A Pessac, comment la Monnaie de Paris se projette vers les 50 prochaines années
Après un premier demi-siècle d’activité, l’établissement girondin de la Monnaie de Paris se projette vers les 50 prochaines années. Outre l’usine en elle-même qui va être rénovée, un autre grand œuvre se dessine : la création d’un Campus de la Monnaie, vaste zone d’activité pour entreprises, startups et laboratoires de recherche, avec des dizaines de millions d’euros d’investissements à la clef.
Ouvert en 1973 au terme d’une longue séquence de conception (sept ans d’étude de faisabilité, deux ans de construction), le site industriel girondin de la Monnaie de Paris fêtait il y a peu ses 50 ans à Pessac où il est implanté, sur quelque 10 hectares de foncier au cœur de la zone industrielle de Bersol. Se déployant sur plus de 13.000 m², l’usine est principalement dédiée à la frappe des monnaies courantes - euros en tête, mais pas seulement - quand sa grande sœur parisienne se consacre aux monnaies de collection. Cinq décennies plus tard, ce sont 57 milliards de pièces qui ont été produites à Pessac : 15 milliards de pièces de francs (de 1973 à 2001), 25 milliards de pièces d’euros (de 1998 à aujourd’hui) mais aussi 17 milliards de pièces courantes étrangères (pour environ 60 pays). Cette année encore, ce sont 1,3 milliard d’unités qui constituent le plan de charge de la Monnaie de Paris à Pessac, un volume en hausse par rapport à 2022 (1,1 milliard) malgré le déploiement d’un paiement sans contact accéléré par la pandémie de Covid-19. Un volume réparti à 50-50 entre France et export (Afrique, Moyen-Orient, Asie), celui-ci venant compenser la baisse des commandes de l’Etat français.
A l’issue de ce premier demi-siècle d’histoire, il est prévu de « donner un coup de jeune au bâtiment, c’est bien naturel », évoque le PDG de la Monnaie de Paris, Marc Schwartz, qui souligne néanmoins l’extraordinaire longévité de ces lieux soutenus par 26.000 m³ de béton armé et 1.200 tonnes d’acier. Ce sont ainsi quelque 12 millions d’euros qui vont être engagés au cours des cinq prochaines années pour le bâtiment, avec l’ambition de rallonger de 50 autres années la durée de vie des lieux. Parallèlement est mis en œuvre un programme d’investissements compris entre deux et quatre millions d’euros par an pour les équipements industriels. « Le site a toujours été à la pointe de la technologie, avec des lasers de dernière génération, des machines à commandes numériques, l’utilisation de l’intelligence artificielle… », confirme le dirigeant.
Soucieux de s’inscrire dans la transition écologique, la Monnaie de Paris veut diminuer de 50% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2027. Utilisation de métaux recyclés - notamment au travers d’un programme de récupération de métaux rares au sein des téléphones portables par l’opérateur Orange - et trajectoire vers le zéro plastique sont à l’ordre du jour, ainsi que la production/autoconsommation d’énergie renouvelable. Un premier galop d’essai est en cours avec la mise en place d’ombrières solaires sur une partie des parkings du site, couvrant 10% des besoins. Dans un second temps, c’est la toiture de l’usine elle-même qui sera couverte de panneaux photovoltaïques, afin d’être totalement autosuffisant.
90 millions à investir pour le Campus de la Monnaie
S’il est prévu de battre monnaie encore longtemps en Gironde, ces lieux en plein périmètre de l’OIM (Opération d’intérêt métropolitain) Bordeaux Inno Campus se préparent aussi à se diversifier, avec un vaste projet immobilier à la clef. À cette fin, la loi 2022-217 du 21 février 2022 attribue une nouvelle mission à l’EPIC (Etablissement public industriel et commercial) : « valoriser le patrimoine immobilier dont il est propriétaire et, à ce titre, réaliser notamment des opérations immobilières ou des activités d’investissements immobiliers ». L’institution a même reçu dans ce cadre une dotation en capital de 10 millions d’euros. Du foncier, le site de Pessac en a - environ quatre hectares - non à revendre, mais bien à exploiter. Baptisé « Campus de la Monnaie », le projet verra le jour en trois phases induisant quelque 30 millions d’investissement chacune.
À la clef : 45.000 m² supplémentaires de plancher, à destination d’entreprises high-tech et/ou industrielles, de startups, de bureaux ou encore de laboratoires de recherche. L’ambition est d’attirer entre 800 et 1.000 emplois sur ce futur campus. Une étude préalable a été menée par l’architecte Dominique Perrault afin de concevoir la structure d’ensemble du projet. Celui-ci devrait voir ses premières réalisations livrées en 2027, commençant à générer des revenus locatifs réguliers. D’ici là, la Monnaie de Paris espère avoir porté son chiffre d’affaires à 200 millions par an, contre 150 millions aujourd’hui.
Monnaie de Paris
Fondation en 864 (plus ancienne institution monétaire du monde encore en activité)
Etablissement girondin créé en 1973 à Pessac
Effectif : 458 personnes (174 en Gironde)
Chiffre d’affaires (2022) : 150 M€