Pourquoi la Falaise aux vautours veut devenir une Maison du pastoralisme - Premium

« La Falaise aux vautours a été créée il y a une trentaine d’années. En pointe, il y avait 30.000 visiteurs par an », retrace Jean-Paul Casaubon, président de la Communauté de Communes de la Vallée d’Ossau (CCVO). S’appuyant sur un site naturel – la Pène de Béon – qui connaît l’une des plus fortes concentrations de vautours en France, l’espace muséographique séduit. Mais sa fréquentation décline : « Avant la fermeture il y a trois ans, on était descendu à moins de 10.000 visiteurs, poursuit le responsable. Le projet n’a pas été redynamisé, c’est resté sur le même schéma depuis le début, donc les gens qui sont déjà venus deux ou trois fois ne reviennent plus. » L’établissement, propriété de la commune d’Aste-Béon, se retrouve alors en déficit de près de 10.000 euros. « Beaucoup trop pour un village de 300 habitants », commente Jean-Paul Casaubon. Clap de fin en 2021. Voilà un peu plus de deux ans, les élus ont donc entamé des démarches pour y créer un nouveau concept, « tout en étant conscients qu’ils n’avaient pas les moyens de porter ce projet ». Le foncier est alors transféré à la CCVO, qui devient maître d’œuvre, et lance la réflexion avec les bureaux d’étude Teloa et Diathémis. De là naît une réorientation : jusque-là centré sur le vautour, le projet se tourne vers le pastoralisme. « Nous avons créé six groupes de travail, pour une période de sept-huit mois, annonce le président. Autour de l’accueil d’abord, par l’Office du tourisme, ce qui permet d’en faire un point d’entrée pour valoriser les sports de pleine nature. » La vallée d’Ossau suscite en effet un engouement touristique croissant.Tradition pastorale séculaire Ensuite, l’espace muséo dédié au pastoralisme : « Ce qui englobe beaucoup de choses : les vautours, les loups, les ours, la qualité lumineuse, l’environnement, etc. » Évoquant l’histoire séculaire de la tradition pastorale, l’élu se félicite : « Aujourd’hui il y a 250 bergers en vallée d’Ossau, c’est une activité plutôt en expansion, qui fonctionne économiquement car le fromage se vend bien. » Aussi, pour élaborer ce futur espace muséal, la CCVO a convié autour de la table les agriculteurs, les commissions syndicales, les éleveurs transhumants, l’Institut Patrimonial du Haut Béarn (IPHB), la Chambre d’agriculture, le musée d’Ossau à Arudy, etc.À lire également - Pyrénées Magazine : vers une reprise par des acteurs locaux Troisième chantier en vue : l’aménagement de l’espace. Le bâtiment existant va être rénové, et une extension devrait être construite, en fonction des autorisations car il existe des zones inondables. « Le budget a été évalué à 2 millions, ça ne sera pas 4 ! Il ne partira pas en vrille, assure Jean-Paul Casaubon. Le cabinet d’étude évalue les subventions à 50 %. » La collectivité en attend de la Région Nouvelle Aquitaine, mais aussi Occitanie, « car on fait partie de la zone Massif dans le plan Avenir Montagnes qui dépend de cette Région », explique l’élu. Le Département et l’État seront également sollicités, ainsi que d’autres acteurs du territoire tels que le Syndicat du Haut-Ossau ou le Parc National.Une fois le projet lancé, un espace boutique est prévu pour permettre de valoriser les circuits courts. « La montagne béarnaise offre des produits de grande qualité : les chaussures Soulor, les bérets Laulhère, les tissus Artiga, le fromage, le miel... », vante le porteur de projet. Le futur établissement offrira aussi un coin restauration. « On imagine proposer des paniers pique-nique : on consomme sur place jambon, fromage, jurançon, etc., ou bien on part avec, pour une randonnée, une visite chez le berger. »Livraison espérée début 2027Côté aménagement paysager enfin, une grande partie de la vallée étant dans le Parc National des Pyrénées, la réflexion est engagée pour créer un visuel respectueux de l’environnement. « L’étude Avenir Montagnes [Plan national pour aider les territoires de montagne à adapter leur offre touristique aux enjeux de la transition écologique, ndlr] pour le territoire béarnais a conclu que l’on manquait de sites indoor, surtout en vallée d’Ossau, indique Jean-Paul Casaubon. Car en été notamment, quand il pleut, il faut occuper les gens. Ce site apportera une offre qualitative en ce sens. »À l’issue de la phase de réflexion qui devrait s’achever à l’été 2025, il sera temps de consulter des architectes pour créer le nouveau bâtiment. « Et à partir de 2026, on construit, pour une livraison début 2027 », promet celui qui en fait « un projet prioritaire ».À lire également - Le pastoralisme, héritage fragile d’un territoire en mutation Le nom du site reste à trouver : « Des idées circulent. Et nous allons intégrer le lieu à un parcours d’interprétation le long de la voie verte : on démarre côté Buzy avec le dolmen, où l’on parle préhistoire, à Arudy on évoque l’industrie, ensuite ici le pastoralisme, et enfin l’hydroélectricité. Tout ça concourt au même objectif, il faut qu’il y ait une cohérence, que tout se parle, et décloisonner. » La vallée d’Ossau attire près de 1,5 millions de visiteurs par an, l’enjeu est donc de taille. L’Office du tourisme perçoit chaque année entre 200.000 et 300.000 euros de taxe de séjour, soit près de 25 % de son budget. « L’économie, le développement sont le cœur de tout ce que l’on met en œuvre, commente le président de la Communauté de communes. Cela permet de faire venir des gens, de garder le bon nombre d’enfants dans nos écoles, d’empêcher la démographie de partir en négatif.»Une dizaine d’emplois créés Le projet de transformation de la Falaise aux vautours vise ainsi (entre autres) à soutenir le pastoralisme, pour qu’il reste l’un des piliers de l’économie locale. « Et à le faire évoluer, complète Jean-Paul Casaubon. On a la chance d’avoir un berger parmi les élus, Rémi Paris, premier adjoint à Bielle, qui a fait du développement économique à la communauté de communes. Il est moteur dans le projet pour réorienter les pratiques dans ces métiers. » Avec une dizaine d’emplois générés, le budget de fonctionnement de la future Maison du pastoralisme devrait tourner autour de 700.000 euros par an, et espère atteindre un équilibre avec les entrées, et la vente de produits. Tonte des brebis, rencontre avec des bergers dans la montagne, mais aussi caméras pour l’observation des vautours, salles vidéo, activités ludiques pour les enfants : toutes les pistes de réflexion sont ouvertes pour créer un lieu attractif. « Il ne faut pas que ce soit statique, on veut que les gens découvrent, prennent plaisir. Et les études disent qu’il faut un retoilettage tous les quatre ans, prévient le président. Mon souhait c’est qu’on soit innovant. »

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