Genevos lève des fonds pour faire carburer le nautisme à l'hydrogène - Premium

C’est la passion de la voile et du grand large qui ont poussé Rebecca Sharp et son mari Phil a créer Genevos. En 2014 le couple travaille sur une participation au Vendée Globe. « Nous voulions que le projet soit à zéro émission, qu'il ne laisse aucune trace derrière lui ». Ancien élève de l’Imperial Collège de Londres, Phil noue un partenariat l'Energy Futures Lab' et avec Rebecca propose d'étudier l'application de l'hydrogène aux bateaux. Quatre ans plus tard, Genevos voit officiellement le jour à La Rochelle, là où Phil et Rebecca élisent domicile. L’ingénierie de cette entreprise, c’est la mise au point de l’Hydrogen Power Module (HPM), un générateur d'électricité doté de piles à hydrogène qui ne pollue pas. Tous les composants sont réunis dans une boîte à composite qui les protège de l’environnement humide et salin. En 2021, Genevos commercialise le prototype de son dispositif dans la version 15 kW. Mais les ingénieurs voient grand et ambitionnent de proposer des packs d’alimentation de 30 à 45 kW. Ces travaux sont alors en partie financés par une aide de 193.000 euros de la région Nouvelle-Aquitaine.Une levée de fonds de plus de 2 millionsDepuis 2021, trois clients issus de l’industrie nautique ont acheté le prototype de Genevos. « En 2021, : nous avons remporté un projet financé par le gouvernement britannique avec l'EMEC (European Marine Energy Centre) et leur avons vendu notre HPM-15 kW. C'était notre première vente », se félicite la PDG. La même année, l’entreprise quitte le chantier naval des minimes et s’installe dans la pépinière d'Atlantech, à Lagord. Les valeurs de l’entreprise trouvent un écho dans ce premier quartier urbain bas carbone qui dispose déjà d’un démonstrateur dédié à la production d’hydrogène vert et fait partie de l'initiative Territoire zéro carbone de la Rochelle. La start-up rochelaise doit obtenir une certification commerciale et développer une série de tests. Pour accompagner le financement de cet effort de R&D, Genevos a levé 2,5 millions d'euros auprès du fonds Impact Ocean Capital fin 2023. « Ces fonds seront utilisés pour développer une génération-deux de nos modules, y compris le développement d'une puissance beaucoup plus élevée que 200kW, et soutiendront les exigences de test pour la certification d'approbation de type - requise pour les navires commerciaux », explique Rebecca Sharp, cofondatrice et présidente de Genevos.Une usine d’assemblage En parallèle, un projet d’usine de 350 m² à La Pallice se profile en 2024 pour permettre d’augmenter la capacité d'assemblage des pièces. « Dans le module nous avons deux grandes pièces : la pile à hydrogène et le convecteur. Nous achetons ces deux pièces, mais en amont c’est nous qui dessinons et concevons tout. On a un petit atelier d’assemblage mais là avec l’usine, l’idée est de faire de l’assemblage en plus grand », récapitule Rebecca Sharp. Les bureaux suivront au même endroit et seront plus grands eux aussi, de 140 m². Pour accompagner ce développement, l’entreprise s’est dotée d’un directeur commercial depuis février 2023. Des embauches d’ingénieurs sont au programme pour venir agrandir l’équipe de 10 personnes.Miser sur les zones portuairesL’hydrogène se développe à petits pas. « C’est un investissement pour les acteurs, mais le marché est en train de structurer autour de grands projets de production d'hydrogène. La difficulté réside dans notamment les investissements à réaliser pour l'installation des stations au regard des usages finalement encore peu répandus (mobilité lourde et légère, maritime, ferroviaire etc.), de l'acceptabilité des concitoyens sur l'hydrogène, de l'accès au foncier », analyse la PDG qui a orchestré toute la levée de fonds. Des projets d’équipements de pompes à hydrogène se profilent au port de pêche de La Rochelle et aux Sables d’Olonne. Genevos est d’ailleurs consulté en qualité d’expert sur ces volets.« Nous considérons les zones portuaires comme le meilleur endroit pour installer la production et la distribution d'hydrogène car les ports sont un nœud de transport multimodal avec des usages possibles pour l'hydrogène maritime bien sûr, mais également ferroviaire et routier. Un certain nombre de pays l'ont d'ors et déjà très bien compris et grâce à des réglementations et une administration plus souple et plus active que les nôtres ont su avancer plus rapidement que la France sur ces sujets. »

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