Eurelec : « Il faut se demander à quoi ressemblera l’après-transition énergétique » - Premium

Quel constat vous a décidé à faire évoluer votre modèle économique ? On était électriciens généralistes, mais avec l’arrivée du photovoltaïque, beaucoup de monospécialistes sont arrivés et ont cloisonné le marché. Ce sont souvent des sociétés uniquement commerciales, qui se sont insérées dans les chaînes de valeur. Les bornes de recharge, les panneaux solaires, les gens pensent que les électriciens généralistes ne le font pas. Comment lutter contre ça ? En créant quelque chose de nouveau : aujourd’hui, pour un client qui veut optimiser sa consommation, on n’est plus sur de la fonctionnalité, on est sur de la gestion de l’énergie. Notre rôle, c’est aussi d’accompagner les clients, de les aider à réduire leur dépendance au réseau. Les institutions doivent réduire leur consommation de 30%. Rien qu’en s'intéressant à sa consommation, on peut la réduire de 15 à 20%. On peut voir, en fonction des pics de consommation, si on a intérêt à installer des batteries, par exemple.À lire également - Agrivoltaïsme : les caisses Pyrénées Gascogne et Aquitaine du Crédit Agricole unies pour accélérer Quand avez-vous pris ce virage ? C’est un virage que l’on a imaginé en 2016. On avait décidé, à l’époque, de miser sur le solaire. Nous avons développé une marque blanche en télécoms, avec l’idée de faire aussi la maintenance ; et nous avons mis en place un service de veille technologique. On voulait être prêts pour 2022, pour quand le monde serait prêt. On a commencé à se former, à travailler en tant que sous-traitants. On a été les premiers dans le département à être labellisés pour l’installation de bornes de recharge. Ça nous a permis de faire 43% de croissance en 2023, parce qu’en 2022, on avait déjà ces compétences.« Il faut en passer par cette étape »Cela a dû demander aussi de lourds investissements ? Environ 150.000 euros par an. Ce sont d’abord des déplacements, sur les salons professionnels : on fait attention à voir ce qui se passe dans le reste du monde, à ne pas avoir une vision trop centrée uniquement sur la France, on participe au salon Intersolar à Munich, à des salons en Italie, en Espagne, en Autriche. C’est aussi de la ressource humaine, avec l’embauche de notre premier ingénieur en maîtrise des énergies en 2015. Nous étions 30 salariés à l’époque, nous sommes 80 aujourd’hui. En BTP on compte en général un employé aux fonctions support pour cinq en production. Chez Eurelec, c’est un technicien et un administratif pour trois employés en production. Et on a l’objectif d’arriver à 33-33-33 en 2030. Sinon on se condamne à faire du facile, à ronronner sans évoluer. C’est un peu d’investissements en matériel, mais pas tant que cela : on investit au niveau de chaque projet, et c’est du matériel qui est vite amorti. Enfin, ce sont des investissements dans l’intelligence collective, des séminaires que l’on fait régulièrement, un ou deux par an, qui nous permettent de faire remonter les idées des gens qui sont sur les chantiers. Quand avez-vous vu arriver les premiers résultats ?En ce moment, nous travaillons sur un chantier de dix kilomètres carrés de panneaux photovoltaïques à Mont-de-Marsan. Et c’est le premier chantier de plus d’un million d’euros sur lequel nous maîtrisons totalement les coûts ! Les premières fois qu’on a fait des marchés sur le solaire, ils nous ont coûté plus cher qu’ils nous ont rapporté. On travaillait de façon beaucoup moins efficace qu’aujourd’hui. Par exemple, aujourd’hui on maîtrise complètement les ombrières, mais les premières que l’on a installées c’était une véritable catastrophe, on a dû batailler. C’est une forme de coût R&D subi quand on démarre une nouvelle activité… Il faut en passer par cette étape, mais encore faut-il avoir les moyens de la passer. Aujourd’hui, on se recentre sur la pose d’installations de production d’énergie. Notre métier historique, la pose d’installations électriques, ne représente plus que 30% de notre chiffre d’affaires. Pour accompagner ce changement, nous avons prévu un rebranding, avec un nouveau slogan : « Ensemble pour une énergie libre ».« Nos métiers vont devoir se réinventer » Et demain ? Avez-vous commencé à réfléchir à la suite ?Il faut se demander à quoi ressemblera l’après-transition énergétique. Une transition, par définition, c’est un état temporaire. On réfléchit beaucoup à cela. Aujourd’hui, nous sommes tous reliés à un réseau énergétique collectif. L’énergie libre, aujourd’hui, c’est réduire sa dépendance à ce réseau. Dans 15 ans, il y aura des générateurs d’énergie individuels partout, et le réseau collectif ne sera plus qu’un système d’ajustement. Nos métiers vont devoir se réinventer, rester ouverts, accueillir les changements qui viennent. Il faudra évoluer vers la gestion, le conseil, l’accompagnement et l’éducation des clients. Cela créera aussi beaucoup d’opportunités.Eurelec80 employésCA 2022 : 3,7M€

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