Starfish Bioscience : 900.000 euros pour développer un biostimulant destiné aux vignes - Premium

À peine trois mois après sa création, la toute jeune pousse Starfish Bioscience boucle un premier tour de table de 900.000 euros. Une opération réalisée auprès du fonds Seventure Partners, spécialiste du microbiome. Car c’est bien là le cœur d'activité de la startup : les microbiotes, précisément dans le domaine de l’agriculture. Pour comprendre l'ampleur du sujet, il faut remonter quelque temps en arrière. Sandrine Claus, fondatrice de Starfish Bioscience, est alors directrice scientifique d’une autre biotech bordelaise, Ysopia Bioscience. « Elle avait pour objectif de développer une bactérie vivante dérivée de l’intestin humain en tant que médicament. Durant cette expérience, j’ai beaucoup porté le concept de bactérie clef de voûte », explique la scientifique. Mais en mars 2023, l’aventure d’Ysopia s’achève par une liquidation judiciaire. Sandrine Claus se questionne alors, interroge partenaires et chercheurs pour trouver un domaine lui permettant d’exploiter ses connaissances du monde du microbiome, et du développement d’un produit industriel. « Il est apparu comme une évidence que le domaine dans lequel il y a un énorme besoin, c’est le monde agricole, reprend-elle. On a à peu près 10 à 15 ans de retard, par rapport à l’étude du microbiome dans la santé et la nutrition, car on n’a pas su transposer les outils et les technologies développés en santé dans le monde agricole… Notamment par manque d’investissements. » Le projet de Starfish Bioscience naît alors.En monoculture, un sol plus appauvri La jeune entreprise poursuit aujourd’hui un objectif : transposer ces technologies existantes, pour comprendre le rôle des microbiotes dans la santé du sol. « On ne parle pas de la rhizosphère qui est spécifique à la racine, mais bien du sol en lui-même. Les microbiotes du sol sont le “pool” de réserve de microbes pour les plantes. » Sauf qu’aujourd’hui, certaines de ces bactéries sont manquantes, et le sol est appauvri. Starfish Bioscience travaille donc au développement d’un biostimulant microbien, capable de régénérer les sols à partir de ces bactéries « clefs de voûte » pour l’environnement. Et le premier marché sur lequel Sandrine Claus entend se positionner est celui de la viticulture. Car selon des travaux de l’INRAE, « ce sont dans ces sols qu’on a pu identifier que les bactéries des écosystèmes microbiens étaient les plus altérées », explique la scientifique. Qui poursuit : « Les microbiotes des sols en monoculture, et notamment en viticulture, sont très appauvris. Cela a un impact très fort sur l’économie viticole, puisque le microbiote soutient les quatre fonctions essentielles du sol. Le recyclage de nutriments, pour les rendre accessibles pour les plantes ; la rétention de l’humidité des sols, pour mieux s’adapter aux sécheresses ; la lutte contre l’érosion accélérée, qui est un vrai problème dans les terres viticoles et qui altère la fertilité du sol ; et le quatrième pilier, l’émission des gaz à effet de serre puisque les microbiotes vont fixer le carbone dans le sol et relâcher moins de CO2 dans l’atmosphère. »Une mise sur le marché d'ici deux ans Starfish Bioscience devrait encore se concentrer sur sa R&D durant deux ans. La société s’appuie sur des partenaires comme le laboratoire privé Bioaster, hébergé par l’Institut Pasteur à Paris. En interne, Starfish se focalisera cette année sur l’étude de microbiotes, à travers des technologies de séquençage ADN à haute résolution. Autrement dit, de la bio-informatique. Sandrine Claus : « La grande majorité des microbiotes du sol n’ont jamais été cultivés, on ne peut pas les manipuler en laboratoire. Seulement 1% des microbiotes sont connus dans le sol, donc on se base sur le séquençage ADN de ce sol pour en déduire quels microbes sont présents, et leur rôle. C’est de cette information dont on a besoin », vulgarise la scientifique. Le récent tour de table servira ainsi au financement de ces études, et aux recrutements de trois profils cette année, en bio-informatique et en stratégie commerciale. Pour réaliser une première preuve de concept dès 2025, et un produit qui ira chercher l’autorisation de mise sur le marché en 2026. « Je travaille avec des gens qui comprennent les besoins dans ce domaine, qui comprennent que nous sommes une deeptech et que nous devons beaucoup investir », met en avant notre interlocutrice. Précisant qu’une seconde levée de fonds devrait être lancée fin 2025, pour financer la commercialisation. « Évidemment, on réfléchit toujours à l’après. Nous regardons les autres secteurs, des arboricultures par exemple. Le marché des oliveraies est très important et subit les mêmes problèmes, même si ça ne signifie pas qu’on ira forcément », conclut Sandrine Claus.Starfish BioscienceFondée en novembre 2023Basée à Bordeaux

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