Inclusion et handicap : à Eysines, Enedis et Hotravail avancent main dans la main
Le gestionnaire d’électricité Enedis collabore, depuis 2022, avec l’entreprise adaptée Hotravail pour son centre d’appels girondin. 11 personnes en situation de handicap y travaillent, en tant que conseillers relation client à distance. Témoignages.
À Eysines, dans l’un des bâtiments d’Enedis, une ambiance studieuse règne. 11 personnes y travaillent depuis le mois d’août 2022, et répondent quotidiennement aux clients du gestionnaire d’électricité, par téléphone, concernant des questions de raccordement ou de dépannage. Enedis, en créant ce centre d’appels girondin, a choisi de sous-traiter son fonctionnement à l’entreprise adaptée Hotravail. Ici, tous les salariés ont une RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé. « Le milieu adapté a toujours été un sujet pour nous, explique Vincent Téchoueyres, responsable clients d’Enedis en Aquitaine. Nous sommes convaincus que l’inclusion est la voie vers le plein emploi. »
Si la loi oblige tout employeur de plus de 20 salariés à compter au moins 6% de personnes en situation de handicap dans son entreprise, selon, lui, il reste encore un long chemin à parcourir pour l’inclusion en milieu professionnel. « Chez Enedis, nous comptons 75 personnes RQTH en Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne. Mais nous avons des difficultés pour recruter, car les gens ont souvent du mal à se déclarer en situation de handicap. Nous nous sommes même aperçu que nous avions des salariés concernés, qui ont fait le choix de ne pas se faire reconnaître porteurs d’un handicap. » Un constat que partage Olivier Demont, responsable développement commercial chez Hotravail. « L’image du handicap se réduit trop à la personne en fauteuil roulant. Il y en a, oui, mais 80% des handicaps ne se voient pas. Presque toutes les entreprises comptent 6% de salariés handicapés, mais ne le savent pas forcément. »
Responsabiliser et sensibiliser
Pour Fleur Lambert et Patrick Assaf, respectivement conseillère référente Hotravail chez Enedis et manager du plateau d’Eysines, la clef est avant tout la patience et la bienveillance. Fleur Lambert : « D’abord, il a fallu apprendre à identifier les besoins des personnes travaillant au centre d’appels. Prendre le temps de leur expliquer le fonctionnement, s’assurer que tout est bien compris. C’est un échange permanent, et une adaptation d’un côté comme de l’autre. » Patrick Assaf poursuit : « J’ai moi-même une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé, et le principe de base, c’est de savoir écouter. Les gens que nous encadrons ont eu pour la plupart des problèmes dans la vie quotidienne, et ont besoin de revenir dans un échange social. Pour certains, au départ cela fait beaucoup de changement. »
En créant ce centre d’appels, Enedis a investi 24.000 euros dans un espace adapté. Mais a aussi sollicité ses salariés, pour des moments de sensibilisation. Notamment avec l’association mérignacaise Drop de Béton, qui utilise le sport pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de quartiers, et des personnes handicapées. « Nous avons organisé une rencontre autour du rugby fauteuil, se remémore Vincent Téchoueyres. Il y a encore trop de préjugés et parfois il faut forcer le système pour avancer. » Fleur Lambert, elle, souhaiterait une simplification des démarches administratives. « C’est très compliqué aujourd’hui. Même pour les employeurs, il y a un système d’aides à l’embauche d’alternants en situation de handicap. Si on ne le sait pas, on ne les demande pas, et même quand on s’y penche c’est très compliqué de les avoir, car les démarches ne sont pas adaptées. »
La preuve par l'exemple
Hormis le centre d’appels, la collaboration entre Enedis et Hotravail concerne aussi, en Gironde, la pose de plaques signalétiques sur des poteaux, et le changement de coffrets électriques. À terme, le gestionnaire d’électricité voudrait intégrer certains des salariés sous-traitants dans ses rangs. « Pour Hotravail comme pour nous, le plus important, c’est le parcours professionnel. Que les salariés se sentent libres d’évoluer comme ils le souhaitent », affirme Vincent Téchoueyres. Et il espère, par l’exemple, pouvoir inciter d’autres sociétés à sauter le pas de l’inclusion. « Je ne crois pas qu’il faut attendre des incitations des collectivités. Il faut se prendre en main, et quand il y a de belles réussites, en parler, les montrer et inciter les autres. Il n’y a rien de mieux que la preuve par l’exemple. » Une vision partagée par Olivier Demont : « Hotravail aime faire des contrats pilotes. Au départ on a démarré une activité autour des espaces verts, et aujourd’hui on a diversifié nos compétences. C’est pareil pour une entreprise qui peut être frileuse à l’idée d’embaucher des personnes en situation de handicap - faites le test, et une fois qu’il est concluant, allez-y. »