marquant du Covid. On voit que la société ne souhaite plus être en silo, avec les entreprises conventionnelles d’un côté, celles de l’économie sociale et solidaire de l’autre, les fondations au milieu et les citoyens ailleurs. À l’échelle d’un territoire on voit les mêmes envies, la même façon de voir les choses, et qu’on peut travailler ensemble à un moment donné.Sentez-vous une réelle préoccupation de ces bilans extra-financiers ? Je suis à la Fondation de France depuis plus de 20 ans. Quand on appelait un chef d’entreprise il y a 15 ans, et qu’on commençait à dire à ses assistants qu’on faisait de la philanthropie, majoritairement il y avait un barrage. Le mécénat était un gros mot. Depuis quelques années, on sent un mouvement très fort où les dirigeants ont envie d’en entendre parler. Ce n’est pas une prise de conscience, mais c’est beaucoup plus prégnant qu’avant. Souvent, ils nous disent « ce sont mes salariés qui veulent agir », et la motivation n’est pas le reçu fiscal. Ça peut être la cerise sur le gâteau, c’est important de pouvoir en bénéficier et c’est bien normal, mais ce n’est jamais ça qui décidera un chef d’entreprise à agir. Quelles sont vos ambitions pour 2023 ? C’est de continuer, c’est d’être de plus en plus présents sur ce territoire. Je parle beaucoup de collectif, mais c’est cette chaîne de solidarité qui est à nourrir pour mieux travailler ensemble et faire qu’on soit dans un monde plus apaisé, solidaire, sans angélisme et sans cynisme non plus. Car je pense très sincèrement qu’on peut faire changer les choses, preuve en est. Fondation de France Sud-OuestBasée à Bordeaux4 salariés, 22 bénévoles1.269 projets financés en 2022 pour 16M€

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