Arrachage des vignes à Bordeaux : l’Etat et la Région annoncent un plan d’action
Allan Sichel, Alain Rousset, Marc Fesneau, Bernard Farges et Stéphane Héraud, de l'Association générale de la production viticole, ont tenu un point presse improvisé au salon de l'Agriculture - crédit MB
Alors que les viticulteurs bordelais appellent depuis des mois à l’arrachage primé des vignes excédentaires, le ministre de l’Agriculture et le président de la région Nouvelle-Aquitaine ont annoncé mercredi un premier plan d’action financier. L’Etat augmente par ailleurs l’enveloppe allouée à la distillation des stocks excédentaires.
C’est une conférence de presse surprise qu’ont tenu, ce 1er mars, Alain Rousset le président de la Région Nouvelle-Aquitaine et Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Entourés d’Allan Sichel (président du CIVB) et de représentants de la filière viti-vinicole de Gironde, ils ont annoncé plusieurs mesures financières, en réponse à l’importante crise de surproduction qui frappe le vignoble bordelais.
Un déséquilibre entre production et volumes de ventes dû « à la très forte contraction du marché chinois, et à la diminution de la consommation en France, notamment des vins rouges », rappelle Allan Sichel. Et un phénomène qui amène les viticulteurs à appeler à l’arrachage subventionné de la part considérée comme excédentaire des 115.000 hectares qui composent le vignoble bordelais.
Des aides de l’ordre de 6.000 euros par hectare
En réponse, Marc Fesneau a annoncé mercredi un premier plan de soutien de 30 millions d’euros sur deux ans dédié à l’arrachage. « L’objectif sera de monter à 38 ou 40 millions d’euros », précise-t-il, qui attend également une contribution du CIVB pour gonfler l’enveloppe. Le ministre y voit « non pas un élément de recul », mais un moyen de « préparer la reconquête » des vins de Bordeaux, tout en prévenant la propagation des maladies susceptible d’intervenir dans des vignes laissées en friche.
« L'arrachage n’est pas toujours simple à assumer, culturellement et dans notre bassin bordelais, souligne Alain Rousset. Il y a aussi la question du retournement - que peut-on faire, une fois les pieds arrachés ? Peut-on planter des noisetiers, des oliviers, des arbres à petits fruits ? ». Si le président de la Nouvelle-Aquitaine précise qu’il faudra trouver des réponses adaptées, la Région choisit de concentrer son intervention sur le « retournement » des viticulteurs concernés par l’arrachage, avec une enveloppe de 10 millions d’euros consacrée à la réorientation des exploitations viticoles « dans les deux ou trois ans qui viennent ». Ce plan devrait concerner 300 viticulteurs, avec une aide de 25.000 à 35.000 euros par exploitation. Un dispositif qu’Alain Rousset espère pouvoir « massifier » dans un second temps, par l’intermédiaire des aides européennes distribuées au travers du FEADER.
Ramenés aux 10.000 hectares considérés comme excédentaires, la prime à l’arrachage approcherait ainsi les 6.000 euros à l’hectare, encore loin du pallier de 10.000 euros par hectare réclamés par plusieurs syndicats du bordelais.
Extension des fonds dédiés à la distillation
Marc Fesneau a par ailleurs annoncé le renforcement immédiat de la campagne de distillation, avec une enveloppe globale de 160 millions d’euros allouée à la mesure, divisée en deux temps et portée pour moitié par l’Etat et par l’Europe. Si Marc Fesneau assure que « tout le monde a pris ses responsabilités », il précise que l’objectif sera à terme d’allouer 200 millions d’euros à la distillation : « en visant sans doute des fonds de réserve de crise ». Pour Allan Sichel du CIVB, les acteurs de la filière doivent désormais « se projeter sur la reconquête du marché de l’export ».