Symbiose inaugure son usine d’électronique imprimée dans le Nord-Gironde - Premium

Pugnac, au nord de Saint-André-de-Cubzac, deviendra-t-elle l’une des places fortes de la filière plastronique ? C’est en tout cas l’ambition portée par la startup Symbiose, qui a réuni, début 2021, 6,5 millions d’euros pour y construire sa première usine, inaugurée vendredi. Elle y produira, dès 2023, des films électroniques souples, qui seront ensuite thermoformés de façon à pouvoir épouser parfaitement la forme 3D d’une pièce plastique moulée par injection. Cette dernière se verra ainsi « nativement » dotée de fonctionnalités et de possibilités d’interactions, sans qu’il soit nécessaire de lui adjoindre des écrans, des boutons ou des interrupteurs. « Ce procédé offre un gain de place et de poids, une simplification mécano-technique et une très grande liberté de design. C’est la symbiose de la fonctionnalité et du design, d’où notre nom », explique Jean-Pierre Estanol, directeur général de la startup.Jean-Pierre Estanol, directeur général et cofondateur de SymbioseIl se sera écoulé moins d’un an entre la pose de la première pierre et l’inauguration de l’usine. Un chantier mené tambour battant, pour une startup qui a besoin d’aller vite : après plusieurs années de R&D, menée en partenariat avec le CEA-Liten, Symbiose est impatiente de lancer sa production, et d’honorer ses premières commandes. La société peut en effet s’enorgueillir de deux premiers clients prestigieux, BMW et Volkswagen, décrochés par l’intermédiaire de l’équipementier allemand Dr. Schneider, l’un de ses investisseurs. « Avec ces deux contrats, nous pouvons réaliser 4 millions d’euros de chiffre d’affaires avec les préséries en 2023, puis 8 à 9 millions d’euros avec la production de série à partir de 2024. C’est l’intérêt du monde automobile : une fois que vous êtes sélectionné comme fournisseur, vous êtes assuré de travailler sur toute la durée de vie du modèle », confie Jean-Pierre Estanol.Un procédé bientôt standard dans le monde automobile ? Au cœur des 1.600 m² du bâtiment érigé par Symbiose à Pugnac, une salle blanche de 800 m² abrite déjà deux machines dédiées à la sérigraphie des films qui donneront naissance à ces surfaces « intelligentes ». Pour chaque pièce, deux films sont nécessaires : le premier, dit d’aspect, comprend les motifs qui apparaîtront à la surface de la pièce. Le second, dit technique, porte le circuit électronique, imprimé à l’encre d’argent. Symbiose, qui prévoit déjà d’installer une troisième ligne de sérigraphie, attend maintenant le dernier maillon de sa chaîne de production : une machine dédiée au thermoformage haute pression, chargée de donner au film la forme de la pièce finale, sans risquer une déformation. « Il existe déjà des machines sur le marché, mais la nôtre sera la première à pouvoir traiter des pièces de grande taille, jusqu’à 1,4 mètre de long », indique le directeur général. De quoi envisager, par exemple, la création d’un panneau de porte ou d’une baguette de tableau de bord aux surfaces courbes intégrant nativement des rétroéclairages ou des commandes tactiles. Une fois entrée en vitesse de croisière, l’usine est dimensionnée pour générer 12 à 13 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, mais Symbiose craint déjà de s’y trouver à l’étroit. « Les équipementiers comme Faurecia, Valeo ou Continental s’intéressent de plus en plus à ces technologies, aujourd’hui pour répondre à leurs clients premium, mais c’est justement à partir du premium que les technologies se diffusent sur le marché », explique Jean-Pierre Estanol. Symbiose, qui réunit actuellement dix personnes à Pugnac, ambitionne de recruter trente personnes d’ici 2023, et table à terme sur une centaine d’emplois.Fabienne Buccio, préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, a inauguré l'usine de Symbiose vendredi, en présence des équipes de la startup et de représentants des collectivités localesLauréate du plan France Relance, Symbiose a réuni l’an dernier 6,5 millions d’euros, sous forme de dette et part entrée au capital, pour financer la construction de son usine et la première phase de production. La startup a bénéficié d’une enveloppe de 800.000 euros dans le cadre du plan France Relance, ainsi que de prêts Bpifrance à hauteur de 900.000 euros. Un soutien étatique salué vendredi par Fabienne Buccio, préfète de la Nouvelle-Aquitaine. « 70% des 61 millions d’euros de l’appel à projet territoires d’industrie du plan France Relance sont allés en direction des territoires ruraux pour des procédés industriels innovants », a-t-elle souligné vendredi. La startup a également bénéficié du soutien des fonds NACO, opéré par la région, CEA Investissement, GSO Innovation et Crédit Agricole Aquitaine Expansion, ainsi que de l’ETI allemande Dr. Schneider, et de deux business angels, Philippe Dizier (ancien directeur général du groupe Le Belier) et Didier Lenoir (DG de Lenoir Métallerie).

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